Le 11e Forum social mondial s'est ouvert hier au son des tambours et avec le président bolivien Evo Morales en vedette. Des milliers de personnes d'Amérique latine, d'Afrique, d'Asie et d'Europe ont convergé vers la capitale sénégalaise avec un mot d'ordre «un autre monde est possible». Cette année, le FSM planche sur «les crises du système et des civilisations». Arrivés à l'université Cheikh Anta Diop, les participants au forum ont écouté plusieurs leaders les accueillir, notamment le président Evo Morales, ancien syndicaliste habitué des discours contre le capitalisme et ce qu'il appelle l'impérialisme nord-américain. Le Bolivien a insisté sur la nécessité de protéger la planète : «Dans ce nouveau millénaire, dit-il, nous avons l'obligation de défendre les droits de la Terre-mère pour défendre les droits humains.» «Avec les résultats obtenus par les chefs d'Etat et de gouvernement aux sommets de Cancun et de Copenhague on va seulement continuer à réchauffer la planète de la même manière...», estime le leader bolivien, qui appelle les responsables des pays du Sud à se mobiliser, ensemble, pour le prochain sommet des chefs d'Etat sur le changement climatique. «Pour refroidir la planète, affirme-t-il également, il faut changer de modèle économique et de modèle de développement, il faut en finir avec le capitalisme. Il faut que les puissances arrêtent de détruire la planète et l'environnement.» «Un monde sans dette», «un monde sans oppression», peut-on lire sur plusieurs pancartes. Dans les rangs, des ONG exigent le respect de l'environnement et prônent des relations plus équilibrées entre le Nord et le Sud. Un homme exhibe une maquette de pirogue qui proclame : «Un nouveau monde de la pêche est possible.» «Stop. Ne donnons plus aux enfants dans les rues», affichent les tee-shirts d'une organisation sénégalaise qui se bat contre la mendicité. Cette rencontre a été l'occasion pour beaucoup de participants de dire le pourquoi de leur présence. «Contre le nucléaire», «Non au capitalisme, non à l'injustice et qu'ils se battent pour la défense de leurs droits.» «Poser problèmes clairement» et «Défendre la terre mère» sont autant de slogans mis en avant par les participants. La marche de dimanche était l'occasion de briller et de se faire remarquer par des animations folkloriques, des banderoles ainsi que des t-shirts avec des slogans sur les causes à défendre à Dakar. L'ambiance était bon enfant, mais pour beaucoup de participants l'objectif est d'attirer l'attention sur les sujets qui les préoccupent. La marche d'ouverture a aussi été marquée par le face-à-face entre les délégations marocaines et sahraouies, donnant un cachet politique à l'événement. Les Sahraouis scandaient des slogans en faveur de l'indépendance du Sahara occidental. Ce que la délégation marocaine n'a pas apprécié.