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«La révolution de jasmin» est une question de démographie,pas de démocratie
Publié dans Le Temps d'Algérie le 16 - 02 - 2011

Aussi euphorisantes soient-elles, les révoltes populaires, lorsqu'elles conduisent au renversement d'un tyran, ne constituent pas pour autant le meilleur moyen de transformer un régime autoritaire en démocratie.
A l'heure où la Tunisie est en train de faire sa «révolution de jasmin», il serait bon de se rappeler que les révoltes populaires peuvent parfois, contre toute attente, conduire des extrémistes au pouvoir, tel que ce fut le cas en Iran en 1979. Elles peuvent aussi susciter des espoirs irréalistes qui seront ensuite forcément déçus, comme pour la révolution orange amorcée en Ukraine en 2004 ; lorsqu'elles ne sont pas sauvagement réprimées, comme ce fut le cas en Chine pour les manifestations de la place Tian'anmen, en 1989.
Les transitions démocratiques les plus réussies sont souvent discrètes. Prenez par exemple l'Espagne à la mort de Franco, le Chili après le départ de Pinochet ou la Pologne et sa sortie négociée du communisme : toutes ces transitions se sont faites dans la durée, sans trop de fracas, et ont abouti à des systèmes politiques stables.
Mais si ces transitions ont été possibles, c'est aussi parce que les dirigeants ont compris à un moment que le jeu était fini pour eux ou qu'ils ont eu, comme Franco, la bonne idée de mourir. Zine El Abidine Ben Ali (qui était réfugié en Arabie Saoudite lors de la rédaction de ces lignes) n'a pas eu cette clairvoyance.
Au lieu de s'effacer, il a créé de faux partis d'opposition, mis en place un parlement fantoche et instauré un régime draconien censurant internet et persécutant les dissidents éventuels pour terroriser le reste de la population. Un ami français qui se trouvait à Tunis, il y a quelques semaines, m'a dit que les journaux étaient si favorables au Président que l'on aurait dit qu'ils avaient été écrits par la mère de Ben Ali en personne.
Anticiper la révolte
L'explosion de colère qui a eu lieu récemment en Tunisie était plus que prévisible, elle était inévitable. J'ai fait un bref séjour à Tunis il y a trois ans, toutes les conversations ou presque tournaient autour du nombre astronomique de jeunes diplômés sans emploi. Certains s'attendaient à une énorme vague d'émigration, d'autres avaient peur de voir ces jeunes se tourner vers l'islamisme ou redoutaient que la situation en Irak ne les détourne de l'idée de la démocratie.
Il y a un mois, cette jeunesse est finalement descendue dans la rue pour manifester. Pour l'instant, il ne s'agit pas d'une révolution islamique… mais ce n'est pas non plus une révolution démocratique. En fait, c'est à une révolution démographique que nous assistons : la révolte d'une jeunesse frustrée contre la corruption de ses aînés. Il suffisait de regarder les chiffres de la population et du chômage pour deviner ce qui allait se passer – comme je l'ai déjà dit, c'est ce que firent beaucoup de Tunisiens.
Mais puisque cette explosion était tellement évidente, pourquoi ne pas l'avoir anticipée, gérée et canalisée par des élections ? Cela a bien fonctionné au Chili, pourquoi pas en Tunisie ? Il est clair que Ben Ali et sa famille étaient trop confortablement installés au pouvoir, trop riches. En outre, à l'inverse de l'Espagne ou de la Pologne, la Tunisie ne se trouve pas sur un continent réputé pour ses démocraties. La guerre contre le terrorisme a permis à Ben Ali de justifier son autoritarisme : être l'allié de l'Amérique dans son combat contre l'islamisme lui a clairement évité de subir des pressions des Etats-Unis.
Ben Ali, dictateur modèle
Toutefois, en Tunisie, l'avis des Etats-Unis n'importe pas tant que celui de la France. Devenue le premier investisseur du pays, l'ancienne puissance coloniale a excusé et soutenu Ben Ali durant des décennies, tant d'un point de vue matériel qu'idéologique. Si c'est la France du XVIIIe siècle qui a fait prospérer l'idée moderne de démocratie, celle des analystes
d'aujourd'hui semble au contraire avoir développé une sorte de véritable philosophie antidémocratique. Pas plus tard que la semaine dernière, un texte paru dans Le Figaro raillait encore la volonté naïve des Américains de promouvoir la démocratie et faisait valoir que tous les peuples disposaient d'un droit à l'histoire, plus important que leur droit à la démocratie – pour peu que l'on comprenne ce que cela veut dire.
Selon cette école de pensée, Ben Ali était un dictateur modèle : il défendait les droits de la femme, favorisait l'éducation de la classe moyenne, empêchait les islamistes d'arriver au pouvoir… et c'était suffisant. Alors qu'il était président, Jacques Chirac a un jour déclaré : «Le premier des droits de l'homme c'est de manger, être soigné, recevoir une éducation et avoir un habitat.» De ce point de vue, avait-il conclu, la Tunisie était «très en avance».
L'espoir d'une transition réussie malgré tout
Ben Ali a clairement fini par croire cela lui-même. En public, il faisait des déclarations enflammées sur les «réformes» tandis qu'en privé, son entourage corrompu (dont plusieurs membres sont arrivés en France ce week-end pour s'installer dans un hôtel aux portes du parc
Disneyland) créait les conditions d'une société stagnante et étouffante dans laquelle les jeunes, quel que soit leur niveau d'étude, avaient peu de perspectives et le savaient. L'élément déclencheur des manifestations a été le dramatique suicide en public d'un jeune diplômé de 26 ans, vendeur à la sauvette à qui l'on venait de confisquer sa marchandise.
C'est parce que de nombreux jeunes se sont reconnus dans sa situation que la révolte a pris de l'ampleur aussi rapidement. La France a été surprise. Les élites tunisiennes ont été surprises. Si tel n'avait pas été le cas – si elles ne s'étaient pas laissé guider, à l'instar de leurs équivalents en Egypte ou en Biélorussie, par leur idéologie antidémocratique
et leurs discours sur une dictature bienveillante – nous serions peut-être en train d'assister à une transmission de pouvoirs pacifique et ordonnée à Tunis plutôt qu'à des émeutes. Je suis ravie de pouvoir applaudir le départ de Ben Ali. J'espère que le gouvernement qui lui succédera apportera aux Tunisiens plus de liberté et de prospérité. J'aimerais être plus sûre que ce sera bien le cas.


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