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La lutte contre l'oubli
Hafida Ameyar, journaliste et auteure
Publié dans Le Temps d'Algérie le 30 - 09 - 2011

Dynamique et engagée, Hafida Ameyar ne cesse d évoquer les causes justes. Sans verser dans un passéisme primaire, soucieuse de sauvegarder ce pan de l'histoire du pays, elle se bat pour ce devoir de mémoire indispensable pour les générations futures. Pour ce faire, elle débusque et traque cette vérité historique débarrassée de toutes les scories idéologiques. Son credo se résume dans cette lutte contre l'oubli. Elle plaide pour une véracité historique, et en a fait sa préoccupation majeure.
Ne dit-on pas «une nation qui n'a pas de passé peut-elle avancer»?
Cette assertion, Hafida l'a comprise et tente de comprendre et de fixer coûte que coûte ce passé car la mémoire est souvent oublieuse. Après son ouvrage sur le Sahara occidental, elle récidive
avec un nouveau livre sur la militante Annie Fiorio-Steiner.
Avec pondération et patience, après maints entretiens, elle ravive la mémoire de cette grande dame militante qui narre son parcours de révolutionnaire, sa vie et le combat de tous ces algériens épris de liberté qui ont combattu pour un idéal de justice, d'égalité. Aux attaches culturelles ancrées dans l'Algérie profonde, avec une vision de la vie et des choses plurielles parce que citoyenne du monde,
Hafida journaliste consacrée n'a pas de preuves à donner mais est soucieuse de laisser des traces contribuant à cette mémoire collective qui la grise tant. Dans cet entretien, elle raconte les difficultés mais aussi les émotions qui en découlent
avec une authenticité fidèle à son image.
Le Temps d' Algérie : Comment avez- vous eu l'idée d'écrire le parcours d'une militante ?
Comme bon nombre d'Algériens, je me sentais interpellée sur certains événements ayant fait l'actualité ces dernières années. Je veux parler d'un pan de notre histoire contemporaine, celle qui se rapporte à la guerre de Libération nationale.
Depuis l'indépendance, nous avons eu affaire à un seul son de cloche, c'est-à-dire l'histoire officielle, qui est non seulement très sélective, mais qui comporte également des amputations, sinon des vides à des niveaux essentiels pour le rétablissement de la mémoire collective. Il n'y a pas pire pour l'avenir d'une jeune nation que la pensée unique, alors que la vie est faite de nuances, de contradictions, où des hommes et des femmes, différents les uns des autres, mais unis autour d'un même objectif ou d'un projet de société, vont devoir faire des choix.
Dans le mouvement national et plus particulièrement dans la période de la guerre d'indépendance, les militants étaient de milieux divers, idéologiquement, socialement, culturellement. Mais il ne faut pas oublier la grande masse d'Algériens spoliée et rabaissée par le système colonial, qui s'était impliquée consciemment ou malgré elle parce qu'elle voulait le changement, ni cette minorité de Français d'Algérie ou pieds-noirs, qui s'était engagée aux côtés des Algériens pour libérer le pays et construire la nation algérienne moderne.
Comment restituer ce contexte et l'ambiance qui y prévalait à l'époque ? Il y a le travail de l'historien pour tenter de restituer les faits, susciter les interrogations et ouvrir les pistes de réflexion et d'études. Il y a en outre les témoignages des acteurs et des témoins. En Algérie, dans la situation où l'écriture de l'histoire reste encore à faire, la mémoire de ces acteurs et témoins, bien qu'elle ne constitue pas l'histoire proprement dite, est «une source de l'histoire» non négligeable.
Comme le signalent des historiens, le témoignage vivant est très utile, car il contribue à pallier «l'amnésie historiographique». En tant que journaliste, j'ai voulu contribuer en faisant parler une personne à la fois actrice et observatrice de cette période.
Pourquoi le choix d'une moudjahida ? Parce que les militantes et combattantes algériennes sont les grandes oubliées dans l'histoire officielle, et pourtant, elles ont souvent opté pour le silence.
Pourquoi le choix de Mme Annie Steiner ?
Comme j'ai eu à l'expliquer dans l'introduction du livre, l'idée d'écrire sur la moudjahida Annie Steiner, née Fiorio, s'est imposée en mars dernier, lors d'un colloque qui traitait du collectif des avocats du FLN pendant la guerre de Libération nationale. C'était une rencontre organisée à Alger par l'association Les Amis de Abdelhamid Benzine, ce dernier ayant été à la fois combattant, journaliste et écrivain.
L'intervention de Mme Steiner m'avait parue très pertinente. Elle faisait remarquer à Sylvie Thénault, une historienne française qui avait publié un livre dans lequel elle parlait des massacres des habitants de Mellouza en 1957, qu'elle aurait dû, en sa qualité d'historienne et donc de scientifique, ne pas se limiter à la seule version française, laquelle incriminait le Front.
Cela surtout qu'une version algérienne existait bel et bien, qui accusait les services secrets français de vouloir discréditer le mouvement de libération nationale. Au cours des couvertures de colloques et de rencontres, et même lors de la marche du 12 février dernier, j'avais croisé cette dame si discrète et si respectée. Je connaissais un peu son itinéraire.
j'avais lu aussi ses contributions sur Mohamed Gharbi et d'autres sujets d'actualité. Le déclic s'est produit en mars 2011, lors du colloque de l'association Les Amis de Abdelhamid Benzine. Je trouvais que Mme Steiner réunissait à la fois les critères de l'algérianité, de liberté et d'humanisme. Je n'ai pas changé d'avis là-dessus, bien au contraire !

Avez-vous eu des difficultés à réaliser les entretiens ? Leur durée ?
Oui, au début. Il y avait deux niveaux de difficultés. Nous avons commencé les enregistrements début avril. J'avais en face de moi une moudjahida de 83 ans qui, même si elle est restée jeune, devait me répondre sur des événements qui s'étaient produit il y a 60 ans ou plus. Il m'est donc arrivé de reposer les mêmes questions plusieurs fois lors des séances suivantes, une manière de «bousculer» sa mémoire, mais aussi pour compléter, corriger ou vérifier la réponse si nécessaire.
Parallèlement à cela, je continuais à me documenter sur des événements historiques dont elle me parlait, pour vérifier ou bien assimiler. Après plusieurs enregistrements, Mme Steiner était plus à l'aise pour parler de ce passé. C'est du moins ce que j'ai ressenti. C'est peut-être autre chose… Nous nous voyions chaque jeudi, nous étions ensemble toute la journée : la confiance a fini par s'installer entre nous deux.
L'autre niveau de difficulté a rapport avec les réticences de Mme Steiner, qui ne voulait pas parler de sa vie privée, de sa famille et de choses qu'elle considérait trop intimes, comme par exemple la torture infligée aux moudjahidate. Lorsque la polémique Yacef Saadi-Louisette Ighilahriz a éclaté, elle ne voulait pas non plus s'exprimer sur le sujet ni sur la dernière sortie surprenante du président Ahmed Ben Bella, ni sur les questions relatives à l'assassinat de Abane Ramdane ou certains dépassements ayant eu lieu pendant la Révolution.
Mais j'ai été agréablement surprise de découvrir une autre face de la moudjahida. Annie Fiorio- Steiner est une personne très franche et très ouverte, qui ne fuit pas la discussion. Nous avons eu de longs débats, nous avons beaucoup parlé de la mémoire des moudjahidate, du devoir de témoigner, de la lutte contre l'oubli et la nécessité de libérer le «je» en restant fidèle au «nous» au peuple algérien et à la Révolution. Cela nous a beaucoup aidées pour avancer et terminer les interviews en juin.
Est-il aisé de faire parler une moudjahida, d'autant que les mauvais souvenirs et les émotions diverses rejaillissent avec intensité ?
Dans le cas des entretiens avec Mme Steiner, il y a eu des moments d'émotion et de complicité. Ce n'était pas du tout facile, mais nous sommes des êtres humains. Il fallait faire la part des choses pour atteindre l'objectif fixé. Je pense que j'ai eu beaucoup de chance,
car Mme Steiner est une femme de caractère, qui est à l'écoute des remarques des autres et qui discute de tout sans complexe. En tout cas, je suis contente d'avoir vécu cette expérience et c'est un honneur pour moi d'avoir partagé ces moments intenses.

Pourquoi avez-vous extrapolé en incluant le chapitre intitulé «Entre mémoire et histoire officielle»?
En réalité, c'est une sorte de conclusion du livre. A la veille du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie et à quelques mois de l'ouverture des archives par la France, le témoignage des acteurs et des témoins de la guerre apporte des éclairages nécessaires sur le combat libérateur, et plus particulièrement sur le rôle déterminant joué par le peuple algérien durant cette période. La preuve en a été donnée par le témoignage de la moudjahida
Annie Fiorio-Steiner.

Quels sont vos futurs projets littéraires?
Je n'ai rien prévu pour le moment. Je suis cependant consciente que l'écriture est un des débouchés pour nous autres journalistes. Personnellement, je veux continuer à écrire. J'aimerais dire que lorsqu'on travaille surtout dans un quotidien, il est difficile de s'adonner aux écrits littéraires ou à des écrits autres que journalistiques.
D'ailleurs, j'ai opté pour l'interview avec Mme Steiner pour pouvoir la travailler les jeudis, c'est-à-dire le seul jour où les journalistes sont libres, sauf exception.
Entretien réalisé par Kheira Attouche


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