Internet est devenu, plus que tout autre média, un espace d'expression sans précèdent, particulièrement pour les jeunes du monde entier. Et les derniers raids israéliens sur Ghaza ont soulevé, comme nul autre évènement auparavant, une vague de mobilisation sur la toile. Quelques heures après le début des attaques, qui en sont à leur septième jour, des internautes ont commencé à afficher leur indignation quant à cette barbarie et leur solidarité avec le peuple palestinien. Forum, groupes de discussions, réseaux communautaires et autres groupes sociaux ont connu une intense activité en relation avec ces événements. Les adhérents du «social network» en plein boom, Facebook, ont montré un élan de solidarité sans précèdent. Organisation de manifestations de solidarité, création de groupes dénonçant les infamies perpétrées, suppliant l'arrêt immédiat des frappes aériennes et qualifiant Israël d'Etat hors la loi. Et ces groupes sont nombreux : plus de 500 groupes créés en l'espace d'une semaine, avec des centaines de membres qui les rejoignent quotidiennement, et ce, de différentes origines, arabe ou autres. «Nous sommes tous Ghaza», «Koulouna Ghaza», «Solidarité avec les martyrs palestiniens», «Tous pour la Palestine», en anglais, en arabe, en français ou autre, la cause palestinienne est défendue en plusieurs versions, mais toujours dans l'optique humanitaire du conflit avant toutes considérations politiques ou religieuses. Et même quand les opinions et les appréciations idéologiques divergent, des intervenants rappellent toujours que ce qui préoccupe vraiment est le fait que des enfants innocents meurent par la faute des adultes, de leur férocité, de leur lâcheté et de leur bêtise. «Mais faites quelque chose !...» De même, les internautes dénoncent l'incurie des grands de ce monde et des gouvernements, tout particulièrement des pays arabes, qui, à l'exception de quelques-uns d'entre eux, n'ont réagi que timidement pour faire cesser le massacre. Par exemple, sur la toile égyptienne, des groupes demandent expressément aux autorités l'ouverture des frontières communes pour sauver les Palestiniens d'une mort certaine. Ajoutant : «Ce sont nos frères.» L'autre manifestation de solidarité est de remplacer sa photo de profil par un drapeau palestinien, ensanglanté ou emprisonné derrière des barbelés par exemple, ou encore n'importe quelle image, cœur, poing, aux couleurs du pays occupé, tout comme nombre d'entre eux ont opté pour le fond noir et bandeau rouge, avec l'inscription «Koulouna Ghaza». Les profils les plus «hard» étant évidemment les photos de cadavres d'enfants mutilés et de mares de sang. Facebook a aussi permis le lancement d'une jolie initiative de solidarité pacifique, à savoir allumer des bougies, la nuit du réveillon, pour, malgré les célébrations, ne pas oublier les victimes de l'injustice. Même si ces actions ont évidemment d'impact que sur la toile et entre les membres de ces communautés, reste qu'elles démontrent bien que les jeunes d'aujourd'hui, que l'on dit détachés du monde et superficiels, savent encore s'émouvoir et se mobiliser, qu'ils possèdent une forte conscience humaine et humanitaire, peut-être parce qu'ils sont, pour la plupart, apolitiques.