«Ne provoquez pas la population, ne provoquez pas Ançar Eddine et le MNLA et n'appliquez pas la Charia tout de suite, il faut y aller doucement». C'est ce qu'a déclaré Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, «émir» national d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans un enregistrement audio diffusé par le site «Sahara Média» qui, doit-on noter, au passage, ne cesse de faire dans l'apologie du terrorisme. A travers l'enregistrement de 12 minutes, l'émir national d'Aqmi tente d'amadouer les populations du nord du Mali qui, dans des manifestations ayant eu lieu les 14 et 15 mai derniers, ont exigé le départ, de leurs terres, des terroristes d'Aqmi et du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique du Nord (Mujao). Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, ordonne à ses sbires de continuer à imposer leur diktat aux populations, tout en les trompant quant aux objectifs des deux organisations terroristes : diktat et mensonges. Ce qui ressort clairement de l'enregistrement disponible sur le site «Sahara Média». L'«émir» national d'Aqmi veut à tout prix, et très clairement, récupérer les foules au Mali notamment après les manifestations par lesquelles les populations locales ont rejeté la présence sur leurs terres d'Aqmi et Mujao. L'appel de Droukdel intervient, par ailleurs, dix jours seulement après la constitution du premier noyau de résistance populaire au terrorisme au Mali. Le noyau populaire dont la création a été rapportée par notre journal (voir notre édition du 16 mai 2012), est une résistance organisée par les populations locales, notamment du Nord du Mali dont des villes sont infestées par des terroristes d'Aqmi et du Mujao. Craignant la réaction populaire qui commence à se manifester, surtout après qu'Ançar Eddine et MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) se sont démarqués des terroristes, il tente, par ce subterfuge, absorber la colère populaire en orientant ses sbires à se comporter d'une manière «plus sage» avec la population. Constatant que durant les manifestations, les citoyens maliens ont brandi des slogans anti-Aqmi, «Libérez Gao, Tombouctou et Kidal», trois villes du Nord du Mali infestées de terroristes d'AQMI et du Mujao, Droukdel invite les terroristes à occuper davantage le terrain pour affaiblir Ançar Eddine qui refuse d'afficher son allégeance publiquement à Aqmi. Pour ne pas affronter le mouvement Ançar Eddine, prépondérant dans la région, l'«émir» national d'Aqmi conseille à ses acolytes de l'éviter et de s'occuper de leurs propres activités terroristes sur la terre du Maghreb islamique. Il préconise d'éviter aussi les provocations à l'égard de ce groupe, dans le but, bien sûr, de prolonger sa présence sur des terres du Nord du Mali qu'Aqmi ambitionne de transformer en camps d'entraînements, de trafic de cocaïne et de contrebande d'armes, prises d'otages et autres activités criminelles. Les spécialistes, quant à eux, estiment qu'Abou Moussaâb Abdelouadoud n'a aucune autorité réelle sur les sanguinaires activant au Nord du Mali occupés à encaisser l'argent provenant du paiement de rançons et à s'adonner à d'autres activités aussi lucratives que criminelles.
