L'ex-international Abdelkader Fréha, dit «Béka», décédé lundi à Oran des suites d'une maladie, a été accompagné par une foule nombreuse, mardi en début d'après-midi, à sa dernière demeure, au cimetière de Aïn El Beïda (Oran). Des responsables locaux et du monde sportif, des figures de la balle ronde nationale et des centaines d'admirateurs et d'anonymes ont tenu à assister à l'inhumation de cette légende du football, dont les prouesses ont fait le bonheur des supporters de son équipe de toujours, le MCO, et de la sélection nationale. De son vrai nom Benfréha Abdelkader, Béka est né le 28 octobre 1942. Il a fait l'essentiel de sa carrière d'attaquant au sein du MC Oran dans les années 60-70. Il a été sélectionné pour la première fois en équipe nationale à l'âge de 23 ans exactement en 1965 face à l'AS Saint Etienne, match disputé au stade d'El Anasser (l'actuel 20-Août). En équipe nationale, Béka a marqué son premier but lors du match amical disputé en 1969 contre la fabuleuse équipe brésilienne du FC Sontos, avec les Pelé et Gilmar. Ce but restera à jamais gravé dans la mémoire des Oranais. Le défunt a passé toute sa carrière en seniors au MC Oran. Son premier poste au sein du club hamraoui était celui de récupérateur. L'entraîneur Ouadah Cheikh le lança pour la première fois au poste d'avant-centre. C'est à partir de là que sa carrière a pris une autre tournure, avec ses fameux dribbles, ses tirs foudroyants et ses feintes à la brésilienne. Au sein du MCO, il remportera deux titres, le championnat d'Algérie 1970-71 et la coupe d'Algérie en 1975. Durant son parcours international, il a porté à neuf reprises le maillot national. Il était considéré comme l'un des meilleurs avant-centres algériens de son époque, aux côtés des Hachouf, Aouadj, Kalem, Tahir, Mattem et Dali. Ses qualités de jeu de tête lui ont valu le surnom de «Tête d'Or» et le défunt possédait le sens du but et l'opportunisme. Son habileté et son aisance technique du seul pied droit et sa tête magique lui permettaient des gestes techniques qui enthousiasmaient le public oranais. Au MC Oran, Fréha forma avec Mehdi et Krimo, et ensuite Belkedrouci, l'une des plus belles pointes d'attaque du football algérien de cette époque. Il fut sacré meilleur buteur deux saisons (68 et 69) consécutives (15 buts) avec ses compères Mehdi et Sid Ahmed Belkedrouci. Le coach du club hamraoui en 70-71, le portugais Carlos Gomes, ex-gardien de but de la JS Djijel, subjugué par Béka, avait déclaré un jour «donnez-moi le MCO et Fréha et je serai champion d'Algérie». Gomes prendra les rênes du MCO et cette année-là, effectivement, le club d'El Hamri sera champion d'Algérie, pour la première fois de son histoire. Le regretté a pris sa retraite, à l'âge de 34 ans, après avoir passé une demi saison avec le doyen des clubs oranais l'USM Oran, durant la réforme sportive. Sa disparition, survenue lundi au CHU d'Oran suite à une occlusion intestinale, est ressentie comme une grande perte pour le sport-roi national. Fréha était un buteur racé et un modèle de modestie Des anciens footballeurs oranais et de l'équipe nationale, venus nombreux rendre un dernier hommage à Fréha, ont témoigné que le défunt était «un buteur racé et un modèle de modestie». A l'enterrement, auquel ont assisté une foule nombreuse représentant les autorités locales, des sportifs et des férus de la balle ronde, on évoquait le parcours et les qualités de l'ex-international du MC Oran, Fréha Abdelkader. De l'avis de tous ceux qui ont évolué à ses côtés, Béka était un joueur talentueux qui a donné à l'attaque hamraouie ses lettres de noblesse, la propulsant parmi les grands ténors du football algérien. L'ex-international du MC Alger, Bachi Zoubir, dira : «C'était un grand joueur et un vrai gentleman. Un adversaire loyal, très respecté et respectueux des autres. Il a été l'un des joueurs les plus importants du MCO des années 60-70. Son nom restera gravé à jamais dans les mémoires de ceux qui l'ont vu jouer et apprécié.» Son ex-coéquipier, Hamel Nouredine, appelé Mehdi, a déclaré tout ému : «Béka était pour moi comme un père. J'ai beaucoup appris de lui. C'était un joueur de niveau mondial, mais il est resté toujours humble, attaché au MCO qu'il portait dans son cœur. On ne l'oubliera jamais.» L'ex-gardien du NA Hussein Dey et l'équipe nationale Ouchene Said dira «c'était une de mes idoles. Il est de ces joueurs que j'avais le plus de plaisir à voir jouer. J'ai toujours aimé jouer contre lui. Il avait tant d'élégance et de grâce, une touche de balle merveilleuse et un superbe jeu de tête». Son éternel compagnon dans les stades et dans la vie, Karim Hamida s'est déclaré très affligé par cette perte. «Nous étions très proches l'un de l'autre. Abdelkader appréciait l'amitié à sa juste valeur.» Dans l'entourage du Mouloudia, les fidèles supporters se remémorent toujours les positions du regretté Fréha qui n'hésitait à aucun moment à intervenir et à apporter son assistance aux dirigeants mouloudéens quand le club traversait une crise, allant jusqu'à faire partie d'un «comité des sages» pour trouver une solution aux problèmes du club.
