les «durs» du Pentagone partent en guerre contre la France. C'est à toute une série d'attaques directes de la position française que s'est livrées, ces dernières heures, Richard Perle, l'un des faucons et inspirateurs de la campagne contre l'Irak. Se répandant dans la presse britannique et arabe, le conseiller du Pentagone (ministère américain de la Défense) s'en prend directement au président français, Jacques Chirac, estimant que «les intérêts commerciaux (sont) derrière la position française». Allant plus loin, Richard Perle dénie à la France de «définir» la politique américaine. Dans un entretien publié hier à Riyad par le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat , le conseiller du Pentagone affirme que les Etats-Unis attaqueront l'Irak même au cas où la France userait de son droit de veto. Il affirmera ainsi qu'en cas de veto français au Conseil de sécurité de l'ONU «nous irons (en guerre) sans résolution internationale (car) aucun président américain ne permettra à un chef d'Etat français de définir la politique américaine». M.Perle, prend ainsi les choses de haut et confirme le peu de cas que Washington fait des oppositions internationales contre une guerre injuste et injustifiée. Ainsi, les Américains, qui n'acceptent pas qu'on leur conseille de savoir raison gardée, ont-ils déjà programmé le futur immédiat de l'Irak de l'après-guerre, lorsque, le même responsable américain affirme au journal saoudien que l'armée américaine occuperait l'Irak «pour une période intérimaire», indiquant même que cette occupation sera placée sous le commandement du général Tommy Franks. Reprenant à son compte les affirmations du secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, Richard Perle indique que «l'expérience irakienne sera un prélude à des réformes dans la région» du Moyen-Orient. En ce sens il ira jusqu'à lancer un avertissement au président syrien Bachar Al Assad qui, selon Perle, risque d'être la prochaine cible au cas où le président syrien «n'envisagerait pas des réformes». C'est donc en futur maître de la région du Moyen-Orient que s'exprime Richard Perle. En effet, cette normalisation musclée des régimes moyen-orientaux entre en droite ligne dans la perspective de défense des intérêts américains à l'exclusion de toute autre vision n'intégrant pas ces valeurs et intérêts américains. Donc les Etats-Unis sont prêts à une guerre, non seulement onéreuse, mais qui pourrait être aussi catastrophique pour le devenir humain, rien que pour, entre autres, conforter ces mêmes intérêts commerciaux. Ce qui n'empêche pas Richard Perle d'accuser les Français de s'opposer à la guerre dans un pur réflexe mercantile. Relevant les «importants intérêts commerciaux français en Irak» le conseiller du Pentagone souligne, dans un entretien au quotidien britannique The Observer. «Ce que vous entendez est ce que le président français perçoit être dans l'intérêt de la France. Et le président français a trouvé sa propre manière de traiter avec Saddam Hussein (le président irakien)». Il ne fait plus de doute que rien ne fera dévier les Etats-Unis d'un objectif déjà tracé pour lequel ils se sont largement dépensés ces derniers mois: la mise sous séquestre du Moyen-Orient, dont l'occupation de l'Irak est le sésame.
