Le scrutin du 8 avril est passé comme un rouleau compresseur, réduisant à néant les efforts de l´opposition de se restructurer. Cinq mois après, c´est l´université d´été du RCD à Tipaza Matarès qui a voulu sonner l´hallali pour le rassemblement des énergies de l´opposition. Peine perdue. On pourrait penser que c´est un flop monumental, au vu des absences de marque de la scène politique : en effet, ceux que l´opinion, ou du moins la presse, considère comme des ténors, n´ont pas jugé utile de répondre à l´invitation du docteur Sadi. C´est ainsi qu´on aurait cherché à la loupe les Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdenour, Mokdad Sifi, Ali Haroun, Ahmed Benbitour, Rachid Benyellès, Mouloud Hamrouche. Cependant, si le verre est à moitié vide, on peut aussi penser qu´il est à moitié plein, puisque deux faits saillants méritent d´être signalés et mis en valeur. Le premier concerne le retour sur scène d´Ali Benflis. Même dépouillé de son parti, le FLN, l´homme montre qu´il a du répondant et de la suite dans les idées, et que le combat politique est une voie de longue haleine. On peut perdre une élection, comme un général perd une bataille, mais c´est l´issue finale qui compte, et il semble, au vu de son parcours, qu´Ali Benflis est un homme de principes et de conviction et qu´avec de telles valeurs comme bagages, on peut aller loin. Le tout est de ménager sa monture. Au cours de son intervention, M.Benflis a dit la seule chose qu´il fallait dire, à savoir que s´il n´y a pas une «véritable séparation des pouvoirs, et que si on persiste dans le régime hégémonique où se regroupent tous les pouvoirs (éxécutif, législatif et judiciaire) on ne pourra pas aller vers la société des libertés». Le deuxième fait saillant concerne la nouvelle religion de Saïd Sadi, qui s´est converti au réalisme politique. Lui, le chantre de la laïcité depuis plus d´une décennie, ne dédaigne plus de s´asseoir à la même table que les islamistes, dès lors qu´ils ont des convictions et qu´ils les assument. C´est vrai que le leader du RCD se dit déçu par certains membres de sa famille politique, qu´il considère comme des pseudo-démocrates. Dans sa bouche, cela veut dire que l´homme a été soumis à des révisions déchirantes. En boudant l´université d´été du RCD, les personnalités absentes ont montré qu´il n´y avait plus rien à attendre du groupe des dix, qui s´était constitué au mois de février dernier dans le but de contrer la candidature d´Abdelaziz Bouteflika. Ils avaient déclaré à l´époque qu´ils avaient réussi dans leur principale mission, à savoir vérifier la neutralité de l´armée. On peut néanmoins penser, avec du recul, qu´ils ont échoué dans leur principale mission préélectorale: présenter un candidat unique aux présidentielles. Vont-ils aussi rater le train de l´après-8 avril? Celui qui consiste à constituer une opposition solvable, un contre-pouvoir actif, et préparer, par un travail en profondeur, une alternance crédible? Mais, au vu de tout ce qui se passe, il semble que le fameux groupe des dix, au même titre que le groupe des six de 1999, soit mort de sa belle mort, et qu´il faille en parler au passé. En disant que Dieu ait son âme et l´accueille en Son Vaste Paradis.