Le nouveau Chef du gouvernement recourra sans nul doute à une frange du FLN et de la mouvance islamiste. Le limogeage de Benflis par le Président de la République et la désignation d'Ouyahia au poste de Premier ministre appellent de nombreuses interrogations. Benflis a une forte majorité au sein de l'Assemblée nationale. Quant à Ouyahia, sa formation ne vient qu'en troisième position après, bien sûr, le FLN. Une coalition se dessine à l'horizon. En effet, toutes les spéculations autour de ce vote sanction par nos députés du programme Ouyahia ne sont qu'un mirage. La praxis veut que nos représentants du peuple ne soient jamais allés plus loin que de lever la main à chaque fois qu'un projet ou un programme leur est présenté. Peut-être, relèvera-t-on quelques questions portant «sur les points et les virgules», mais jamais sur le contenu. Tout est avalisé sans le moindre «non». Néanmoins, certaines formations politiques, mais dont le poids sur l'action du vote n'est pas signifiant, arrivent des fois à s'entendre sur l'abstention ou pour un «non». Cette pratique relève plus «du clanisme», «du régionalisme»..., mais jamais du bon sens à aller de l'avant. Ouyahia, en homme averti, a accepté de diriger le prochain gouvernement, car sachant particulièrement en quoi consiste le vote au sein du Parlement. Beaucoup de députés FLN se rappellent qu'à des moments cruciaux, l'aide leur est venue du RND. De nombreux projets ont, souvent, échappé à «la vindicte» du vote négatif de la mouvance islamiste. Même cette dernière est souvent battue en brèche pour des raisons de dividendes à venir. Le Premier ministre sera confronté dans les prochains jours à cette Assemblée nationale pour définir et expliciter son programme de travail. Tout le monde appréhende cette situation et attend les résultats qui seront définis par notre Assemblée. Les observateurs politiques, très avertis et informés des pratiques politiques n'attendent rien de nos députés pour mettre le nouveau Premier ministre dans l'embarras. Ces observateurs expliquent ces pratiques comme un phénomène tout à fait naturel et relevant de la quotidienneté. En effet, «le FLN ne basculera pas dans l'opposition», déclare Benflis, Premier ministre limogé. Il ajoutera: «Le parti majoritaire à l'APN fera preuve de retenue et d'esprit de responsabilité.» Cette sortie de Benflis, victime politique d'un système «huilé» pour des intérêts particuliers, renforce la vision qu'ont les observateurs «incrustés» dans les rouages du pouvoir. Benflis s'avoue-t-il vaincu ou a-t-il des appréhensions sur la composante du parti FLN dont il est secrétaire général? Son éviction de ce poste ne sera que la résultante de n'avoir pas mené à bon port son navire et qu'il s'est affiché trop tôt pour être un rival à l'actuel Président de la République qui, lui, a actionné ses comités de soutien pour briguer un deuxième mandat. Reste la donne de la mouvance islamiste, toutes formations politiques confondues. Sans son soutien à Ouyahia, cette tendance au sein de l'assemblée ne sera que l'ombre d'elle-même. Le MSP a toujours donné ses voix aux textes soumis au débat et au vote. Ainsi, la mouvance islamiste, noyée au sein des groupes FLN et RND, ne peut faire obstacle à Ouyahia. Etant en position de faiblesse, elle entérinera, sans complexe, toute proposition de programme qui lui sera soumise. Finalement, toutes les spéculations ne sont que paroles abstraites. Tout citoyen imprégné du fonctionnement de la société politique comprendra rapidement que le vote au sein de notre Assemblée nationale et ce, quelle que soit la nature du texte, n'est que «chimère». Beaucoup d'expériences nous confirment cet état de fait et ce n'est pas demain que les choses changeront.