Il y a des juges du siège assis pour ne pas plier sous le poids des «conseils»... La justice est-elle une machine à distribuer des peines? Oui, à en croire ces centaines de justiciables qui poursuivent à tout-va pour un mot ou pour un texte, SVP! Ajoutez ces interminables histoires de familles qui, elles aussi, se querellent pour un lopin de terre ou une bicoque pompeusement appelée «villa». Cependant, lorsqu´il s´agit de coups et blessures, rixe, échange d´insultes, la justice se doit de trancher. Et comment à Koléa! Abbas L. et Mehdi S. sont deux cousins de 62 et 45 ans qui racontent leurs misères à hadj Rabah Barik, le juge de Koléa, qui ne trouve pas normal que Abbas se soit plaint de ne plus pouvoir prier à cause de coups...assénés par ce fougueux cousin, lequel, une fois en pleine ire, ne peut plus se maîtriser. C´est avec un réel plaisir pour nous de confiner ce procès dans un espace de cousins, deux cousins. Le premier étant un pratiquant, il s´en servira à la barre pour justifier la gravité des coups reçus, le second est un amateur de Bacchus. Il va se terrer derrière la barre, se faire tout petit, petit, laissant le soin à Barik, le président du pénal, de calmer les rancunes de son adversaire, lequel a, par inadvertance, soulevé l´ire du magistrat qui a rejeté en bloc et en détail l´excuse avancée par Abbas, 62 ans, selon laquelle il ne pouvait plus prier à la suite des coups reçus lors des palabres avec Mehdi S., 45 ans. Alors, le président se fit plus que sérieux et abandonna son traditionnel humour qu´il utilise quelquefois en vue de faire baisser la tension née d´un différend, et un humour réservé SVP juste de quoi lancer un carton jaune aux parties en présence. «Ne me racontez pas d´histoires de ce genre. Et votre statut de victime ne vous permet pas de lâcher de pareilles sottises», dit-il, sur un air encore plus fâché lorsqu´il rappellera à Abbas que lorsqu´on veut prier et donc, être en règle avec Allah, on peut le faire dans toutes les positions, y compris celle d´être malade, alité, nez bouché, oeil enflé, etc. Cette mise au point met de l´eau dans le...vin du verre de Mehdi qui devait jouir intérieurement, car visiblement, le juge n´était pas disposé à avaler n´importe quel argument. D´ailleurs, lui, le prévenu sera bref: «Le tribunal a dû apprécier», a-t-il dit entre les dents, pensant probablement que la justice «bosse» sur pièce et que dans cette affaire typiquement familiale, il n´y a que des déclarations. Le juge a certes écouté, réentendu, fait preuve de magnanimité mais vlan! Il y a des propos qui ne passent pas. Les cousins restent des cousins, les coups de zinzin restent ce qu´ils sont pour mieux faire baisser la tension, le président semblais tout heureux d´annoncer la mise en examen de l´affaire. Ouf! Et le verdict, annoncé en fin d´audience, commencera et s´achèvera autour d´une solide amende, et le fan de Bacchus va devoir serrer la ceinture, se rincer la gorge d´alcool au lieu de remplir la...panse.