Deux frères richards (Allah bénisse) s´entretuent à la barre. Ils ont dépassé la cinquantaine de procès. Aïe! aïe! aïe! Les deux frères qui se déchirent depuis des années autour du «dinar et ses petits milliards» n´étaient pas bien du tout face à Selma Bedri, la fougueuse présidente de la section correctionnelle du tribunal d´El Harrach (cour d´Alger) qui avait troqué, ce mardi, sa casquette de juge impartiale pour celle de «médiatrice» appelant à la raison, à la fraternité (un comble!) entre deux frères que le fric a d´abord séparés et fait éclater en petits morceaux ensuite. Maître Benouadah Lamouri, le défenseur du frère victime d´insultes, fait prévu et puni par l´article du Code pénal, a eu l´occasion de suivre le «prêche» de l´imam Bedri qui voulait visiblement dédramatiser l´histoire du jour et c´est cette rude Faïza Mousrati, la représentante du ministère public qui était presque bouche-bée devant un tel dossier dramatique car cette histoire de frangins brouillés, humiliés, traînés devant les juridictions, condamnés, dédommagés, commence à bien faire dans notre société. Faut-il alors crier: «Vive les fils et filles uniques de riches?». Peut-être pas, car il nous est arrivé de couvrir des procès où un fils unique est noyé dans des milliards, mêlé a de drôles d´histoires en justice contre son chauffeur, sa secrétaire, la nourrice de ses enfants ou carrément contre madame la mère de ses enfants! Il y a sûrement quelque part un Satan qui court les artères, villes et villages, qui veille aux petits malheurs des gens. Pour en revenir au dossier du jour, Maître Lamouri a fait mieux «que la magistrate». Il a flétri de telles démarches. Il a même maudit les malentendus qui déchirent les familles. Il est vrai que cela faisait longtemps que nos juridictions regorgent d´affaires similaires où des familles entières se livrent d´âpres batailles mettant souvent mal à l´aise des avocats dont certains, comme justement Maître Lamouri, font le saut du «mur du son» pour jouer au médiateur à la recherche d´un terrain d´entente même si la déontologie le permet lorsqu´elle n´encourage pas ces initiatives et souvent ces mêmes preneurs de risques trébuchent face à la haine, à la rancoeur et à la jalousie. La jalousie! Ce défaut tant décrié ici et là, évoqué mardi devant Bedri, cette jeune juge qui avait fermé les yeux et les oreilles lorsque le cadet des deux justiciables avait crié sa douleur devant tant de jalousie allant jusqu´à rappeler que lorsqu´il avait appris que son frère aîné était désormais atteint du cancer, il était allé le consoler, lui dire son affection, sa disponibilité dans la recherche de solutions à même de rétablir la paix entre deux frangins et surtout leurs familles et descendants. Même l´aîné, à un moment donné, avait préconisé un pourcentage (quarante pour cent 40%) à prendre et laisser le reste à son cadet. Ce qui avait permis à Maître Lamouri d´acquiéser d´un signe de tête car jouissant de la position privilégiée de défendre le frère victime et ce statut est cher aux yeux de la loi. Une loi souvent à plat ventre, impuissante lorsque la fortune, l´argent entrent en jeu dans une même famille, entre des frères, des soeurs, surtout si, comme dans ce dossier, c´est l´aîné qui a assis la fortune de la famille en construisant l´usine autour de laquelle une flopée de procès interminables avec les appels, les pourvois, les requêtes, les huissiers et tutti quanti. Pour ce dossier, Bedri, la juge qui avait elle aussi joué à l´appel à l´apaisement, au calme, aux arrangements surtout qu´une semaine auparavant, c´était l´aîné, la victime de vol mettant en cause le cadet, qui se trouve être cette semaine victime d´insultes et de menaces. Allez comprendre l´état d´esprit qui anime les antagonistes et même celui de leurs avocats dont l´un d´entre eux avait été injurié juste après que la présidente eut levé l´audience. Pouah!
