Le tribunal a tranché dans un rude dossier de voleurs dont deux mineurs, ce jour, témoins... L´inculpé principal de vol crache, d´emblée, le morceau devant ce patient Barik, le président de la section correctionnelle de Koléa (cour de Blida) qui aura ce mérite d´avoir su mener un long interrogatoire de quatre voleurs dont deux mineurs, aujourd´hui témoins. «Ce n´est pas gentil de voler ses voisins», commente Hadj Barik, le juge qui ménage tout le monde même le jeune Nouasi, Maître Mehdi qui va poser un bon paquet de questions pouvant à même alléger dans un avenir proche les peines. Maître Nouas va même réussir à allier l´audace au professionnalisme autour d´une histoire de procès-verbal non lu à son client. Maître Hayet Kadi ne veut pas rester en...reste! Elle aussi va mettre son grain de sel en posant deux bonnes questions à propos d´une mise en scène autour de la préméditation. Entre-temps, l´inculpé principal lâche une lourde: «C´est lui (le mineur) qui m´a entraîné.» «C´est curieux, un gamin de 14 qui mouille un ado de 21 piges!» mâchonne le juge. Ce dernier va même lancer un coup de semonce: «Ecoutez, ceux qui se comportent en hommes dans cette juridiction seront vus comme des hommes, sinon, le tribunal, aura la main lourde.» Le second inculpé jure, qu´au moment du méfait, il était rentré chez lui. Le magistrat lui rappelle que s´il n´a participé ni de près ni de loin au vol, il avait quand même pris 16.000DA qu´il savait être le produit d´un vol. Ali B. le deuxième inculpé reconnaît que le père du mineur leur avait suggéré de ne rien dire et de se partager les 16.000DA entre eux: «J´étais prêt à rembourser la somme volée», dit Bouziane, le père du mineur, presque blessé dans son amour-propre lorsque Barik le gronde pour ne pas avoir livré son fils aux policiers et faciliter leur tâche. Vous pensez bien! un citoyen algérien qui se rend au siège de «lassourtiya» (la Sûreté): ce n´est pas pour demain tant qu´on assimile ces gestes citoyens à de la délation! La victime parle de 50 millions de centimes. Barik est étonné: «Vous n´aviez déclaré que 33 millions de centimes durant l´enquête?» articule le magistrat qui va, là aussi, ménager la victime, debout sur ses béquilles. «Ils sont entrés pour voler, pas pour casser quoi que ce soit. Et je n´étais pas à une première opération. J´habite seul et ils profitent de mes absences pour s´introduire chez moi et me voler», dramatise la victime qui va même énerver Maître Nouas, l´avocat d´un des inculpés qui ne saura plus, à un moment donné, si la somme était de 50, 53 ou 33 millions. La victime réclame son argent, sans sourciller. Barik prend acte du désarroi de la victime. Hamel Samir, le procureur effectue les demandes en expliquant le pourquoi des cinq ans requis à l´encontre des inculpés de ces graves délits de violation de domicile, de vol d´argent. L´un épiait, l´autre opérait. Les mineurs sont chargés du sale travail du silence. Ce Hamel est décidé à ne pas être un robot venu sur le siège du ministère public mais plutôt à diriger la mise en examen du juge. Evoquant les mineurs, il dira sans cligner des cils qu´ils se sont fait mal d´abord, avant d´en avoir fait à la victime et à la société. «Trois et un an de prison ferme et une amende.» Maître Kadi pour le premier inculpé: «Il n´y a pas eu de rôles distribués dans ce dossier. Il n´y a eu aucune préparation du méfait. Les faits étaient spontanés.» «Trop de déclarations contradictoires sont à relever ce dimanche dans cette affaire. Oui, la victime a fait l´objet d´un vol, mais nous n´allons pas conforter la démarche du parquetier qui a trop exagéré, car les deux inculpés ne sont pas des récidivistes. Mieux, ce sont des primaires, ces délinquants.» L´avocate fait appel à l´indulgence du tribunal surtout que la maman de son très jeune client (dix-neuf printemps) est très malade. Presque survolté, au bord de l´éclatement, Maître Nouas, pas Radouane le papa, mais Mehdi, le fiston, attaque de front les inculpations: «Il n´y a pas de gros requis à pêcher, ce ne sont même pas des sardines. A peine des ides que l´on veut présenter comme de dangereux malfaiteurs. Quant aux preuves, le témoin mineur a reconnu avoir dépensé la somme provenant du méfait», avait rugi Maître Nouas «encouragé» qu´il était au moment où Hamel, le représentant du ministère public s´était levé pour requérir en tentant d´apporter de l´eau au moulin «inculpation». Et lorsque Maître Mehdi Nouas s´aperçoit que le parquetier veut en placer une, il en expédie dix. La preuve? La relaxe de son client Ali Bouziane l´a rendu heureux comme au jour de sa prestation de serment. L´autre inculpé a été condamné à trois ans de prison ferme, car reconnu coupable par le tribunal qui avait bien mené les débats, des débats à la hauteur de la réputation du président qui avait, ce dimanche, achevé, son audience vers les 22 heures tapantes! c´est peut-être là un signe d´aider cette section «détenus» en créant un autre jour de la semaine et soulageant ainsi, et les magistrats et les avocats et probablement encore plus les justiciables qu´on voit mal trouver un bus, un autocar ou un taxi pour rentrer chez eux à Bou Ismaïl, Fouka et autres Douéra.