Après son investiture, dans le flot des déclarations qu´Obama a faites à la presse, on a pu noter son indulgence vis-à-vis de son prédécesseur: «George W.Bush est un type bien, mais il a fait de mauvais choix...» Ce qui différencie un homme politique n´est-il pas justement la question des choix faits et assumés. Cette indulgence vis-à-vis d´un homme qui a mis à feu et à sang une partie du monde et réduit une bonne partie de l´économie américaine en ruine, ne peut que s´expliquer par deux choses: ou bien Obama voulait faire un pari sur l´avenir et espérait solliciter une pareille indulgence de son successeur au cas où son mandat n´aurait pas rempli toutes les attentes de ses électeurs, ou bien a-t-il agi par solidarité avec un collègue, tout simplement. Cette indulgence et cette solidarité, on les retrouve partout chez les différents présidents américains, tout comme on trouve l´indulgence de Hollywood vis-à-vis de la société américaine et des institutions du pays. Il ne faut pas s´attendre de la part de l´industrie cinématographique à ce qu´elle sape les fondements mêmes de ce qui a fait sa prospérité et sa gloire, tout comme Hollywood a contribué à l´enrichissement de cette nation qui est si prospère...Et c´est la raison pour laquelle, Hollywood, depuis sa création, ne cesse de tresser des lauriers à l´endroit d´un des piliers du système américain: la justice. On ne compte plus le nombre de films qui ont été consacrés à la justice, à l´appareil judiciaire, de l´enquêteur jusqu´au coroner, aux avocats, aux juges et aux directeurs de prison. Des fois, même Hollywood rend hommage à la justice en déplorant son absence. On peut, sans difficulté, se remémorer les séquences de lynchage (mot qui date de l´époque glorieuse de la ruée vers l´or du nom de celui qui l´a instauré) où des foules mobilisées exécutent des suspects sans autre forme de procès, comme auront lieu parallèlement des exécutions sommaires perpétrées par les membres du Ku Klux Klan contre les Noirs...Dans la prolifique production de Hollywood concernant le système judiciaire, on ne verra jamais une condamnation du système judiciaire présenté comme indépendant du politique ou du financier, mais comme une garantie sûre pour le système démocratique qui prévaut dans ce grand pays. On peut y voir la justice influencée par le pouvoir de l´argent, par le poids de l´appareil politique, par celui des lobbies de l´Eglise ou des préjugés raciaux, mais Hollywood donne toujours le dernier mot au jury populaire qui est la bonne conscience de la société américaine. Arte vient de nous gratifier justement, d´un de ces petits films qui écorchent sans blesser le système américain. Le Verdict, réalisé par Sydney Lumet, réalisateur qui a déjà à son actif le film lumineux de 12 hommes en colère où Henri Fonda brilla, donne l´occasion à Paul Newman d´étaler sa large palette de talents dans un rôle qu´il campe avec brio: un avocat sur la pente douce de l´éthylique déchéance se voit confier une cause perdue d´avance: attaquer un hôpital géré par la toute-puissante Eglise américaine pour une bavure médicale dont la victime est une femme issue de la classe ouvrière. Tout va se liguer contre cet avocat en plein naufrage, la défection d´un expert médical au dernier moment, l´arrivée d´un Noir comme expert de rechange, le refus de collaboration d´une sage-femme, les manoeuvres machiavéliques d´un puissant cabinet d´avocats, qui ira jusqu´à lui balancer une vamp dans son lit pour l´espionner (Charlotte Rampling). C´est finalement l´arrivée inopinée (deus ex machina) d´une infirmière dont le témoignage saura émouvoir un jury populaire, qui donnera la victoire à l´avocat déchu!