Un légiste consciencieux a redressé une fâcheuse situation de coups et blessures. L´inculpé de coups et blessures volontaires ayant entraîné un arrêt de travail de vingt et un jours, nie l´inculpation. Hadj Rabah Barik, le président, relit un passage du procès-verbal d´audition où l´on relève effectivement qu´il y a eu échange de mots blessants, que l´inculpé l´avait bousculé. Point à la ligne. La victime, elle, ayant les moyens, est en soins en France. Le légiste appelé à la rescousse à la barre va apporter des éclaircissements à propos de la délivrance du certificat médical «contesté» par une des parties. Le docteur rappelle les déclarations de la victime car en définitive, le légiste ne transcrit que ce qui lui a été dit par les victimes d´abord, la lecture du certificat médical délivré par le généraliste et par la suite, la visite du légiste a lieu, après quoi, c´est le constat, l´évaluation et la rédaction du certificat médical. «Ce n´est qu´après avoir examiné la radio du dos que j´avais compris la nature des coups reçus», a raconté le légiste. «J´avais redemandé une autre radio pour lever le doute. J´ai eu le même résultat. Il y avait bel et bien des fractures que je n´avais pas remarquées durant l´examen. Les septième et huitième côtes avaient pris un sérieux coup, si l´on peut s´exprimer ainsi. Je n´avais pas eu l´attention attirée lors du premier examen. Le diagnostic d´appréciation que nous menons sous la "conduite" des victimes m´avait échappé. Donc, il y avait réellement vingt et un jours d´incapacité», a conclu le légiste de Zéralda, un chef de service consciencieux portant bien sa fonction et alerte dans ses propos et surtout sa franchise lorsqu´il lança: «Ces fractures étaient anciennes et existaient avant les coups portés par l´inculpé.» Maître Azzedine Gasmi lança un large sourire à son client, l´inculpé détenu, comme pour lui signifier que «les deux tiers d´une éventuelle lourde condamnation venaient de s´écrouler!» C´est alors que le président posa une précieuse question: «Qu´allons-nous faire de ce certificat médical que vous venez de descendre en flammes?» «J´ai rédigé un second rapport pour rectifier le tir et rendre justice, si vous me permettez l´expression», balance le légiste qui a revu l´incapacité à la baisse: cinq jours au lieu de vingt et un! Donc, out la détention préventive! Ce n´était pas mal joué devant un Barik en nette reprise sur le plan de la santé, malmenée un certain temps mais que des soins intensifs, ont vite fait que le juge revienne et revienne très bien. Maître Sbihi, l´avocat de la victime en soins en Europe a bien tenté de débattre du sujet avec le légiste mais Hadj Barik, en magistrat avisé, l´en empêchera en ces termes: «Maître, le tribunal ne permet aucun écart. Nous sommes des juristes. Le légiste est un médecin formé pour une spécialité que nous ignorons totalement. Alors, Maître, veuillez tempérer vos ardeurs dans vos interventions.» Malgré ce poli rappel à l´ordre, le défenseur reviendra à la charge durant la plaidoirie. Hadj Rabah Barik le juge fermera non seulement les yeux mais encore les oreilles, préférant laisser le conseil faire son boulot comme il l´entend. A chacun ses positions pour ce qui est de l´appréciation dans l´application des lois. Samir Hamel, le procureur réclame un an de prison ferme, sans trop s´étaler sur le sujet. Maître Azzedine Gasmi, l´avocat de l´inculpé ouvre une parenthèse. «La victime est en Algérie. Elle n´est pas en soins à l´étranger. Elle a eu peur de nos questions dont les réponses allaient édifier le tribunal. En outre, il n´y a aucune preuve que la victime ait chuté sur le bord du trottoir et été blessée à ce point», a dit le défenseur qui a rendu un vibrant hommage au légiste venu rectifier à la barre le contenu du certificat médical. C´est tout à son honneur contrairement à la victime qui s´est révélée être un «comédien» car le jour des faits, elle s´est relevée, a marché ouvert la portière de la voiture et démarré en trombe. Hadj Barik, ce magistrat qui en a vécu d´autres, comme situations bancales, fait en sorte de ne pas trop s´intéresser aux détails sur les faits en eux-mêmes, surtout que le boulot des éléments de la police judiciaire avait été excellemment réalisé. Il est vrai que Maître Sbihi et son jeune cadet de confrère, le rouquin de Koléa, maître Gasmi n´y étaient pas allés de main morte ni avec le dos de la cuiller mais c´était de bonne guerre, comme il sera de bonne guerre pour le président de décider la mise en examen de ce dossier qui a finalement mis en exergue la correction d´une erreur du légiste. Bravo! Docteur!