L´abandon de famille est un grave délit, abandonner ses neuf bambins est plus grave! Le client de Maître Rabah Guendouzi est dans de beaux draps. Il est poursuivi pour abandon moral de ses neuf enfants- ce qui est un délit- et pour coups et blessures à l´encontre de son ex-épouse, donc une infraction. Hadj Barik parle de «bon père de famille». L´inculpé rétorque qu´il est le seul à entretenir sa famille: «Elle (entendez par là l´ex-épouse) est à la maison et aucun de mes neuf enfants ne bosse. Je suis l´unique soutien», clame-t-il alors que le procureur attendra le moment favorable pour envoyer des boulets du Code pénal. Maître Akila Boudiaf, l´avocate de la famille victime pose plusieurs questions à l´inculpé, retraité, qui va passer le plus clair de son temps à nier les coups et blessures en s´écriant: «Si jamais je levais la main sur elle, je suis sûr que nos enfants ne resteraient pas les bras croisés», dit-il avant de changer de registre: en parlant de «elle» l´ex, elle redevient une collègue de travail. Ce qui va faire sortir le procureur de son silence: «Qu´est-ce que c´est que cette histoire?» lance le procureur. C´est alors que l´ex jette dans un profond silence: «Monsieur le président, c´est cette dame qui est derrière mes malheurs. Il dit une collègue de travail alors qu´elle court derrière lui pour qu´il nous quitte.» Et puis, l´ex entre dans un réquisitoire allant jusqu´à «avouer» lui avoir brisé le portable à la suite des coups reçus, avant de demander un toit pour ses enfants. Ce qui fera réagir le juge: «Nous ne sommes pas ici pour cela.» Le procureur demande une peine de prison de six mois avec sursis. La pauvre dame prie le juge qu´à cause ou pour ses enfants, il ne fallait pas l´enfermer. La jeune avocate de la victime était allée auparavant trop loin. Hadj Rabah Barik rejette la question estimant que ce pays est un Etat de droit, point à la ligne. «Nous n´avons pas le droit d´aller dans l´intimité des gens». Maître Rabah Ghendouzi, l´avocat de l´inculpé affirme que les enfants n´ont jamais déposé plainte avant de rappeler qu´un des enfants entendus au tribunal avait certifié que son père laissait tous les matins mille dinars à la maman. «Où est le délit? Reste l´abandon moral. C´est un élément élastique. Plus va le temps, et plus il fait mal lorsqu´on le relâche», siffle l´avocat qui parle de jalousie féminine qui a fait que l´épouse a cru rêver d´une relation indigne avec une collègue de travail. Ce qui va pousser Hadj Rabah Barik à utiliser un couteau à double tranchant: «Un an de prison assorti du sursis».