La mort est une délivrance, dit-on. Mais la voiture du disparu mène en prison. Tabi se démène au milieu des flots...débats... Mercredi, le dernier de juin 2009, salle d´audiences du tribunal de Hussein Dey (cour d´Alger), Bahia Tabi-Allalou est en superforme. Halim Boudra, le procureur, l´est autant, sinon plus que la présidente de la correctionnelle qui a en face d´elle une trentaine d´avocats, dont Maîtres Ahmed Kheidri, Tarek Gharbi, Kenaï, Nassima Aïd, Mohammed Soudani, Tahar Boukhari, Boussadia Hanafi et l´incorrigible opposant aux bâtonnats, Maître Khaled Bergueul, l´avocat de Khalifa. Le dossier du jour tourne autour du faux et de son usage. Un père de famille bénéficie de la Miséricorde d´Allah et laisse derrière lui une voiture. Héritage et fréda non encore abordés, le véhicule est vendu sans que le reste de la famille ne le sache. Le faux est arrivé car une seule signature ne veut pas dire unanimité de la famille pour l´opération de revente. Mansour, Damous et Messaoud sont debout à la barre, qui vont poser beaucoup de questions, avant de prendre d´assaut les demandes de Boudra, le jeune représentant du ministère à qui les avocats voulaient reprocher l´absence d´arguments soutenant les demandes jugées pas trop excessives, surtout pour les prévenus d´usage de faux. Durant tous les débats, Tabi la juge a préféré jouer la tolérance, la largesse d´esprit en évitant de tomber dans le piège de l´égarement du grand nombre de questions, surtout celles posées par le duo d´avocats qui auront réussi tout de même à capter l´attention de la présidente pressée, il est vrai, d´en finir car le rôle de ce mercredi est, lui, effarant. Toutes les réponses données par les trois inculpés ne seront pas prises pour argent comptant. Pire! Les prévenus sont tombés dans le filet du stress de l´interrogatoire et surtout ils ignoraient totalement la signification de certains concepts juridiques pouvant les pousser à ne répondre qu´aux questions: «Vous, cessez de commenter. Répondez seulement aux questions du tribunal. Nous avancerons mieux et vite», avait tonné Tabi-Allalou en direction de Mansour A. qui n´était pas bien du tout, mais alors pas bien, assurément, car il y avait de quoi avec tout ce chapelet de poursuites, de convocations, de, de et de...D´ailleurs, saluons au passage les deux défenseurs qui ont vaillamment participé à la recherche de la vérité et ce, chacun dans son style particulier. L´assistance était de glace, d´émotion et de respect pour l´audience. L´avocat de Damous L., poursuivi de faux et d´usage de faux de papiers d´un véhicule, refuse que l´inculpé principal dans ce dossier doive assumer son délit et arrêter de prétendre que le dossier avait été remis par Damous qui aurait rempli les formulaires. «C´est impossible avec son niveau de scolarité que Damous puisse s´adonner à cette oeuvre qui exige une bonne connaissance de la langue.» «Damous est quasi analphabète, allez, disons-le sans peur d´être contredit», s´est écrié l´avocat de Rouiba qui a réclamé la relaxe de son client. L´avocat de Mansour A. lance, lui aussi, que son client mérite la relaxe car «là aussi, il n´y a aucun élément constitutif d´usage de faux car il ignorait le faux. Sa bonne foi, seule l´a traîné ici ce mercredi. Bahia Tabi-Allalou, la présidente, demeure une magistrate tolérante durant les plaidoiries lorsqu´elle a une idée préconçue sur le dossier du jour. C´est pourquoi, elle manie son stylo jaune, histoire de dire aux avocats de faire vite et d´en finir avec ces plaidoiries qui traînent en longueur, certes, mais qui doivent nécessairement conduire le tribunal aux demandes des conseils. Des avocats qui n´effectueront aucun commentaire lorsque cette déjà «vieille casseuse de baraques» suite à sa déjà riche carrière, annoncera la mise en examen de l´affaire, une affaire qui débute avec la mort et qui s´achève avec un mors entre les dents de chevaux de trait ayant tout entrepris pour aller vers une vérité transparente où chaque partie doit nécessairement être satisfaite. Et ça, c´est le rôle de la justice. Dame Justice!