Rares sont les jeunes qui soupçonnent l'existence d'une quelconque antenne de l'Ansej. Hicham 32 ans, veut créer une microentreprise. «J'ai déposé trois dossiers depuis 1999», dit-il. La plupart des demandeurs sont jeunes. Ils ont entre vingt et trente-cinq ans. Ils caressent tous le rêve d´avoir leur propre petite entreprise. Mais ils savent que le parcours n´est pas simple, qu´il est parsemé d´embûches et qu´ils doivent s´armer de patience et de courage s´ils veulent le concrétiser. Avant cela, il faut d´abord repérer le lieu qui n´est pas facile à trouver. Excepté ceux qui ont déjà sollicité ses services, rares sont les gens qui soupçonnent l´existence d´une quelconque antenne de l´Ansej en ce lieu. Seul un petit panneau trahit sa présence et fait office d´enseigne. Installée quelque part le long de la rue de Tripoli, l´Ansej d´Hussein-Dey ressemble à tout sauf à un organisme public digne de ce nom, chargé d´aider les jeunes désireux de créer leur propre microentreprise. A commencer par la pancarte collée à la porte d´entrée, qui indique les jours de dépôt et de retrait des dossiers, limités à dimanche, lundi et mercredi. Qu´a-t-on fait des instructions et autres directives adressées par les autorités à l´Administration et aux institutions relevant du secteur étatique les sommant d´ouvrir leurs portes six jours sur sept pour recueillir les doléances des citoyens et leur faciliter les démarches? L´interlocuteur s´adresse aux présents en les informant qu´il n´est là que pour orienter les gens. Debout, derrière un bureau, il est assailli de toutes parts et ses réponses lapidaires ont laissé sur leur faim presque tout le monde. Certains se disent révoltés et accusent l´Ansej de laxisme à l´image de Hicham 32 ans, titulaire d´un diplôme de technicien supérieur en génie-civil: «Je veux créer une microentreprise dans le domaine du bâtiment. J´ai déposé trois dossiers dont le premier remonte, tenez-vous bien, à 1999, année du lancement de l´Ansej. Jusqu´à aujourd´hui, je n´ai reçu aucune réponse». Pourquoi trois dossiers, alors qu´un seul suffit? «Quand j´ai déposé le premier dossier, je pensais que l´affaire allait vite être réglée. J´ai attendu quatre années, c´est-à-dire jusqu´en 2003; ne voyant rien venir, j´ai décidé de constituer un deuxième dossier. Quant au troisième et pour les mêmes raisons, je l´ai remis en 2007. Malheureusement, je n´ai reçu aucune réponse à ce jour». Un diplôme de TS en bâtiment c´est important de nos jours et les offres d´emploi ne manquent pas, mais pour ce jeune très dynamique «je travaille actuellement dans le privé. Le problème est que je ne suis pas assuré. C´est pour légaliser ma situation et assurer mes arrières que j´ai décidé de créer ma propre entreprise». Pour Islam 20 ans, c´est la première fois qu´il s´adresse à l´Ansej et grâce à laquelle il espère réaliser son rêve en achetant un fourgon destiné à la livraison de marchandises. «J´envisage de travailler dans le commerce et faire le métier de livreur. Je veux acheter un fourgon et je sollicite l´aide de l´Ansej.» Lila, elle, a choisi un tout autre domaine, celui du textile où elle compte faire carrière. Agée à peine de vingt-trois ans, et titulaire d´un diplôme de technicienne supérieure, sur conseil d´une amie, elle a pris attache avec l´Ansej car elle estime que «c´est le seul moyen si je veux créer une microentreprise et réussir dans la vie». En attendant de formaliser son dossier et d´obtenir, pourquoi pas, le précieux sésame lui donnant droit au prêt, elle poursuit des études d´ingénieur dans le domaine des affaires. C´est le cas de ce jeune homme décidé à obtenir coûte que coûte une aide financière pour pouvoir acheter, lui aussi, un fourgon. Il ne s´est pas embarrassé de papiers et a dû attendre plus de seize mois pour que son dossier passe au niveau de la commission de la daïra et soit enfin traité. «Ça y est mon projet a été accepté. J´ai versé les 5% du montant correspondant au prix du fourgon. Je n´attends que le feu vert de l´Ansej qui doit me verser le reste à la baque».