Cet état de fait se traduit par une stagnation de l'activité et une conversion vers d'autres secteurs moins contraignants. Ce constat amer, qui ressort de la conférence-débat organisée hier au centre de presse d'El-Moudjahid a amené les différents acteurs à constituer une commission interministérielle devant soumettre au gouvernement une étude sur la moralisation de la profession. En effet, la corruption, qui a sévi ces dernières années, a terni l'image d'un secteur névralgique au point que le premier doigt accusateur après le séisme du 21 mai dernier a été pointé vers lui. A ce sujet, il est fait état de plusieurs recommandations pour sortir le secteur de son marasme en revoyant le système de fiscalité appliqué et les normes de qualification des entreprises selon leurs qualifications sur la base d'un curriculum vitae. En outre, il a été décidé que toute entreprise doit avoir à sa tête au moins un architecte ou un ingénieur. Le temps des entreprises fonctionnant par procuration est révolu. «L'Algérie, engagée dans un processus de réformes politiques, économiques et sociales profondes, connaît aujourd'hui encore les caractéristiques de la transition d'une économie administrée vers une économie régie par les règles du marché», a déclaré M.S.Kahoul, président du conseil supérieur de l'Union nationale des entrepreneurs du bâtiment, dans sa déclaration préliminaire. Pour l'orateur cette situation est «la résultante d'une politique de destruction de l'outil de production et de réalisation et des investissements engagés depuis des décennies». Une situation «aggravée par une application unilatérale et dénaturée des réformes», ajoute-t-il et pourtant «juste dans leur esprit et leurs lettres originelles», reconnaît-il enfin. Concernant les insuffisances constatées sur le terrain, il n'hésite pas à pointer un doigt accusateur vers l'administration et la bureaucratie «cette insuffisance est renforcée par l'unilatéralité de certaines décisions (corruption, favoritisme...) qui a été l'une des caractéristiques de l'économie algérienne», martela-t-il. Au sujet des prix administrés par les pouvoirs publics, ils sont perçus comme «un aveu d'impuissance qui éclabousse l'ensemble des acteurs économiques», selon le conférencier. En outre les prix pratiqués actuellement, 12.000 à 16.000 DA le m2 de béton armé pour les ETP algériennes et de 23.000 à 275.000 DA pour les entreprises chinoises, sont faits, selon l'orateur, «pour dissuader les opérateurs économiques nationaux où il est constaté plus de 70 % des entreprises à l'arrêt ou au moins activant à moins de 20% de leurs capacités». Ce à quoi M.Kamel Maïchi, représentant et cadre à l'Aadl répond: «Toutes les entreprises privées ayant soumissionné avec l'Aadl sont payées au minimum à 20.000 DA le m2 et je défie quiconque de prouver le contraire.» De son côté, M.Mustapha Khodja a tenté de déculpabiliser les entrepreneurs auxquels il appartient en rendant responsable le CTC. Tout comme le promoteur Chaâbani qui a accusé la presse d'avoir soulevé l'ire de la population contre les entrepreneurs en les taxant de tous les maux. Heureusement que le promoteur Belkadi a remis les pendules à l'heure: «Il faut développer la culture de promoteur ainsi il devient le seul et unique responsable juridique aux yeux de la loi.» Pour sortir le secteur du bâtiment et lui redonner un nouvel essor de développement, les présents ont été unanimes à dire que l'Etat gagnerait plus en élargissant l'assiette fiscale en direction du marché informel pour asseoir sa crédibilité.