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Pas fraternel, le choc
Publié dans L'Expression le 11 - 07 - 2011

Parce que les enfants du cadet ont emmené paître les moutons sur le terrain du frangin...
Ahmed et Mohammed sont deux frères. Ils sont éleveurs dans un lopin de terre du côté d'El Azizia. Un beau jour d'avril 2011, le propriétaire des 100 moutons surprend ses neveux avec les dix moutons sur sa parcelle qui peut en nourrir 10.000. Le malentendu est vite mis à nu. Les enfants vont se plaindre auprès du papa après le comportement du tonton. Ce dernier, l'aîné, reçoit la visite du cadet né en 1947, le 1er décembre donc plus jeune de neuf ans. Le cadet est allé remonter son frangin tout bouleversé. Il était même tout retourné, que ce qui est appelé discussion tourne aux violences verbales. Pris d'une rage non calculée, le cadet insulte à satiété son aîné avant de lui noyer sa vieille face toute ridée et marquée par un demi-siècle d'errements au milieu des troupeaux, par deux gros crachats (oh! le cochon!) qui vont pousser l'aîné vers le dépôt de plainte auprès des gendarmes d'abord, le procureur le lendemain, par la suite. C'est le tribunal, le rôle, l'attente, le renvoi décidé par Mohammed Bezhoud, le président de la section correctionnelle du tribunal de Tablat (cour de Médéa), qui avait pris la résolution d'aller vers l'extinction des poursuites si jamais l'aîné pardonnait au cadet égaré, inculpé d'insultes et crachats. Le jour du procès, mercredi dernier, les deux frères, enfouis dans des vêtements d'hiver à cause des récentes fraîcheurs sur les hauteurs de Tablat à la suite des bénéfiques pluies printanières, s'avancent à la barre à 95 cm du pupitre du ministère public où siège le juge Abdelhalim Yettou qui allait se frotter les mains, car dès la première question du juge, le procureur avait compris que les débats allaient s'étirer en longueur.«Inculpé, votre frère est à vos côtés. Avez-vous un mot à lui dire avant que le tribunal ne s'adresse à lui, dit sans ton ni teint le président qui n'a aucune réponse. Il lève la tête en direction de Ahmed, la victime.
«Alors, vous vous êtes réconciliés entre-temps? Aviez-vous maudit Satan et assis entre vous la paix et la miséricorde?» répond Bezhoud.
Et ici, le juge va avoir une réponse qui va être le tournant de son idée première: rétablir le calme entre les deux frangins toujours aussi assis sur leurs positions.
«Non, M.le président, il m'a humilié. Il m'a sali le visage et oublié que le lien du sang est sacré. Je ne suis pas venu pardonner. Je veux que justice soit rendue.
«C'est bon. C'est même très bien». «Vous, victime, vous avez combien d'enfants?», balance comme pour se rassurer de la bonne santé de son entreprise de réconciliation, le magistrat qui note: onze. Le frère cadet, lui, en a sept. D'ailleurs, Mohammed l'inculpé va défoncer la porte du pardon en balançant une info qui va encore refroidir le juge: «Il a même esté notre père à deux reprises.» Le juge fait la moue et passe sa grosse main gauche sur sa barbe poivre et sel, une barbe qui est témoin d'une grave atteinte au juge lorsqu'il était juge d'instruction à Rouiba et qu'il n'avait pas voulu plier l'échine face à une demande de la «mafia» pilotée à l'époque par un directeur tout-puissant qui sera d'ailleurs viré par Tayeb Belaïz, qui avait eu le bonheur de découvrir les méfaits de certains magistrats intègres et courageux. Entre temps, ce magistrat a su, lui, oublier et passer l'éponge. Revenons au procès où ici il n'est plus question de pardon. D'ailleurs, et Bezhoud aura l'occasion de crier son désaccord avec la victime qui avait dit, sans se rendre compte de la bévue qu'il voulait corriger son «frère»:
-Quoi? Votre frère? Le tribunal a passé onze minutes à vous convaincre de vous serrer la main à défaut les épaules et vous aviez décliné l'invitation. Il n'y a plus de frères maintenant: il y a un inculpé d'insultes et de crachats et une victime. Un point à la ligne», a marmonné le président qui ne souriait plus et donc nous reverrons plus son beau regard clair qui démontre sa vocation d'un juge gagné par la droiture.
«Je vous remercie, M.le président ainsi que l'Etat algérien pour cette tentative de réconciliation», dit l'inculpé qui n'a pas vu le geste de son frère aîné, la victime. Un geste que signifiait clairement «tabtab» comme seules les campagnards savent en fabriquer. A demi-furieux, le juge met en garde l'auteur du geste de provocation et martèle:
«Victime! Attention, attention, attention! Plus un mot ni un geste. Ce n'est pas parce que le tribunal a voulu se montrer magnanime en vous rapprochant que vous vous croyez tout permis. Ici, on n'ouvre la bouche qu'après avoir reçu l'autorisation du tribunal. Maintenant, vous avez la permission du tribunal si jamais vous vouliez annoncer votre désistement. Est-ce compris?» Il y a deux justiciables que le tribunal écoute. Cette pluie de mots durs et rudes semblent rafraîchir les deux frangins-adversaires qui ont dû regretter en arriver là où ils sont au fond d'un puits sans... fond. La fraîcheur sera encore plus perceptible après que le représentant du ministère public, Abdelhalim Yettou, eut requis une peine de prison ferme de 30 jours et une amende de 20.000 DA...
C'est alors que les visages se ferment. Les deux frères ont une idée née à la même seconde: ils se sont retournés vers l'arrière de la salle, comme pour vérifier si leurs proches sont toujours assis. Sur les bancs d'une salle d'audience retapée à neuf tout comme la bâtisse qui n'a plus le style hideux de l'époque coloniale.
Les deux éleveurs ont eu tout de même une très longue période où aucun sourire n'est venu égayer leurs farouches mines franchement à plaindre.
Maître Hassan Brahimi, Maître Touati et Maître Rachid Brahimi suivaient religieusement les débats en attendant que leur affaire d'atteinte à la propriété passe et elle oppose deux grandes familles de Bir Ghbalou déchirées par les disputes qui n'en finissent plus au sujet de la terre nourricière.
En attendant, le dernier mot est prononcé par Mohamed, le cadet qui prend acte de la date du verdict: mercredi 18, une date à retenir sereinement, plus sereinement que sa «voix-autorisée». Mohammed Bezhoud à qui la tutelle doit beaucoup, énormément pour services utiles rendus là où il est passé. Merci juge: la tutelle a une mémoire.


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