«Les choix sont déjà très restreints» La nouvelle année universitaire semble ne pas échapper au scandale des inscriptions. Ce ne sont que les préinscriptions, mais voilà que les nouveaux bacheliers montent déjà au créneau pour dénoncer les listes d'orientation qu'ils qualifient comme étant celles de la «honte». Pour Salim, nouveau bachelier, «la fiche de voeux devrait être rebaptisée «fiche de leurre». Car son nom «ne fait que donner de faux espoirs aux futurs étudiants, qui, en fin de compte, n'ont pour seul choix que le moyen de transport pour aller à l'université», dit-il sarcastique. «Les choix sont déjà très restreints», peste pour sa part Ryma, bachelière dans la filière sciences expérimentales avec une moyenne de 13,83. «Avec un Bac scientifique, qui plus est avec mention «assez bien», on ne peut aspirer qu'à des filières où jadis, on orientait les élèves ayant obtenu leur Bac avec rachat», ajoute-t-elle. Ryma observe un temps d'arrêt, respire et enchaîne: «Ils ne font que briser notre avenir. Pourquoi proposer des sujets faciles à l'examen du Bac, pour qu'à la fin on se retrouve perdus dans des branches qui ne correspondent ni à nos aptitudes et encore moins à nos choix.» La jeune bachelière avoue qu'elle aurait préféré ne pas avoir du tout son Bac, que l'avoir avec mention mais qui ne lui permet pas de choisir un domaine qui correspond au moins à son choix. «C'est un Bac fictif», lance-t-elle. «Avec mon 14,27 de moyenne, j'ai réussi à me pré-inscrire en Sciences médicales. Mais des amis disent clairement qu'il ne faut pas trop espérer», révèle de son côté Réda d'El Biar. «Le mieux que des amis de la famille pouvaient faire pour moi, c'est d'essayer une inscription en architecture ou une autre filière plus au moins intéressante à l'université Saâd-Dahlab de Blida», poursuit-il. Donc, avant même de connaître leur orientation définitive, les futurs étudiants crient déjà au scandale et cela par rapport au choix très limité qu'il ont eu dans leurs fiches de voeux respectives. L'avis des nouveaux bacheliers est également partagé par leurs parents. Le président de l'Union nationale des associations des parents d'élèves (Unape), Ahmed Khaled, estime que «les orientations des futurs étudiants seront aussi catastrophiques que celles de l'année dernière, qui étaient déjà une référence en la matière...». Les raisons de ces mauvaises orientations, M. Khaled ne les impute pas seulement au manque de places et à la politique des quotas appliquée par le ministre de l'Enseignement supérieur. «Cela commence déjà au niveau du lycée, les élèves ne sont pas placés dans la filière qui convient le mieux à leurs capacités», rapporte-t-il. Cela est, d'après lui, dû au manque de suivi des élèves de la part de leurs encadreurs mais aussi de leurs parents. «C'est cette situation qui fait que des milliers d'étudiants sont exclus chaque année des bancs de l'université», déplore M. Khaled. Pour parer à ce problème qui gangrène l'Université algérienne, Ahmed Khaled préconise la création d'un comité mixte, ministère de l'Education/ministère de l'Enseignement supérieur qui s'occupera du suivi et de l'orientation des étudiants et cela, au milieu de leur parcours scolaire. Abdelmalek Rahmani, coordinateur national et porte-parole du Conseil national des enseignants du supérieur- (Cnes), estime que la logique des choses fait que les nouveaux bacheliers ne peuvent pas tous avoir l'orientation qu'ils souhaitent. «L'orientation est dictée par le nombre de places pédagogiques disponibles, mais également par un facteur limitant qui n'est autre que les besoins économiques de l'Algérie», signale-t-il. «Il faut ajouter à cela les 10 ans de guerre civile où l'économie algérienne était à néant, et où le FMI nous interdisait d'investir dans les structures de l'enseignement supérieur. Ce n'est donc que ces dernières années qu'on est en train de rattraper le retard accumulé», indique-t-il. C'est ce qui le pousse à demander aux jeunes étudiants d'être patients et ne pas se comparer aux pays développés parce que la situation n'est pas la même. «C'est vrai que tout n'est pas parfait, mais il faut quand même être honnête envers nous-mêmes, l'Etat est en train de consentir d'énormes efforts pour améliorer la situation de l'université. La preuve réside dans les nombreux campus universitaires qui sont en train d'être construits à travers tout le territoire national», souligne-t-il. Il appelle de ce fait tous les acteurs de l'Université, étudiants, professeurs, tutelle, à travailler main dans la main pour que les efforts de l'Etat aboutissent. De son côté, le ministère de l'Enseignement supérieur affirme que l'opération d'inscription se fera dans de bonnes conditions et que les bacheliers seront orientés selon leur mérite étant donné que toutes les dispositions ont été prises pour qu'il y ait suffisamment de places pédagogiques. Enfin, il faut rappeler que les inscriptions des nouveaux bacheliers au titre de l'année universitaire 2011-2012, se dérouleront selon un calendrier précis: la période de confirmation des préinscriptions est fixée du 18 au 20 juillet 2011. Celle des affectations et des recours en ligne est fixée du 27 au 29 juillet 2011. Le déroulement des tests d'aptitude pour les filières concernées est fixé du 28 au 31 juillet 2011. Les inscriptions définitives auront lieu du 30 juillet au 04 août 2011. Quant à la clôture définitive des inscriptions au titre de l'année universitaire 2011-2012, elle est programmée pour le 04 août 2011.
