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Convergences transcendentalement divergentes entre l'art et la religion
Deux âmes
Publié dans La Nouvelle République le 23 - 04 - 2025

De même que l'homme a, depuis la nuit des temps, voulu éblouir sa vie par la création artistique, il a aussi quêté le but de son existence par l'invention de la religion, ou plus exactement de Dieu. Mais autant, au plan de l'art, il se meut en Dieu, se transforme en son propre créateur terrestre, autant au niveau de la religion, il se métamorphose en minuscule créature totalement soumise à une divinité céleste inconnue supposément dotée de toutes les ingéniosités.
Cependant, toute création ne constitue pas un art. L'infecte production capitaliste n'est pas de l'art. Les millions d'objets fabriqués en série dans les usines ne seront jamais considérés comme des œuvres d'art (quoique certains prétendus artistes contemporains s'échinent à transformer des objets manufacturés en œuvres d'art, à l'instar de leur pionnier illuminé Marcel Duchamp, inventeur du ready-made – objet ou ensemble d'objets manufacturés sans aucune élaboration, élevé au rang d'objet d'art par le seul choix d'un artiste -, érigé en égérie de la modernité culturelle avec sa cuvette d'urinoir en faïence blanche). De surcroît, dans notre société marchande capitaliste, l'art a une valeur. C'est une marchandise culturelle. Un objet d'échange. Un produit de consommation. Or, l'art est la création de quelque chose échappant à la connaissance préalable connue du monde tel qu'il se présente à l'homme, échappant aux eaux glacées du calcul égoïste, à l'esprit de prédation et de rentabilité.
L'art relève de l'étonnement. D'une fulgurance de l'esprit livré à sa propre production imaginaire dénuée de toute métaphysique financière. L'art est l'animation d'un mystère perçu auparavant intuitivement par l'ensemble des esthètes. Mystère médiatisé par un génie, façonné par un artiste hors du commun.
En matière d'art, tout peut devenir l'occasion d'une mystérieuse créativité pour qui sait user de son esprit imaginatif. L'art est le moment de la communication originale de signes oraux ou graphiques subjectifs porteurs de messages objectifs réceptionnés positivement par la société. Pour Platon, l'art est la représentation sensible d'une Idée. Cette représentation s'inspire de la nature, fruit de l'art divin. À l'inverse de l'Utile ou du Bien, l'art, expression du sentiment du Beau et du Sublime, a la singularité d'être désintéressé. Par son existence, il n'a d'autre dessein que la pure contemplation. « Est beau ce qui plaît universellement sans concept », a écrit Emmanuel Kant dans Critique de la faculté de juger. L'art est l'expression d'une émotion liée à la passion et au pathétique, réfractaire à la raison pure et à l'entendement.
Selon Hegel, l'art sert à éveiller les sentiments, « enveloppés dans la forme la plus abstraite de la subjectivité individuelle ». L'art n'a pas pour vocation le perfectionnement moral. L'art permet de dévoiler la vérité échappant à l'entendement. Pour Hegel, l'œuvre d'art serait une manifestation du divin (ou « un absolu » », « une vérité », « l'Esprit ») qui s'opèrerait par le truchement de l'homme créateur. Il permettrait à l'esprit humain de prendre conscience de lui-même. L'œuvre d'art est « une question, une apostrophe, adressée à un cœur qui lui répond, un appel lancé à l'âme et à l'esprit », a écrit Hegel dans Introduction à l'Esthétique.
Pour Nietzsche l'art constitue l'activité métaphysique par excellence. L'artiste transcende ses limites, communie avec le monde naturel. Selon Nietzsche, la sensibilité artistique est par essence intuitive.
La connaissance qu'elle produit ne peut être conceptualisée. Nietzsche définit l'art comme une dualité : « l'apollinien », expression de l'individu, de la mesure et de la perfection.
« Le dionysiaque», fruit du chaos dans lequel l'artiste s'oublie et se dissout, à l'instar du croyant qui s'abandonne à son Dieu et se fond dans sa communauté religieuse. « Je tiens l'art pour la tâche suprême et l'activité proprement métaphysique de cette vie » (La Naissance de la tragédie).
Quoi qu'il en soit, parce qu'il est l'expression d'une subjectivité imaginaire, bien que partagé par une partie de la population, l'art n'est pas révolutionnaire. Sa nature subjective lui ôte toute dimension subversive. À cet égard, il constitue un puissant ferment idéologique de manipulation pour les gouvernants.
Au demeurant, la religion constitue également une forme d'art. Par ses énoncés suggérés, invisibles (divin, spiritualité, croyance), exprimés par des dispositifs rituels, la religion s'apparente à l'art, également très friand d'expressions suggestives, invisibles, interprétatives.
L'art comme la religion relève du sentiment : respectivement du sentiment de croyance en la Beauté et en Dieu. Au reste, comme on l'a relevé plus haut, jusqu'à l'époque moderne, nos prédécesseurs ne faisaient pas de distinction entre art et religion. Ces deux entités, aujourd'hui tenues pour distinctes, étaient très apparentées. Elles ne faisaient qu'Un, dans une sorte de monisme de la pensée, de monothéisme de la croyance religieuse esthétisée ou d'esthétique religieuse.
Cette parenté entre religion et art tient au fait qu'ils s'adressaient aux mêmes registres de la sensibilité humaine, et à leur origine commune dans la conscience humaine en quête de transcendance. Si, avec l'art, on invoque l'« inspiration » pour expliquer le phénomène de la créativité, avec la religion on évoque la « révélation » pour décrire le processus de création, apparition, inondation spirituelle.
À notre époque marquée par la vénalité, la société capitaliste contemporaine a érigé le principe du respect des droits d'auteur en culte sacrée inviolable.
Telle ne fut toujours pas la règle dans les anciennes formations sociales. Pour ces sociétés, personne ne crée jamais rien de toutes pièces, ex nihilo. Elle bénéficie des procédés artistiques empruntés aux créateurs antérieurs, patrimoines appartenant à toute l'humanité dotée de l'esprit créatif. Aussi, ne peut-il se prévaloir de l'exclusivité de la propriété de son œuvre.
Pétrie d'humilité, façonnée par l'esprit collectif, l'ancienne société considérait tout nouveau créateur comme l'héritier naturel de l'ensemble des artistes. Pour elle, certes l'œuvre d'un nouvel artiste confère à sa création un tour personnel, mais son œuvre porte indéniablement la griffe d'un Autre : ses maîtres.
L'artiste-artisan n'est qu'un simple successeur, enfantant une œuvre artistique fécondée en vrai par les semences de ses maitres-d 'œuvres de son apprentissage, véritables géniteurs culturels collectifs anonymes.
En effet, dans les anciennes sociétés, les artistes avaient un statut d'artisan et appartenaient à une guilde, produisaient en série des œuvres répondant avant tout à une attente sociale. L'œuvre, souvent sans signature, n'était pas considérée comme unique ou originale, mais comme un objet d'artisanat, susceptible d'être gratuitement copié ou reproduit.
Plus globalement, l'art, en tant que création esthétique, a toujours été soumis aux contraintes morales et religieuses. En effet dans les anciennes sociétés, la création artistique ne pouvait s'épanouir que dans le respect des restrictions imposées par la morale et la religion, toutes deux confondues et associées.
À cet égard, en matière d'art, on peut distinguer les sociétés où règnent les religions iconophiles et les autres où prédominent les religions iconophobes, autrement dit hostiles à l'image. Avec les premières où prévalent l'hindouisme, le bouddhisme, le christianisme orthodoxe, le rapport à la figuration est valorisé.
En revanche, avec les autres, en particulier le judaïsme et l'islam surtout, le rapport à la figuration est très restrictif, abstinent, voire hostile.
De manière générale, au plan politique, par sa puissance de suggestion émotionnelle, l'art constitue un instrument efficace de propagande. Au service du Pouvoir, il peut, au même titre que la religion, servir de moyen d'asservissement, de manipulation des consciences, en résumé, d'aliénation.
Grâce à ses capacités suggestives, à ses prédispositions émotionnelles, l'art peut constituer un outil efficient de manipulation de la raison, de subversion réactionnaire de la logique. Entre les mains de la classe dominante, l'art peut également œuvrer à l'assujettissement de l'individu, à l'aliénation de la classe sociale opprimée soumise par ailleurs aux canons culturels de l'idéologie des classes possédantes.
De fait, l'art est l'expression du réel ressenti par l'homme.
Aussi, modelé par les artistes représentant les classes laborieuses, contribue-t-il à dévoiler les tourments intérieurs de l'homme, à démystifier les contradictions sociales, souvent opacifiées par l'idéologie dominante, pour leur donner artistiquement une lumière subversive culturelle scintillante de véracité.
Aussi, l'art, pour les classes populaires opprimées, peut-il représenter un canal d'expression de révolte très puissant. Permet-il par divers moyens artistiques d'exprimer les contradictions sociales et de porter sur le devant de la scène leurs souffrances.
Cependant, cet art populaire exprimé de manière marginale est souvent victime de récupération idéologique opéré au moyen de la corruption vénale, par les pouvoirs dominants, pour lui ôter sa substance subversive, sa fibre révolutionnaire.
Aussi, par sa corruption mercantile, l'art populaire finit-il par tomber dans les rets de l'idéologie dominante. Par suite, perd-il son tranchant révolutionnaire. De même la religion, quand elle est manipulée par les forces obscures, devient-elle un instrument politique réactionnaire et funèbre.
Suite et fin…


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