Le gâteau est très gros. Infrastructures militaires, sanitaires, industrielles, urbaines sont à reconstruire. La reconstruction de la Libye et ses richesses pétrolières constituent-elles l'enjeu de la partie guerrière engagée contre le régime dictatorial de Mouamar El Gueddafi? C'est ce que soutiennent en effet nombre d'observateurs, relevant que la course des multinationales pour la reconstruction des infrastructures de base de la Libye et le contrôle de l'or noir sont la principale problématique engendrée par la crise libyenne surtout pour le CNT. Aussi, l'état actuel de la Libye donne le coup d'envoi à une course farouche entre les multinationales qui, d'ores et déjà, sont aux aguets. Des groupes internationaux, français, anglais, américains et chinois et d'autres encore prospectent le marché libyen et cherchent à conclure des accords avec les futurs chefs, voire dirigeants de la Libye. A ce sujet, le ministre des Affaires étrangères françaises est catégorique quant aux desseins inavoués de la France derrière son aventure guerrière en Libye. «L'intervention de la France en Libye est un investissement sur l'avenir», a estimé, vendredi, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, dans un entretien accordé au quotidien français, Le Parisien. Interrogé sur le coût de l'opération militaire française, en cours en Libye, le ministre de la Défense français parle d'un million d'euros par jour. «Je fais remarquer que l'intervention française en Libye est aussi un investissement sur l'avenir», a-t-il encore soutenu. C'est dire donc que le coût de l'intervention française en Libye a atteint jusqu'ici quelque 150 millions d'euros, après 5 mois. Dans ce contexte, les convoitises sont évidemment légion. D'ores et déjà, l'italienne ENI a pris ses marques. En contact direct et quasi quotidien avec les chefs rebelles depuis avril, la compagnie n'a pas l'intention de se laisser voler la première place en matière d'investissements. Mais d'autres sont aussi sur les rangs. La Chine et la Russie, en revanche, vont devoir batailler ferme, et multiplier les offensives diplomatiques. Explication: toutes deux ont préféré s'abstenir lors du vote de mars dernier du Conseil de sécurité de l'ONU sur une intervention en Libye. Partenaires de premier plan avant la guerre, Pékin et Moscou pourraient bien avoir perdu la course à l'investissement en Libye, où le gâteau est très gros. Infrastructures militaires, sanitaires, industrielles, urbaines sont à reconstruire. Les chantiers sont ouverts à long terme. «Tous les contrats conclus avant le conflit seront honorés, qu'ils concernent la reconstruction des infrastructures de base, le complexe pétrolier et gazier, ou la sous-traitance. Le rôle de ce gouvernement n'est pas de choisir de révoquer le moindre contrat», a affirmé Ahmed Jehani, membre du CNT. Par ailleurs, il faut dire que l'Europe ne pourrait pas se passer du pétrole libyen, sachant que la Libye constitue la principale réserve de pétrole d'Afrique avec 44 milliards de barils et qui exportait 80% de son or noir vers l'Europe, en particulier vers l'Italie et la France. Contrôler donc les ressources énergétiques, de par le monde, avait déjà conduit l'ex-président des Etats-Unis d'Amérique, George W. Bush, à déclarer la guerre contre l'Irak, sous divers fallacieux prétextes. L'Irak a été détruite, puis plongée dans une impasse économique et politique. Son pétrole s'est retrouvé entre les mains des multinationales, lesquelles se sont également offert la reconstruction de ce pays à des montants se chiffrant en milliards de dollars. Le même scénario est prévisible, voire en cours d'application en Libye, où le président français, Nicolas Sarkozy, veille à son exécution d'où, certains responsables italiens accusaient ouvertement, tout au début de la révolte contre le régime de Mouamar El Gueddafi, Paris de chercher à prendre leur place dans le secteur pétrolier libyen. «Les Français sont partis au pied levé et nous risquons de perdre pétrole et gaz, en Libye», avait déclaré Paolo Scaroni, chef de la Ligue du Nord. La chute d'El Gueddafi et son régime et une prise du pouvoir par l'insurrection organisée par le CNT devraient se traduire par une augmentation substantielle des «parts» de la France dans le domaine pétrolier libyen. En termes économiques, la France avait tout intérêt à pousser vers une guerre et destituer l'ex-guide de la Libye.