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«Notre tragédie a servi de leçon au monde»
ABDELAZIZ RAHABI, ANCIEN MINISTRE, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 17 - 01 - 2012

«En Algérie, les islamistes sont déjà dans l'exercice du pouvoir»
Abdelaziz Rahabi, ancien ministre de la Culture et de la Communication s'exprime sur les différentes questions d'actualité politique, en particulier le processus des réformes. Sur ce point, notre interlocuteur estime que les nouvelles lois n'ont pas introduit des dispositions de nature à renforcer les libertés individuelles et collectives. Pour lui, la réforme est un saut qualitatif, ce sont des garanties supplémentaires. Ce sont n'est ni le cas du Code de l'information, ni celui sur les partis politiques. Ecoutons-le.
L'Expression: La scène politique a connu durant l'année 2011 des bouleversements caractérisés par le lancement du chantier des réformes. Comment évaluez-vous ce processus?
Abdelaziz Rahabi: En réalité, l'emballement de la classe politique n'est pas du fait de l'agenda de la politique interne, même si cela coïncide avec les élections, mais plutôt de l'accélération de l'Histoire dans notre région. Ce sont les révoltes dans le Monde arabe qui ont accéléré la nécessité d'engager des réformes chez nous. La nature et le rythme des réformes sont beaucoup plus déterminés par ce qui se passe dans le Monde arabe que par ce qui se passe chez nous.
Certains disent que nous n'avons pas attendu le Printemps arabe pour engager des réformes, référence faite aux événements d'Octobre 88...
En Algérie, le pouvoir politique qui a toujours considéré officiellement les événements d'Octobre comme des problèmes de clans à l'intérieur du système, fait une sorte de réhabilitation de ces événements pour déconsidérer comme étant l'expression du Printemps algérien. Il y a une sorte de récupération des événements d'Octobre. Nous avons changé de discours sur ces événements. Parce qu'il y a des révoltes dans le Monde arabe, du coup, Octobre retrouve une certaine légitimité après avoir été considéré comme un chahut de gamins ou l'expression d'une lutte au sein du pouvoir.
Selon vous, ces réformes consacrent-elles réellement une ouverture démocratique?
Ces réformes sont en deçà des garanties démocratiques données par la Constitution de 1996. Celle-ci mettait fin à la présidence à vie en Algérie, celle de 2009 la consacre. Les révoltes dans le Monde arabe se sont faites essentiellement contre la présidence à vie, la corruption et pour les libertés démocratiques. Les lois n'ont pas introduit des dispositions de nature à renforcer les libertés individuelles et collectives. La réforme c'est un saut qualitatif, ce sont des garanties supplémentaires. Ce n'est ni le cas du Code de l'information, ni celui sur les partis politiques. De toute façon, la densité et le niveau des réformes se mesurent à la volonté politique des dirigeants. Malheureusement chez nous, les réformes ne sont pas le fait d'un processus pacifique. Si l'on observe l'histoire du pays, les réformes sont faites de manière violente.
Octobre a donné la Constitution de 1989 qui a introduit le multipartisme et l'ouverture de la vie politique et sociale. Or, Octobre n'est pas le fruit d'un processus pacifique de la société, mais une rupture violente dans la vie politique et sociale de la nation. En un mot, nos réformes ne sont pas programmées. Aujourd'hui, nous ne pourrons plus être maître de notre propre agenda politique. Ce sont les situations nouvelles en Libye, en Egypte et en Tunisie qui ont accéléré le débat sur les réformes politiques.
Les démocrates se font de plus en plus rares au moment où on assiste à une percée des courants islamistes. Pourquoi ce silence?
Il n'y a pas eu de vie politique depuis 10 ans. Pourquoi? Parce que les décideurs politiques en Algérie ont fait une évaluation selon laquelle, c'est l'ouverture démocratique qui est à l'origine de la crise sécuritaire en Algérie. En conséquence, il fallait fermer le jeu politique. Cela a désavantagé uniquement le bloc démocratique qui n'avait plus d'espace d'expression. L'action politique des démocrates ne peut se faire que dans des espaces d'expression libre.
Or, il n'y a pas eu d'agrément de nouveaux partis politiques, les réunions sont interdites, l'accès aux médias est réservé aux circonstances, c'est-à-dire les élections. La démocratie ne s'accommode pas de l'action clandestine. Il y a, il faut le reconnaître aussi, une forme d'atomisation du bloc démocratique qui peut avoir une ou deux explications. La première: c'est la recherche de leadership chez les démocrates. La seconde: c'est le schisme, une des tares du système algérien, l'atomisation. C'est une tare historique depuis le Mouvement national.
Le FFS n'a pas encore tranché sa participation aux législatives. S'il participe, apportera-t-il un plus à cette élection?
En réalité, le FFS est victime d'une sorte d'ostracisme politique depuis 1963. On ne peut pas envisager une vie politique en l'absence de la première force politique de l'opposition en Algérie. Et celui qui l'a compris, c'est le président Zeroual.
Ce dernier faisait de la participation du FFS une de ses premières priorités. Aujourd'hui, en 2012, le FFS peut être le rassembleur ou le principal animateur du bloc démocratique. C'est autour du FFS que le bloc démocratique peut faire valoir son programme, sa place et son projet de société.
Plusieurs responsables politiques écartent une victoire islamiste, comment interprétez-vous ces affirma-tions?
Nous ne pouvons pas préjuger sincèrement et honnêtement du niveau de progression du vote islamiste. Il faut laisser les urnes déterminer la réalité du vote et respecter la volonté des Algériens. Le vote se fera en fonction des capacités de mobilisation de chacun.
Y a-t-il des chances que le scénario de 1990 se reproduise?
Non. Du moins, moi, personnellement je le crois totalement. Pourquoi? Il y a des changements majeurs qui sont intervenus aussi bien sur le plan national qu'international. Il y a une sorte de convergence internationale dans tout le monde musulman autour des idées de liberté et de dignité. Et les islamistes acceptent cette nouvelle réalité internationale. L'expérience de la crise politique algérienne est là. Les islamistes ont une très grande responsabilité parce que Abassi Madani et Ali Benhadj n'ont pas dénoncé le recours à la violence comme moyen d'accession au pouvoir. Cette expérience a servi de leçon aux islamistes dans le monde entier. Dans le monde musulman, notre tragédie est considérée comme un contre-modèle. En Algérie, les islamistes sont déjà dans l'exercice du pouvoir depuis le gouvernement de 1996. Ils étaient avec moi au gouvernement.
Certains partis de l'opposition réclament un gouvernement neutre pour assurer des élections transparentes, selon vous ce changement est-il indispensable?
Il n'est pas indispensable parce que nous avons eu l'expérience de 1999. L'opposition avait réclamé des ministres neutres dans certains départements, à savoir la communication, la justice et l'intérieur.
Ceci n'est pas un gage de transparence. La transparence ne peut être garantie que si tout le processus sur le plan administratif et technique donne des garanties de transparence. Ce n'est pas la présence des ministres neutres qui va garantir la transparence.
Des urnes transparentes et des observateurs étrangers, des magistrats indépendants (?), ces mesures sont-elles suffisantes pour garantir une élection sans fraude?
Je ne pense pas que nous puissions organiser des élections transparentes à 100%. Parce que nous n'avons pas les traditions. Mais, si nous devions commencer à le faire, il faudrait s'en féliciter. Pourquoi on ne peut pas le faire? Je m'explique: lorsque nous avons 50.000 bureaux de vote, quel est le parti politique qui peut mettre un observateur dans chaque bureau de vote, à part l'administration. Tout le jeu est là.
L'actuelle assemblée a été élue avec moins de 35% du suffrage universel. L'abstention jouera-t-elle encore un rôle en 2012?
Inévitable! L'abstention risque d'être forte. Le taux de participation crédibilise le processus électoral. Certes, il n'est pas le seul, il faut la régularité, la transparence.
Les Algériens ne votent pas, en général, dans les élections législatives parce que ce n'est pas une élection qui a des enjeux locaux. Ils considèrent que le député est une promotion personnelle et non pas une solution à leur problème.
Le député ne donne pas le sentiment de défendre les citoyens. Donc, en grande partie le niveau de mobilisation des moyens financiers, c'est-à-dire l'argent va déterminer pour une grande part la mobilisation de l'électorat. C'est une donne qui est nouvelle dans la politique, je pense qu'on n'en parle pas suffisamment.
C'est une réalité, l'argent est devenu un acteur déterminant dans les élections en Algérie. La preuve, on ne parle jamais de programme mais on parle d'argent, de clan, de tribu.
La situation sur le front social s'aggrave de plus en plus, des émeutes se poursuivent sans discontinuer; comment expliquez-vous ces tensions?
En réalité, notre plus grand problème, c'est que nous ne créons pas d'emploi. Nous n'avons pas su créer une richesse. En plus clair, nous n'avons pas su passer d'une économie socialiste centralisée à un tissu de petites et moyennes entreprises qui correspondent parfaitement à notre sociologie. Le grand échec économique de l'Algérie, c'est la petite et moyenne entreprise. Nous devons admettre que les banques ne jouent pas le jeu, alors que seules les entreprises peuvent créer la richesse et non pas l'Etat. Malheureusement, nous avons un Etat riche et des entreprises pauvres. Nous sommes dans une perspective de l'Etat rentier. Nous importons pour 45 milliards de dollars et nous ne créons pas d'entreprises. Laissons les Algériens s'enrichir au lieu d'enrichir les étrangers.
Quelle lecture faites-vous du nouveau Code de l'information? Comment l'appréciez-vous en tant qu'ancien chargé de la communication au gouvernement?
Les lois sont l'expression de la volonté politique, mais également des rapports de force au sein du pouvoir. Aujourd'hui, ces rapports ne sont pas en faveur de la liberté d'expression. Le code se résume à organiser la presse écrite et néglige un aspect stratégique qui est celui de l'audiovisuel. Ce que je crains vraiment le plus, c'est une accentuation de la dépendance de l'Algérie en termes de production audiovisuelle. Nous sommes des consommateurs nets de programmes d'information et de distraction. Donc, l'imaginaire de nos enfants est formaté par des étrangers et l'opinion des adultes également. Dans ces conditions, nous ne pouvons pas parler de pleine souveraineté.


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