Les magistrats tunisiens ont manifesté mercredi leur mécontentement dans les tribunaux pour protester contre le retard pris par le gouvernement à appliquer des réformes garantissant l'indépendance de la magistrature, a annoncé la présidente de l'Association des magistrats tunisiens (AMT). «A l'appel de l'association nous porterons le brassard rouge durant une semaine pour dénoncer les tergiversations du gouvernement », a déclaré Kalthoum Kanou. «Ces réformes doivent garantir l'indépendance de la magistrature », a-t-elle ajouté exprimant un «sentiment général de déception » parmi les magistrats «qui n'ont rien vu venir ». «Rien n'a changé, les pratiques de l'ancien régime sont toujours là », a déploré Mme Kanou exprimant des doutes sur «l'intention du gouvernement à introduire des réformes ». L'AMT dénonce en particulier «la lenteur non justifiée » dans la promulgation d'une loi portant création d'une instance provisoire indépendante de la magistrature et rejette la tutelle du ministère de la Justice. En outre, Mme Kanou a souligné que l'AMT rejetait «toute mutation dans le corps des magistrats qui sera décidée en dehors de cette instance » ou «sans concertation » avec les représentants de la profession. Elle a aussi déploré «la détérioration des conditions de travail dans les tribunaux et la dégradation des conditions matérielles et sociales des magistrats ». L'AMT était devenue critique durant les dernières années de règne de Ben Ali qui a fui son pays le 14 janvier 2011 sous la pression d'un soulèvement populaire sans précédent. Plusieurs de ses membres parmi lesquels la présidente actuelle avaient subi des pressions, des sanctions et des mutations disciplinaires.
