Au grand dam des commerçants, le Ramadhan 2012 est celui de la consommation...normale. Chose difficile à croire mais pourtant cela semble être vrai. La consommation a baissé durant ce Ramadhan. C'est du moins le constat fait par des grossistes et des détaillants en alimentation générale. Ces commerçants rencontrés dans différents quartiers de la capitale assurent, à leur grand dam, que la razzia ramadhanesque des années précédentes n'a pas eu lieu durant cette décade ramadhanesque. «On s'attendait, comme chaque année, à une forte augmentation de notre chiffre d'affaires, malheureusement pour nous, on a été pris à contre-pied», révèle Kamel, propriétaire d'une supérette à Rouiba dans la banlieue Est de la capitale. «Mise à part la razzia de la veille et des deux premiers jours du Ramadhan, nos ventes ont baissé», ajoute ce commerçant qui prend à témoin un de ses distributeurs. «Tu te souviens combien de fois par semaine, tu nous ravitaillais en tomate en conserve le Ramadhan dernier?» demande Kamel à son distributeur. «Oui, 5 à 6 fois par semaine alors que cette année je ne t'ai re-approvisionné qu'une seule fois en 10 jours», lui répond-il. «Tu n'es pas le seul, tous mes clients ont diminué leurs commandes pour les mêmes raisons», atteste ce distributeur de tomate en conserve. Cette brève discussion avec ce commerçant nous a poussé à creuser un peu plus la question en faisant la tournée des grossistes et détaillants de la capitale. Cette virée dans les commerces de la capitale indique que le constat fait par Kamel est...général. Les commerçants sont formels «les Algériens mangent sans commettre d'excès cette année». Ainsi, nous avons constaté que même avant le f tour, il n'y avait pas la «même» précipitation et engouement dans les magasins. Et les clients présents se contentent du strict minimum. «Les yaourts et les fromages, particulièrement les camemberts, pour lesquels c'était la bagarre, ne se vendent pratiquement plus», atteste Hamid propriétaire d'une alimentation générale au centre d'Alger. «La consommation excessive qui faisait loi durant le Ramadhan, n'est plus de rigueur», garantit-il. «Les autres années, tout ce qui se mangeait se vendait. Ce n'est plus le cas», confie-t-il. «Seule la vente d'eau et de limonade a relativement augmenté durant ce Ramadhan», atteste-t-il. «Et encore ce n'est rien par rapport aux autres années», poursuit-il. «Mon chiffre d'affaires n'a pas bougé. C'est le même qu'avant le Ramadhan ce qui me fait déduire que mes clients sont revenus à une consommation normale», estime-t-il. Les Algériens semblent donc avoir pris conscience quant à l'excès de consommation pendant le mois sacré du jeûne en adoptant une consommation normale. Pas si sûr que cela! Car le malheur des uns, fait le bonheur des autres. Au moment où les épiciers et autres magasins d'alimentation comptent les mouches, les bouchers et pâtissiers eux comptent les taureaux des billets de mille dinars. En effet, pour eux les affaires marchent très fort. Leur marchandise s'écoule comme des petits pains et les clients ne cessent d'augmenter de jour en jour. C'est la même chose pour les vendeurs de glaces qui sont pris d'assaut après le Ramadhan. Alors pourquoi les commerçants en alimentation générale n'ont pas eu droit à leur part du gâteau du Ramadhan. Ne sont-ils plus à la mode? Djamel, gérant d'une supérette, incombe cette baisse des ventes à la chaleur. «Il fait trop chaud, les Algériens ne consomment que des trucs légers comme des grillades et des salades avec leur chorba et leur bourek», estime-t-il. «Déjà manger un deuxième plat, mis à part la chorba et le bourek, est difficile pour beaucoup d'entre-nous», certifie-t-il. «Regardez juste autour de vous, vous connaissez beaucoup de personnes qui arrivent à manger plus d'un plat pendant le Ramadhan?», nous demande-t-il. «La chaleur influe sur notre organisme ce qui fait qu'on mange très peu et on grignote le soir des trucs légers comme des gâteaux ou des glaces. Ce qui fait que les gens achètent plus ce genre d'aliments qu'autre chose», conclut-il. Les habitudes de consommation des Algériens sont donc aussi imprévisibles que les Algériens...