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Pôle de recherche dans les énergies renouvelables
GHARDAIA, VILLE UNIVERSITAIRE
Publié dans L'Expression le 18 - 10 - 2012


La capitale des Mozabites en plein essor
«Il n'y a pas de vents favorables pour ceux qui ne savent où aller» Sénèque l'ancien
Du 15 au 17 octobre s'est tenu à Ghardaïa, à l'initiative de l'unité de recherches en énergies renouvelables de Ghardaïa, le deuxième Séminaire international sur les énergies nouvelles et renouvelables. L'objectif de ce deuxième Séminaire international sur les énergies nouvelles et renouvelables qui devait se dérouler à l'Unité de recherche appliquée en énergies renouvelables de Ghardaïa est de mettre le point sur l'état d'avancement des travaux de recherche dans le domaine des énergies nouvelles et renouvelables. Un atelier spécial sur la Biomasse énergie animé par des spécialistes nationaux et étrangers a permis d'ouvrir de nouvelles perspectives. Cette rencontre scientifique se veut être une tradition pour favoriser les échanges entre chercheurs des différents laboratoires dans le domaine des énergies renouvelables, d'une part, et des industriels et décideurs oeuvrant dans ce domaine, d'autre part.
Il m'a été donné - à l'invitation de la présidente du Conseil scientifique de ce séminaire, le docteur Chader Kerdjou, par ailleurs directrice de l'Unité de recherche de Ghardaïa- d'intervenir sur une conférence à caractère général sur l'énergie et que j'ai intitulée «Les défis énergétiques mondiaux: le développement durable en Algérie».
Etat des lieux planétaire, anomie et perspectives sombres
J'ai d'abord procédé dans mon intervention à un état des lieux de la planète du point de vue de l'énergie et des changements climatiques, de la pénurie des matières premières. L'histoire de l'humanité est aussi celle de la maîtrise de l'énergie et de la découverte du feu puis de l'électricité. Si la découverte du feu s'est faite, dit-on, il y a près de 700.000 ans, la découverte de l'électricité s'est faite il y a à peine un siècle et demi. L'addiction au pétrole est génératrice de déséquilibres immoraux. Un Somalien consomme en énergie en une année ce que consomme un Américain en une semaine. Un plein de 4X4 en biocarburant à partir du maïs peut nourrir un Sahélien pendant une année... De plus, après plus d'un siècle d'augmentation importante de la production et de la consommation de pétrole, la Terre s'essouffle et la notion de pic de production, autrefois ignorée, s'impose comme une réalité inéluctable. Cette tension se manifeste d'ores et déjà à travers le déploiement de techniques d'extraction demandant toujours plus d'investissements, d'énergie et de matériaux. Quid des énergies alternatives? Même si elles sont développées à un rythme soutenu, elles ne pourront pas compenser le déclin de la production de pétrole, que ce soit en quantité ou en coût de production.
J'ai traité ensuite du futur à 2030, 2050 avec en toile de fond, une crise de l'énergie, une crise de l'eau,une débâcle climatique maintenant que le voeu pieux de ne pas dépasser les 2°c appartient au passé. Aucune solution de substitution aux carburants liquides n'est disponible en quantité suffisante pour satisfaire la demande boulimique d'un monde industrialisé en pleine addiction pétrolière A l'avenir, nous disposerons fatalement de moins d'énergie et de ressources alors que nous sommes de plus en plus nombreux sur Terre et que les pays émergents sont en phase d'industrialisation rapide. Nous allons inéluctablement vers des chocs dus à la pénurie d'énergie, d'eau, de matières premières et ceci du fait qu'il n'y a pas de décrochage entre l'addition du pétrole et la croissance et que, de plus, les énergies renouvelables sont insuffisamment développées. 2030 sera comme 2012, (80% de l'énergie sera encore d''origine fossile, les perturbations climatiques seront de plus en plus récurrentes. Ceux qui en souffriront seront les pays du Sud. Bref, ce ne sera pas la joie! Un aperçu de ce futur apocalyptique sera vraisemblablement boosté au choc des civilisations induit par une mondialisation laminoir et un néolibéralisme conquérant et même un prosélytisme débridé.
Dans cette partie, j'ai décrit les défis qui nous attendent. En Algérie, d'énormes chantiers existent en essayant de régler, quoique d'une manière sectorielle, les problèmes environnementaux. Les efforts consentis sont louables mais encore insuffisants et manquent de cohérence d'ensemble. Le fait est là, nous extrayons du pétrole et du gaz bien au-delà de notre capacité d'absorption de l'argent de la rente. Ce qui amène inéluctablement à un tarissement précoce. L'AIE parle de 2030 et pense que l'Algérie a dépassé son peak oil en 2006. Faut-il alors stocker des dollars qui s'effritent dans les banques ou laisser cette ressource dans le sous-sol en pensant à demain? De plus, la problématique environnementale n'est pas prise en compte fondamentalement.
J'ai martelé que notre pays a besoin d'une stratégie d'un cap. Il faut une utilisation raisonnable de l'énergie et de l'eau. L'Algérie n'est pas indemne des changements climatiques. Des études menées par le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), ont fait part du danger imminent qui guette la planète et naturellement l'Algérie. Il y a un double risque. En premier lieu, il s'agit de changements intempestifs (des pluies torrentielles qui seront suivies immédiatement par une sécheresse). Secundo, il est question du stress hydrique. D'où la nécessité d'économiser l'eau car les barrages, aussi utiles soient-ils, demeurent, à eux seuls, insuffisants. Entre autres solutions, j'ai insisté dans le cadre d'une stratégie énergétique à mettre en oeuvre, d'aller dans les meilleurs délais, vers la vérité des prix de l'eau. Cela participe à diminuer l'impact de l'empreinte écologique de l'homme sur l'environnement. Chaque citoyen algérien gaspille une moyenne de 4 tonnes de CO2 par an. Aussi, je propose de se pencher vers le «Sirghaz» en ce qui concerne les voitures. Une chose est sûre, l'Algérie a besoin d'un modèle énergétique qui nous permette de tracer un cap pour les 20 prochaines années. Les études sur le climat ont récemment révélé que la température de la Terre dépassera les deux degrés. On parle de trois à quatre degrés. Il est certain que l'Algérie sera affectée.
L'écologie, la préservation de nos ressources est l'affaire de tous. Dans ces conditions il ne peut y avoir de futur pour l'Algérie sans une vraie politique énergétique du pays qui ne se base pas sur les prix de revient réels. «Tant qu'on ne se basera pas sur les prix de revient réels de l'eau et de l'électricité, nous n'avancerons jamais. Savons-nous que le prix du carburant est le plus bas d'Afrique, même dans les pays pauvres?»
Après un état des lieux sans complaisance par des experts Les états généraux de l'énergie doivent être mis en place au plus vite pour préserver l'avenir des générations futures. Le développement durable est un défi que devra relever l'Algérie si elle veut continuer à exister. Il s'agira de lutter contre le gaspillage de l'énergie sous toutes ses formes «Consommez moins, pour consommer mieux» tel devrait être notre crédo. Nous devons nous mettre à l'économie d'énergie (électricité, eau, gaz, carburant,...) pour diminuer nos besoins. Nous gaspillons environ 20% d'énergie soit l'équivalent de 7 millions de tonnes de pétrole soit encore 50 millions de barils soit encore à 5 milliards de dollars, à 100 dollars le baril. Réfléchissons à ce que nous pourrions faire avec cet argent: plusieurs universités de qualité qui seront le vrai socle de l'économie de la connaissance et pourront aider le pays de tourner le dos à la rente et à la malédiction du pétrole.
Il nous faut mettre fin à consommation abusive de carburant pour stopper la pollution qu'il engendre. «Il est temps de rouler propre, pour cela, nous devons mettre fin au pétrole dans les transports», il faut envisager le passage graduel d'une parti du parc roulant au GPL (Sirghaz) ou au moins à la double carburation». Les voitures qui consomment beaucoup et dégagent de grandes quantités de CO2 devraient être bannies! Il faut au moins se mettre aux normes européennes qui sont de 120 g de CO2/km». Développer les transports en commun, encourager leur utilisation et inciter les gens au covoiturage, sont de petits gestes simples qui préserveront l'avenir de nos enfants. Nous avons abandonné l'écologie. L'écologie, la préservation de nos ressources est l'affaire de tous, il y a de nouveaux comportements que la société doit s'approprier.
Il faut penser aux générations futures. Notre meilleure banque est notre sous-sol, les gaz non conventionnels, outre le fait qu'ils donneraient lieu à un désastre écologique, ont une technologie qui n'est encore pas mâture. Annoncer de mirobolants gisements (7000 milliards de m3) est de mon point de vue un mauvais signal que nous donnons aux citoyens qui ne seront pas incités à l'effort pour sortir de la malédiction de la rente. Les gaz de schiste devraient être pour nous un capital à ne pas toucher et à garder pour les générations futures, ils pourront être exploités quand la technologie sera mature, notamment en termes d'utilisation d'eau et de respect de l'environnement. Cette stratégie énergétique devrait déboucher sur un «bouquet énergétique», l'Algérie a besoin de mettre en place un mix énergétique pour faire face aux défis de demain: «Nous avons une génération devant nous pour réussir cette transition énergétique, en allant résolument vers le développement durable.» L'université à travers la formation des hommes doit être la cheville ouvrière d'un développement endogène. Il nous faut former des milliers d'ingénieurs et de techniciens. Pour cela il faut réhabiliter ces formations.
Les autres problématiques abordées
Les autres conférences ont porté sur des problématiques diverses liées aux énergies renouvelables. Ainsi, le professeur Rachid Benchrifa de Rabat a fait une intervention remarquable sur le développement du réseau intelligent de transport de l'électricité, pour une meilleure intégration des énergies renouvelables. Il décrit le réseau électrique comme un système complexe qui assure le transport de l'électricité depuis les lieux de production jusqu'aux consommateurs. Pour des raisons techniques et des obligations économiques, le producteur doit équilibrer la production à tout moment pour répondre à temps à une demande en fluctuation journalière et saisonnière. Le développement croissant de l'intégration des sources énergétiques nouvelles et renouvelables à caractère intermittent exige la modernisation des réseaux énergétiques existants. Abordant le Maghreb, il pense que dans le cadre d'intégrer un marché méditerranéen d'électricité futur, les pays du Maghreb (Maroc, Algérie et Tunisie) sont appelés à lancer déjà des études économiques et sociales profondes qui accompagnent le développement du réseau électrique futur de la région et édifier une structure industrielle et commerciale de l'interconnexion maghrébine. Le Docteur Nachida Kasbadji Merzouk, directrice de L'Udes (Bou-Ismaïl), dans sa conférence «Le rôle de la recherche dans le Programme national des énergies renouvelables» a traité du problème de la recherche dans les énergies renouvelables et des ambitions de l'Algérie. Elle pense que pour la réussite du programme de développement des énergies renouvelables, le secteur de la recherche et du développement technologique doit jouer un rôle important en menant des actions ciblées Pour elle, les installations pilotes destinées à la recherche et au développement devront prendre en charge l'adaptation des technologies du Nord pour leur mise en place dans le pays.
Pour sa part, le Dr Mohamed Becherif, maître de conférences HDR ancien ingénieur de l'Ecole polytechnique d'Alger (1999), de Supelec Paris, actuellement maître de conférences à l'Université de Belfort Montbéliard a montré dans sa conférence les avantages et inconvénients des deux types de motorisation essence et pile à combustible. Si le coût de l'énergie dépensé par km avantage les piles à combustibles, le problème du stockage de l'hydrogène et de l'autonomie de ces batteries n'est pas encore à l'avantage de ces derniers.
Le professeur Mohammed Jomâa Safi de l'Ecole nationale d'ingénieurs de Tunis a traité dans sa conférence le problème du dessalement d'eau de mer au Maghreb Pour faire, déclare-t-il face à la pénurie actuelle en eau et a un éventuel stress hydrique, les pays du Maghreb ont eu recours, comme la plupart des pays du monde, au dessalement des eaux saumâtres et des eaux de mer. Il a fait le point sur les sources hydriques et les besoins en eau dans les pays du Maghreb, ainsi que sur les différents procédés de dessalement et des principales techniques utilisées de par le monde. Il propose de lancer un débat sur les perspectives maghrébines soit en réseaux différenciés (réseaux d'alimentation nationaux) soit en interconnexion maghrébine. D'autres conférences remarquables ont été données.
C'est le cas notamment de celle du Pr A. Boudghene Stambouli, de l'Université des Sciences et technologie d'Oran sur l'énergie solaire au Sahara, celle du Pr Spiros N. Agathos qui est professeur de biotechnologie et Chef de l'Unité de génie biologique à l'Université catholique de Louvain, Belgique, qui a intervenu sur le développement des photobioreacteurs. Le Pr Josep Adell, de l'université Polytechnic University of Madrid, a décrit un nouveau panneau photovoltaïque capable de s'orienter tout seul pour suivre la course du soleil et maximaliser le rendement du panneau photovoltaïque.
Plus largement, les discussions avec les collègues marocains et tunisiens ont fait apparaitre une similitude dans la perception des problèmes de l'énergie avec notamment des approches qui pourraient être optimales dans le cas d'une stratégie d'ensemble maghrébine qui permettra au Maghreb d'être une réalité tant il est vrai qu'il pourra mieux résister aux dynamiques profondes d'atomisation des pays faibles. L'exemple de l'Union européenne est à méditer: voilà 27 pays qui n'ont ni histoire commune, ni langue commune, ni culture commune ni même spiritualité commune et qui ont décidé d'unir leur destin. Méditons cette utopie d'un Maghreb des peuples fasciné par l'avenir, d'un Maghreb de l'intelligence... C'est dire si ce deuxième séminaire est une réussite. En effet, sur les 300 articles, 136 ont été retenus, indépendamment des 9 conférences faites par des experts nationaux et internationaux. Ce Séminaire international qui est une contribution à l'avenir du pays a été superbement ignoré par les médias et pourtant, c'est là que se décide l'avenir d'un pays, c'est à l'Université, c'est l'enchainement à une paillasse qui donnera une perspective au pays. Beaucoup d'initiatives sont faites mais il me semble que le plan Marshall des énergies renouvelables devrait donner lieu aussi à un resserrement des axes de recherches. Le moment est venu, de rendre plus performante notre recherche en mettant en place des pôles, par énergie renouvelable pour les chercheurs d'un domaine, de se fédérer, éviter les redondances. Nous retenons enfin de Ghardaïa, une ville touristique mais de plus en plus universitaire et de recherche ce qui augure d'un avenir prometteur pour les étudiant(e)s et les chercheur(e)s. Il est indéniable que la ville a changé d'aspect avec le dynamisme des autorités de la wilaya qui depuis quelques années ont donné une autre dimension à cette ville millénaire.


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