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PROJECTION DE LE MENTEUR DE ALI MOUZAOUI À IBN ZEYDOUN
Publié dans L'Expression le 21 - 02 - 2013

«Je pense qu'un cinéaste est celui qui fait des films. A mon âge, je ne peux pas attendre dix ans» avouera le cinéaste.
L'amour comme s'il en pleuvait jusqu'à l'overdose, jusqu'à l'aigreur, «Cinéaste mal aimé» reconnaît-il, Ali Mouzaoui a présenté hier matin à la presse son nouveau long métrage décliné à 99% en langue amazighe. Mais le problème n'est pas là. L'histoire aux allures d'arlequin, a pour toile de fond le mensonge comme subterfuge pour arriver à ses fins. En gros Lila, alias Yasmine Boukhelifa est enseignante et rêve au prince charmant serait-il de modeste condition sociale. Un jour, sa voiture tombe en panne, elle est secourue par le beau brun au sourire d'ange Abderrahamane, mécanicien de son état, qui lui fait croire qu'il est fils d'un homme d'affaires plein aux as. Un rôle de jeune premier confié à Chérif Azrou. Lila a un père officier de l'ALN, en chaise roulante, cultivé, qui lit des livres, mais nostalgique d'un passé révolu retranché surtout entre le fantôme et le souvenir douloureux de son épouse et la présence protectrice de sa fille.
Abderrahmane est issu d'une famille pauvre, son père est postier, il parle très peu, il semble presque démissionnaire. En fait il ne cautionne pas les magouilles de son fils et la complicité tacite du reste de la famille envers ce fils indigne. Si les deux héros brechtiens sont novices au cinéma, ils sont entourés de comédiens confirmés dont le rôle du père, à savoir Arslane Lerari et Zahir Bouzrar. Lila a un ami, le sémillant Majid, prof de dessin, artiste à ses heures perdues alias Farid Chari. Sa relation avec Lila est plutôt ambiguë, bien qu'elle se veuille amicale. Lila se sent proche de son camarade au tempérament solitaire. Majid est un artiste, poète au coeur blessé car sa femme, défigurée se laisse mourir pour ne pas continuer à lui pourrir la vie. Dans un ultime sacrifice, elle incite Majid à se remarier avec Lila. En somme, que de bons sentiments servis sur un plateau d'argent.
Autour, c'est la saleté, la déchéance humaine, la corruption, la drogue, l'alcool... les scènes d'intérieur semblent souvent introspectives, méditatives, soporifiquement lyriques tandis que l'extérieur est le miroir de la désolation.
Abderrahmane a deux copains loosers et espère s'en sortir en devenant le Caïd d'un gang de revente de drogue qui tourne en déconfiture. Une histoire cousue de fil blanc puisque le destin tragique du malchanceux semble tout tracé.
Ali Mouzaoui nous dépeint dans cette fresque d'une sensiblerie dramatique jusqu'à l'étranglement, un maelstrom d'états d'âme où l'issue semble fatale..
Dans ce triangle amoureux, Lila semble être le point d'ancrage vers lequel tout se cramponne, l'orbite autour duquel tourne l'axe du bien et du mal. La planche de salut des deux jeunes hommes.
Le menteur ennuie par son trop plein de dose mélancolique, un scénario qu pêche par sa lourdeur et déroute par l'incohérence de certaines de ses séquences. En fait, Le menteur semble inclassable dans son genre tant sa mise en scène surannée nous renvoie presque au mirage désuet des films des années 40 ou 50, où le héros James Dean brûle la chandelle par les deux bouts en finissant sa vie dans un accident de voiture. Ici Majid se plait à vitre sa vie intensément mais la «chkoumoun» fini par le rattraper.. «On ne peut pas faire des films si notre cinéma s'enracine dans le réel. Il faut laisser l'imagination devancer les chose, du recul pour faire des films. Le cinéma c'est quelque chose qui va au-delà du réel. Il doit bousculer l'ordre établi des choses. Copier la réalité ne m'intéresse pas (...) je pense que la Kabylie est un déversoir d'alcool. On ne peut le cacher. C'es la réalité. Les images, on doit les donner». dira le cinéaste lors du débat qui suivra le film. Il fera remarquer aussi avoir orienté son regard sur cette jeunesse qui souffre et pas seulement en Kabylie mais partout en Algérie. «cette femme souffre. Quand elle arrive à se marier, elle a flétri». Si le cinéaste veut casser les clichés, il ne sera départi pas pour autant d'un certain discours carré... Si l'imaginaire est salvateur on sera vite rattrapé par la réalité. Si l'amour est une «prison» pour Majid, ce sera «le mariage et les enfants» pour le père de Lila. Le menteur a les digressions aériennes d'un film indien et le pathos des film classiques des années 50, poussé à l'extrême par les larmes pleurnichardes de ce violon qui n'a cessé d'étaler sa misère jusqu'à la nausée.
Blouson en cuir, lunettes noires et moto, la panoplie du «voyou» comme le lâchera Lila en apostrophant son amoureux sur la plage. Celui-ci, en voulant lui prouver son amour, fait fi du danger d'une mer houleuse, court et entre tout habillé dans cette eau glacée... la seule scène où la sensualité se confond ou plutôt nargue enfin le romantisme ambiant qui règne tout au long du film en donnant de l'éclat et de la vie à ce film moribond. En effet, craignant qu'il ne soit emporté par les vagues, Lila va courir elle aussi à la recherche de son amoureux en faisant remonter sa jupe laissant entrevoir ses jambes et même ses cuisses. La suite est des plutôt inattendues: le mot «voyou!» en somme. Serait-ce un signe distinctif qui colle à la peau de notre dealer beau gosse? Pour boucler la boucle nous aurons droit au coucher de soleil et à une caresse sur la joue... pas autre chose, cela ne se fait pas chez nous. Un hors-champs noyé dans un tourbillon à l'eau de rose.. «Dans chaque oeuvre il y a des insuffisances. Si je vous disais combien a coûté ce film, vous serez étonné. Cela ne suffirait pas pour faire un clip. Or, devons-nous attendre pour avoir les moyens ou faire des films avec les moyens qu'on a? Je pense qu'un cinéaste est celui qui fait des films. A mon âge, je ne peux pas attendre dix ans. Ma mission est de filmer. Je continuerai à faire des images, c'est ce qui me hante et j'aime le faire»...


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