Rabah Adouari a été jugé pour la onzième fois (!!!). Il a encore été acquitté, donc les assassins courent... Une grave affaire criminelle relative à un meurtre volontaire avec préméditation, guet-apens et tentative de meurtre volontaire que seul l'avocat balaiera du revers de la main... Fatiha Brahimi est la présidente qui était assistée mardi dernier de Laïd Boukhobza et Ouardia Dad alors que le siège du ministère public est occupé par l'élégant Abdelkrim Guerrad décidé à ce que justice soit rendue, selon la loi... Le greffe lui est carrément lumineux où la jeune et néanmoins belle Amina Oudjer va se lever et lire admirablement l'arrêt de renvoi où il apparaît que le nommé Rabah Adaouri 1,86 m, des épaules larges, avait, le 27 novembre 1996, de nuit, participé au meurtre de quatre jeunes candidats à l'autodéfense dans la région de Sidi-Moussa (Blida). C'est un coup de fil qui a alerté les gendarmes qui ont vite rejoint Ouled Allel où l'horreur s'offrit à leurs yeux. Les terroristes s'étaient volatilisés et on mit la main sur ce Rabah que les gendarmes désigneront comme responsable du massacre. D'emblée, la présidente pose une question autour du permis d'arme à feu. Bougeant la tête, le cou, les genoux et les phalanges, l'accusé se confond dans ses réponses. On ne saura si c'est oui ou non. Ce qui poussera plus tard Maître Boulefrad à parler de dossier squelettique. Et comme pour éviter une éventuelle question gênante et donc enfonçante, il avance un argument de taille: «Allah seul sait combien de précieux services j'ai rendus aux renseignements avec qui j'ai longtemps collaboré.» «Cela ne vous donne pas un permis de tuer ou de tenter d'assassiner quiconque!», réplique la juge qui venait d'ôter sa grosse paire de lunettes de vue et de passer à l'info non-valable crachée par l'accusé qui avait, un peu plus tôt parlé d'une grave blessure causée par une balle tirée à la suite d'une rude empoignade avec un acolyte: «La balle était entrée par les parties génitales avant de ressortir par ma fesse droite. J'ai eu beaucoup de chance, je le jure» a pleuré l'accusé qui était jugé pour la...troisième fois ce mardi après le «casse et renvoi» de la Cour suprême. Les débats seront sereins même si le côté procédurial a pris le dessus sur celui des faits que balayera plus tard Maître Boulefrad qui a soulevé des tonnes de pierres dures en guise de mécontentement autour de l'instruction. Onze ans après l'abominable crime commis à l'encontre de quatre jeunes patriotes par des terroristes recueillis par les victimes à titre «humanitaire», il a tout dit devant Fatiha Brahimi la présidente du tribunal criminel de Blida qui avait écouté plus qu'attentivement le récit du témoin à la barbe poivre et sel qui a assisté cette nuit là aux égorgements, au coup de baïonnette et aux coups de klash. Il a non seulement vu et entendu ce qui s'était passé cette nuit de 1996, mais encore rappelé avec beaucoup d'émotion que le défunt patriote Chaouch n'a eu de cesse de mettre en garde ses amis et compagnons patriotes en ces termes: «Attention, les enfants, ces quatre là semblent être des terroristes! Je me méfie d'eux. Un de ces soirs, nous allons tous passer par la lame, à la suite d'un coup fourré», avait précisé le témoin qui n'a pas pu répondre par l'affirmative pour ce qui est du dévisagement des quatre fuyards cette nuit-là et pourtant il a tout vu et entendu... «Le gardien et moi, nous les avions vus courir sur la même ligne», a-t-il ajouté, laissant le tribunal criminel sur sa faim qui voulait savoir si oui ou non Rabah était avec les fuyards (tueurs de quatre jeunes patriotes) a ajouté le vieux témoin qui a dit que jamais tant qu'il vivrait, il n'oublierait le sang, la mort atroce de ces jeunes qu'on a drogués via un verre de «Tchin-Tchin», servi à satiété et donc endormis avant de les faire taire à jamais. Maître Boulefrad a relevé que le témoin n'avait pas parlé de la balle assassine qui l'a franchement privé de son «âme sexuelle» et son avocat le soulignera fort bien en n'oubliant pas d'appuyer sur le champignon de la sortie de la «route goudronnée» qui est le respect des procédures surtout, pour ce qui est de la présentation à l'audience de la fameuse arme blanche qui aurait achevé l'un des quatre jeunes en 1996, en l'occurrence Redouane, Ahmed, Allel et Makhlouf. D'ailleurs, Brahimi - Boukhobza et Dad Ouardia en magistrats aguerris ont bien suivi les pertinentes questions de Maître Boulefrad qui a g...g...à vous boucher les oreilles. «Vous vous apercevrez tout à l'heure que le procureur général se lèvera pour réclamer la tête de mon client. Non, il lui sera difficile de le faire», a dit le conseil. Tout de go, Maître Mohammed Amara, l'avocat de la partie civile dans le dossier de meurtre avec préméditation, quet-apens et tentative de meurtre a axé sa pénible intervention autour des déclarations contradictoires de l'accusé surtout et celui du non moins pénible témoignage du patriote qui connaissait les quatre victimes et cet accusé assis au box des accusés. Maître Drifa Amara venue de Sidi Moussa en curieuse pour voir de près le fonctionnement de débats en criminelle suit plus qu'assidûment. Les demandes de l'avocat de la partie civile ne se feront qu'en cas de condamnation... Debout, Abdelkrim Guerrad, le procureur général va entrer dans le vif du sujet en rappelant que les quatre jeunes candidats à l'autodéfense avaient été lâchement assassinés par quatre féroces terroristes. «Deux ont été égorgés. Un abattu par balles et le dernier achevé d'un coup de baïonnette. Le comble, c'est que ces jeunes ont été drogués avant le forfait» s'est exclamé le parquetier qui finira son réquisitoire par le très émouvant et précis témoignage de l'unique témoin encore (et heureusement) en vie. Le représentant du ministère public ne dira que ce que livrera l'arrêt de renvoi, un arrêt que plus tard, Maître Boulefrad mettra en pièces en mettant en avant le piétinement des procédures. Les procédures! Ces chères procédures qu'adorent respecter les juges du siège et à leur tête, cette vaillante, et courageuse Fatiha Brahimi qui a très bien dominé les débats juste pour que justice se fasse. D'ailleurs, il est bon de rappeler à propos de Guerrad, ce procureur qui aura tout de même excellemment participé aux longs débats de ce gris mardi de février 2013, un mardi pluvieux, froid et triste, a réussi à «chauffer» l'avocat de l'accusé qui s'est rué sur les procédures vues du côté de la défense. Guerrad a même pris une bonne minute pour rappeler le scénario de la fuite des quatre tueurs qui ont rusé en sortant du logis courant et criant à tue-tête «Les voilà! courons derrière eux. Rattrapons-les! Il ne faut pas qu'ils s'échappent! Allons-y les gars, ne les laissons pas filer!» Et ces propos avaient été dictés par l'unique témoin de cette dramatique nuit du 27 novembre 1996 à Sidi-Moussa, cette région qui a tant vécu le cauchemar, le feu, le sang, les larmes...