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Désillusion entre audace et sarcasme
JEUNESSE EN ETAT D'URGENCE, ONE-MAN-SHOW DE IDIR BENAIBOUCHE
Publié dans L'Expression le 06 - 04 - 2013


Le comédien lors d'un point de presse
Il se produira ce soir à la salle El Mougar, à partir de 17h, vous promettant une bonne heure de délire garanti.
A la vie comme à la scène, cet ancien élève de l'Ismas, 27 ans, a du flair, du bagout, pourvu qu'il soit bien pris en main et il pourra aller très loin. Comédien né, Idir Benaïbouche a donné à l'espace Plasti, mardi dernier, son nouveau spectacle. Son nom Jeunesse en état d'urgence, un one-man-show fait d'ironie à revendre, un zeste de mordant croustillant et le tout saupoudré d'une dose d'absurdité irrévérencieuse, rehaussée d'une couche d'humour noir.
Après avoir adapté sur les planches la nouvelle Le journal d'un fou de l'écrivain russe Nicolas Gogol, Idir rêvait de revenir à la scène par un one-man-show. «Le 5 janvier 2011 quand ont explosé les événements qu'on a baptisés «du sucre et de l'huile», une journaliste française a qualifié cela comme le résultat d'une jeunesse en état d'urgence. C'est-à-dire qu'il y avait quelque chose, mais pas de suivi. De là, j'ai pensé développer cette idée. J'ai commencé à faire des recherches. Voir des reportages. Je me suis mis à faire une analyse politique, mais décalée de la situation. J'ai commencé à dégager les grands axes. J'ai introduit l'idée de la danse en état d'urgence..» nous a confié l'artiste. Le ton du spectacle est vite donné, d' entrée de jeu. La scène est dépouillée. Le seul accessoire qui viendra agrémenter le spectacle sera sonore et musical. Non ce ne sera pas un énième spectacle à la gloire du cinquantième anniversaire de notre indépendance.. Loin s'en faut. Nous sommes d'emblée prévenu. «Ya ouaâlikoum el blendi!» extrait du fameux film Patrouille à l'Est de Amar Laskri, entendons-nous en introduction. «Non on parlera de la guerre» sommes -nous prévenus. Premier rire dans la salle. Et une musique qu'on jurait être d'Emir Kusturica fuse. Idir Benaïbouche apparaît dès lors, bougeant dans tous les sens, annonçant avoir inventé la danse de l'état d'urgence, en réaction épidermique sans doute contre la sempiternelle danse folklorique vieillotte du Ballet national et sa légendaire Ferha oua zehaoua qui finira un jour, décidément, pensons-nous par s'inscrire dans la liste du patrimoine de l'Unesco. Ceci blague à part, en réalité, cette danse de l'état d'urgence est une réaction plutôt politique, plus autrement symbolique qui se fiche avec dérision des sempiternelles manifestations des Algériens... L'idée a tellement plu que l'Etat a décidé de subventionner le désormais surnommé Idir El Mountader (le messie). Une forme d'art qui au summum de son succès fera des émules, poussant même Samy Youssef à la plagier en faisant appel au «chant religieux en état d'urgence». Début assez sympathique où Idir se démène en gesticulations et mimics faciales, égrenant par la suite autant de situations burlesques qu'un chapelet de personnages des plus métaphoriques que farfelues. L'absurde trône comme maître absolu. Exit le bon sens. Il ne faut pas chercher à se cramponner aux règles de la bienséance ni à la morale.
On se lâche et on rit un bon coup. Chaque personnage inspiré du vécu ou de l'entourage proche de l'auteur est décliné par un trop plein de caractère grossi, exacerbé et caricatural qui fait souvent mouche, introduisant ainsi un certain dynamisme et musicalité au texte de l'auteur. Aussi, après le président qui veut réparer un missile et rendre chèvre Obama, voici venu le temps des «après-istes» ou les je - m'enfoutistes qui, indifférents à tout, sont imperméables à toutes manifestation ou activité extérieures. Leur seule devise serait plutôt le fainéantisme dans toute sa splendeur rienfoutiste Idir entame la vitesse de croisière de son spectacle à coup de délire linguistique, accents, vannes et jérémiades des plus incongrus. Parmi les partisans de «et apres?» il y a Nazim le suppo, un cas vraiment désespéré puisque même le «raki» n'arrive pas à le sauver au moyen de ses crachats salvateurs, allant jusqu'à le soupçonner d'avoir habité le corps d'un djin et non le contraire. Les personnages, bien loufoques qui vont suivre tenteront par des mises en situation assez audacieuses et osées de décrypter le noeud du problème de notre pays en dévoilant des anecdotes liées à leur vécu. Aussi, après analyse et un tour de la question, la solution serait que le bar est le lieu le plus sécurisé pour une femme, que boire de la bière et manger des côtelettes serait salutaire pour le pays. Et dans tout ce magma ou fatras de drôleries et bizarreries grandiloquentes (le pet, le cauchemar, le terrorisme de nos nuits, les contorsions mathématiciennes et physiques induites par les toilettes turques) Idir parsème des vérités crues comme l'hypocrisie sociale qui règne dans nos sociétés tel ce regard soupçonneux que porte les gens sur les couples, l'interdiction de s'embrasser dans la rue ou de se toucher etc. De Rachid Allalou à Khadija Mouti, toute ressemblance à une personne vivante n'est totalement pas fortuite. Ainsi, l'auteur du one-man-show, dirigé par Nadjib Oulbsir invoque les grands traits de caractère de personnes connues pour inventer des personnages avec des personnalités et gouaille bien singulières. Ainsi, certains devineront qui a une forte attache avec Palestro, et quel ministre se targue de parler de culture comme un professeur ridicule devant ses élèves. Idir ne se contente donc pas d'égratigner les uns, mais raconte son quotidien, fait de riches moments et d'autres de sombres et décidément de bien surréalistes instants comme dans la vie, comme dans son spectacle...car parfois vaut mieux en rire qu'en pleurer. Son pessimisme dégainé se veut paradoxalement bien revigateur tel un élixir exhibant sa planche de salut en autant d'absurdités maladives que de réalités gênantes, mais vraies. Parmi sa panoplie de personnages tirés comme d'un chapeau du chat d'Alice au pays des merveilles on retrouve Elizabeth Two, reine du Burkina Faso qui tombe malade après avoir trop forcé sur le couscous pimenté. Il y a aussi Rachid Allalou, mais aussi Ami Moh souffrant d'hémorroïdes, lesquels, en réalité, selon Idir, subsistent plus dans nos têtes, pas seulement de nos dirigeants, mais dans celles de toute la société. Poussant le cynisme jusqu'au-boutisme, Idir el Mountader ira jusqu'à paraphraser une citation affirmant que «si chez les Gaulois l'impossible n'est pas français, chez nous l'espoir n'est pas algérien!» «La faute incombe-t-elle entièrement au pouvoir?» lui demandera-t-on après le spectacle et l'artiste de répondre: «Ya un mea culpa dans le texte. Je parle de mon père, de ma mère, il faut se dire que nous avons tous tort. En grande partie la faute incombe au pouvoir certes, mais nous aussi on a cette part de responsabilité.»
Le rire serait-il le dernier rempart contre le mensonge et la bêtise humaine? sans doute que oui pour Idir Benaïbouche. «Qui c'est qui a déchiré le cordon ombilical entre nous et le système? Moi je cherche l'auteur de cette amputation. Qu'on se ment pas. On est une jeunesse ratée, une génération perdue. Ils ont fait de nous des cobayes.. Mais il reste que cette ironie et ce sarcasme pour se relever et dans lesquels on pourra en tirer quelque chose.»


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