La religion est l'opium du peuple» Karl Marx Depuis l'arrivée des télévisions privées algériennes, l'audiovisuel à coloration religieuse servi à la senteur musc d'al-Qaradhaoui et d'Amr Khaled a commencé à s'installer doucement, mais sûrement dans le paysage audiovisuel algérien. C'est Ennahar TV (agréée récemment) qui a commencé à sortir du moule tracé par l'Entv, en donnant la parole à Cheikh Shemseddine, un prédicateur de quartier qui ne fait pas partie des imams «autorisés» à prêcher la bonne parole sur la télévision publique. En l'espace d'une année, Cheikh Shemseddine est devenue une icone de la télévision Ennahar et surtout une figure importante du Net arabe et algérien. Sa force est dans la prédiction religieuse et populaire. A côté Echourouk TV, grande concurrente de la chaîne Ennahar TV, elle-même accréditée, a tenu à sortir d'un petit tour de magie à faire sortir de l'anonymat un prédicateur inconnu, mais très célèbre sur les autres satellitaires arabes en raison de ses conseils... d'exorciste. Avec seulement trois numéros, Belhamar, (qui a plus la tête d'un Saad El Gat que la gueule froide de Max von Sydow, l'exorciste le plus célèbre du cinéma), a fait le buzz provoquant l'intérêt d'Al Jazeera et d'Al Arabya. L'utilisation de la religion pour endormir et endoctriner la société ne date pas d'aujourd'hui. La technique du prêche religieux qui consiste à guérir les croyants a été longtemps exploitée par les télévangélistes américains apparus dans les années 1990. Ces chaînes se sont implantées progressivement sur des antennes locales en Europe. De nombreux networks religieux existent et leurs programmes sont constitués principalement par des prêches. Le plus célèbre était Jim Bakker ou encore Jimmy Swaggart qui avait affronté Ahmed Deedat, le célèbre théologien musulman et spécialiste en religions comparées, sur la question épineuse: «Est-ce que l'évangile est une parole de Dieu?» C'est notamment lui qui incita les premières télévisions satellitaires arabes à la fin des années 1990 à utiliser la télévision pour prêcher et parfois vendre à coup de millions de dollars la parole de Dieu. C'est ainsi qu'est apparu les Amr Khaled, Hamza Yusuf, Tariq Ramadan, Youssef al-Qaradhaoui ou encore Maher Zain, des théologiens, mais surtout de grands orateurs, qui utilisent les mêmes méthodes de communication que les hommes politiques américains. Au delà de la parole de Dieu, ces prêcheurs ont su utiliser la télévision pour se faire un nom avec un grand N et surtout s'enrichir en prêchant la parole de Dieu et de Son Prophète. Mais devant ces nababs de l'Islam, Belahmar est l'équivalent d'un joueur amateur de Châteauroux ou de l'OM Ruisseau, face à des ténors du Barca ou du Réal. Le niveau est trop faible pour nos imams algériens pour être considérés un jour comme des prêcheurs internationaux. Belhamar et les autres, sont indésirables chez eux. Une polémique qui a poussé le Cheikh Shemseddine à intervenir dans une émission sur Ennahar TV pour soutenir son frère dans la daâwa audiovisuelle. Alors que Belhamar, qui est assailli par les ignorants et les musulmans faibles à sa clinique d'exorcisme à Relizane, il est discrédité pour ses méthodes «pas catholiques» par l'Association très ancienne et crédible des Oulémas algériens. Ces petits imams à la grande parole sont sur la trace des évangélistes américains, dont certains finiront ruinés ou en prison. En l'absence d'une autorité religieuse très autoritaire comme El Azhar, ces prédicateurs de la Ligue 2 du paysage audiovisuel algérien, séviront avec leur mots et les méthodes spiritueuses dans nos foyers en attendant que le ménage soit fait sur le petit écran. [email protected]
