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Le rêve français de Abdelatif Kechiche
LE PARCOURS DU COMBATTANT D'UN CINEASTE TUNISIEN
Publié dans L'Expression le 28 - 05 - 2013

Il devient le cinéaste maghrébin et peut-être français le plus titré du cinéma bleu, blanc, rouge.
La consécration de Abdellatif Kechiche à Cannes, a un nom: «Le rêve français». Une ode à la vie qui se rapproche de «Americain dream» et la success-story d'un immigré tunisien en France. En remportant la Palme d'or au Festival de Cannes à l'âge de 53 ans, il devient le cinéaste maghrébin et peut-être français le plus titré du cinéma bleu, blanc, rouge: huit Césars entre 2005 et 2008, un Lion d'or à Venise de la première oeuvre en 2000 et une Palme d'or à Cannes en 2013, il ne lui manque que l'Oscar en 2014, pour boucler la boucle. Il faut dire que Kechiche est né sous une bonne étoile. Né en 1960 à Tunis, il débarque à Nice à l'âge de six ans avec ses parents travailleurs immigrés. Passionné de théâtre, il suit des cours d'art dramatique du Conservatoire d'Antibes, à quelques kilomètres de Cannes. Il interprète plusieurs spectacles sur la Côte d'Azur, notamment une pièce de Federico Garcia Lorca en 1978 et une pièce d'Eduardo Manet, l'année suivante. Il se consacre également à la mise en scène et présente au Festival d'Avignon L'Architecte en 1981. Son premier rôle au cinéma, il le doit (il faut le souligner) à un cinéaste algérien Abdelkrim Bahloul, dans son film Le thé à la menthe, où il interprète le rôle de Hamou, un jeune Algérien qui vit de tous les métiers en France et qui voit un jour sa vie complètement bouleversée quand sa mère magnifiquement interprétée par Chafia Boudraâ, débarque à Paris et découvre sa misérable vie en France. Ce film lui ouvrira les yeux sur la réalité du monde du cinéma hexagonal et les seules possibilités offertes à l'époque aux comédiens d'origine maghrébine dans le cinéma français: des rôles de voleur, truand, trafiquant de drogue ou extrémiste. C'est à partir du théâtre qu'il se relance et se passionne pour l'oeuvre de Marivaux, dramaturge du XVIIIe siècle qu'il mettra souvent en scène dans ses propres films. Mais, petit à petit, il se rend compte qu'il n'est pas facile à un fils d'un peintre en bâtiment tunisien de percer dans ce cercle fermé du cinéma français. C'est en participant dans le film Les Innocents (1987) d'André Téchiné où il interprète le rôle difficile pour un Maghrébin d'un gigolo homosexuel. Mais sa carrière ne décolle pas! Il reste sur la main courante aux côtés des comédiens maghrébins. C'est alors qu'il retourne aux sources, en Tunisie, où il joue dans les films des réalisateurs tunisiens Nouri Bouzid dans Bezness (1992) et Ridha Béhi dans La Boîte magique (2002). En France, Kechiche continue au théâtre ce qu'il a voulu faire au cinéma, sachant pertinemment que celui-ci est la meilleure expression pour être visible dans le monde des arts. Il mise tout sur son premier film La Faute à Voltaire, avec Samy Bouadjila et Elodie Bouchez qui va lui ouvrir la route et la voie de la consécration au cinéma, puisque l'oeuvre d'une grande sensibilité a su séduire le jury à Venise et obtient le Lion d'or de la Première oeuvre et Prix de la jeunesse à la Mostra de Venise en 2000. Cette entrée réussie dans le monde du cinéma lui ouvrira la voie à d'autres succès et c'est grâce au film L'Esquive, un hommage sincère et entreprenant au théâtre de Marivaux et sa pièce Le Jeu de l'amour et du hasard, que Kechiche explose et se révèle un très bon directeur d'acteurs et surtout un grand découvreur de talents. Il révélera au grand public le talent de Sarah Forestier et plus tard celui de Hafsia Herzi et aujourd'hui celui de Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos dans La vie d'Adèle. A la surprise générale L'Esquive, décroche quatre Césars, dans un contexte de généralisation de la politique de la «discrimination positive» en France. Les critiques et les professionnels ont accepté difficilement cette consécration d'un jeune réalisateur tunisien qui n'est pas issu de la filiation naturelle du cinéma français. Mais personne n'osait critiquer cette consécration, car le talent était bien là, il fallait seulement le décoder. Trois ans plus tard, Kechiche récidive. Mais contrairement à la majorité des Maghrébins en France ce n'est pas vers la prison qu'il est ramené, mais vers le Panthéon du cinéma français puisque avec La Graine et le mulet, il décroche encore quatre Césars mérités. Devant cet affront fait à la profession en France, Kechiche qui n'est pas polémiste, avait besoin d'un parrain, et c'est Claude Berri qui est devenu, entre-temps, son père adoptif dans le cinéma, qui le prend en charge et produit ses prochains films à commencer par La Graine et le mulet. L'année 2013 sourit aussi à Kechiche. La France vient d'appliquer la politique du «mariage pour tous», c'est une nouvelle occasion qui s'offre au fils d'immigrés tunisiens de s'affirmer et favorise le succès de son dernier film La vie d'Adèle. Car au-delà du sujet polémique déjà très sensible et très osé, le réalisateur franco-tunisien a su tirer de ses 750 heures de rush un film fort de trois heures et qui s'apparente aujourd'hui comme à un hymne à l'amour et à la liberté d'expression.

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