«Chassez le naturel, il revient au galop...» (Philippe Néricault Destouches) En effet, et l'auteur Kamel Bouchama, prolifique comme il est, ne peut s'abstenir, s'agissant du FLN, de donner son avis d'une façon ostensible, manifeste, mais surtout courageuse, à travers les médias ou dans un livre comme c'est le cas. Il ne s'arrêtera pas, tant que le FLN, ce parti qui est le sien, comme il le clame souvent, est encore là, même dans les conditions lamentables, qui lui ont été imposées par tant de «magouilles et de projets douteux, à l'intérieur de clans où font fortune, hélas, la confusion, l'hypocrisie, la magouille et l'adversité», selon ses propres termes... Ainsi, dans cette livraison qui n'est qu'une deuxième édition, revue et augmentée, de son ouvrage Le FLN, la refondation ou... le musée - déjà paru en 2008 aux Editions El Maârifa-, l'auteur qui se présente comme un ancien responsable désintéressé qui n'attend rien quant à son avenir dans les rouages de l'Etat, qui n'a pas peur de dire les «choses» en face, nous refait l'état des lieux dans un style dénué de toute complaisance, parfois amer, mais toujours objectif et sans préjugés car, chaque mot est une vérité. C'est l'enfant du FLN qui s'exprime... Il va clairement au but. Il s'accroche à ses convictions. Il les déclame avec le naturel du connaisseur des arcanes du pouvoir. Il affirme que les mêmes problèmes reviennent chaque fois et que le FLN les subit avec autant de souffrance que de regret. Il prend en exemple le 8e Congrès-bis, il assure que ce fut un regroupement qui revêtait, dès le début, une réputation obscure, à cause de son triste et éprouvant prélude qui a fait couler, hélas, une quantité considérable d'encre. Quant à ses résultats, eh bien nous n'avons pas à parader, lorsque nous savons que le changement qualitatif promis n'a été qu'un leurre et que le fameux slogan «le Congrès du rassemblement», hissé très haut sur le podium, n'a été en définitive que de l'esbroufe. L'ultime explication L'auteur et le non moins militant Kamel Bouchama, croit dur comme fer que le retour au congrès-bis, à ce «congrès de la honte» - et là, il ne mérite même pas qu'on l'écrive avec une majuscule, dit-il -, est une nécessité absolue pour comprendre pourquoi sommes-nous arrivés si bas. Car, renchérit-il, «les dégâts causés par ces soi-disant assises «réglementaires» pour les tenants d'un nouvel ordre politique, non statutaires pour les humbles militants qui se sont toujours mobilisés derrière leur FLN, ne pourront jamais effacer leurs stigmates des âmes d'authentiques patriotes qu'on a cyniquement occultés, affreusement torturés, et des registres qu'on a écrit, brutalement, avec une encre indélébile. C'est pour cela qu'il affirme que ce congrès-bis n'a rien réglé, bien au contraire, il a entraîné le FLN dans un profond abîme». C'est pour cela que dans cette deuxième livraison qui peut paraître comme une ultime explication, libre et sincère, concernant son ouvrage «Le FLN, la refondation ou... le musée», qui a eu sa part de «commentaires» dans la presse nationale et dans les cercles d'hommes politiques et d'intellectuels, l'auteur persiste à «demeurer attaché à son parti, malgré le mauvais comportement de ses actuels responsables à l'égard de tous les «mal-aimés» qui continuent à garder la tête haute». Et les militants de base, écrit-il, les vrais, puisqu'il aime faire la différence entre ceux-là et les imposteurs, «remarqueront qu'en plus de la défense du FLN, il s'inscrit en faux contre cette démarche hasardeuse qui est imposée par des inconscients, voire des «roturiers de la politique» - entendre par-là des magouilleurs de tout acabit - qui ne désemparent pas devant la persistance d'une opposition pourtant légitime et consciemment menée par une base qui ne voudrait en aucun cas suivre leurs élucubrations puériles et délirantes». L'auteur de cet ouvrage ne passe pas sous silence les «autres», ceux parmi les anciens responsables qui demeurent encore dans l'appareil et qui n'ont pu lever le petit doigt pour arrêter ce «massacre» au sein d'une formation à laquelle ils ont toujours appartenu. Il écrit les concernant: «Leur réaction conciliante, si on peut la considérer comme telle, ressemble à cette dialectique de faibles qui, à cours d'arguments et dans une situation d'impuissance caractérisée, commande à ses responsables, qui sont mus par l'intérêt personnel plutôt que par respect à leur parti, de s'abaisser davantage devant de véritables «envahisseurs», pour préserver un statut qui leur permette la pérennité de leur rente, tellement attirante et... attachante.» En effet, insiste-t-il, en dénonçant - le terme est à sa place -, qu'ils ont sciemment et piteusement accepté le fait accompli (ces responsables conduisant la contestation), sous prétexte qu'ils ne voulaient pas envenimer davantage l'atmosphère et qu'il fallait étouffer dans l'oeuf ce complot larvé contre le FLN et ces comportements antinomiques avec les orientations d'un parti qui a toujours lutté pour la probité et la propreté. En d'autres termes, ils prétextaient qu'il fallait aller dans le sens d'une éventuelle et possible cohabitation pour régler tous les conflits et ramener la paix dans la maison FLN. La faucheuse Mais au fait, qui sont-ils ces autres? Et il y répond avec la sincérité qui est sienne: «Ce sont tous ces «conservateurs», parmi les anciens, qui se sont soulevés trop tard, pour la simple et unique raison que la «moissonneuse» de Belkhadem a fauchés comme des épis de blé. Ils ont été liquidés du Bureau politique, et c'est uniquement à partir de là qu'ils se sont soulevés, en un mouvement de «redresseurs-bis», après avoir été les fomentateurs du «8e Congrès-bis». C'est dire que tout virevolte autour des «bis» où on oublie ses propres gaffes, et on refait de plus belles!» Leur point de départ - parce qu'il fallait choisir une circonstance - a été ce «presque désaveu» du président de la République quand il a publié un communiqué à l'encontre du secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, lui déniant le titre de représentant de l'Algérie au forum organisé à Marseille par Marianne, El Khabar et France Inter. Ainsi, l'on remarque que l'auteur Kamel Bouchama, n'y va pas de main morte, même avec ceux qui restent quand même ses amis dans le FLN. Alors, cette deuxième édition vient au bon moment pour crier la vérité d'une voix écorchant la bouche... Elle vient pour répondre clairement, mais surtout courageusement, à la question qui s'est imposée d'elle-même, au titre de cet ouvrage. Cette réponse n'est que l'affirmation des militants authentiques, sincères et honnêtes, qui espèrent que la ligne rouge ne doit pas être dépassée. «Ils insistent pour que le FLN soit défendu âprement, assaini dans ses rangs, consolidé dans ses positions, sinon..., il n'y a qu'une seule solution, l'extrême et la plus naturelle en pareille conjoncture: le musée... pour le préserver dans sa dignité afin de l'immortaliser à travers l'Histoire!» Mais avant cette option de musée, l'auteur, qui revient à la charge, prévient en une ultime réserve en écrivant: «On ne peut réussir des réformes avec de vieux matériaux; un personnel altéré, moisi, perverti et des formes de gestion surannées, en un mot, on ne peut faire du neuf avec du vieux... sauf les bonnes soupes dans de vieilles marmites...» Cette conviction autorise Kamel Bouchama à dire que lorsque la volonté de se refaire totalement existe et qu'elle peut se traduire par des faits positifs et des conduites concrètes, notre pays se portera mieux, parce qu'à ce moment-là, des montagnes de problèmes disparaîtront devant cet élément catalyseur de toutes les forces vives du pays: cette volonté sincère qui sera la plus déterminante. Aurions-nous cette chance d'assister dans peu de temps à la floraison de notre jardin... dans lequel de jeunes pousses feront leur apparition?, se demande l'auteur. Ou serons-nous déçus d'avoir compté sans l'indifférence, voire le mépris de ceux qui ont la charge d'amener le printemps, le calme et la sérénité dans la maison FLN? Ces questions laissent un peu d'espoir. Sinon, eh bien, les militants qui aiment leur FLN n'auront pas de remords, car ce n'est pas le FLN de l'appel du 1er Novembre et de la Plate-forme de la Soummam qu'ils devront «refonder» ou qu'ils iront «abandonner», mais celui qui n'a pas de programme et qui se cache derrière le «Programme du Président»..., en une opération de cirage de pompes en bonne et due forme. Oui, dans ces conditions, le FLN ira au musée, écrit Kamel Bouchama, et de continuer, dans sa lancée: «D'ailleurs nous ne devons pas nous offusquer puisqu'en réalité c'est lui le «musée» où les jeunes devront venir pour apprendre un important épisode de leur Histoire, celle qui a été, à travers les siècles, un long processus de décolonisation et de participation remarquable à la civilisation du Bassin méditerranéen.» Le FLN, la refondation ou..., le musée, 437 pages. Ed. El Maârifa