Karim Moussaoui en tournage avec son équipe Après avoir été projeté au Festival de Locarno, le voilà présenté dans la ville d'El Bahia où il a fait l'unanimité supplantant presque le reste des courts métrages arabes projetés dans la matinée d'hier à la Cinémathèque d'Oran. Lyrique, fort et singulier est son nouveau court métrage qui vient de signer une oeuvre cinématographique majeure des plus matures et ce, depuis son dernier court métrage Ce qu'on doit faire. Après avoir été projeté au Festival de Locarno, le voilà présenté dans la ville d'El Bahia où il a fait l'unanimité supplantant presque le reste des courts métrages arabes projetés dans la matinée d'hier à la Cinémathèque d'Oran. Il vient d'être sélectionné dernièrement en compétition au Festival de ciné Africano de Cordoba. Les jours d'avant réalisé en 2013, de 47 minutes plante son décor dans la région de Sidi Moussa en 1994. Il met en scène l'histoire de deux adolescents, Yamina et Djaber dans une cité «où les règles sociales restrictives sont érigées depuis longtemps, les deux héros tentent de «concilier leurs aspirations avec les lois implicites que leur impose la société». Des acteurs que Karim Moussaui a choisi de filmer pas-à-pas pour qu'on puisse, nous spectateurs, les accompagner dans leur existence cahoteuse, faite de drames et d'insouciance. Le film est décliné en fait en deux chapitres, deux points de vue des deux antagonistes sur ce qu'a été leur vie durant la nébuleuse tragédie nationale. Malgré les assassinats à répétition, les jeunes adolescents tentent tant bien que mal de vivre, dans un climat fait de tensions et de contradictions. Le père de Yamina est inspecteur de police. La menace plane sur lui. Le réalisateur a d'emblée choisi de souligner la complexité de la vie en montrant des jeunes adolescents avides de sorties et d'évasion, en fréquentant des «bouffates» soirées pour ados à l'heure du couvre-feu sans aucun doute comme d'aucuns s'en souviennent. A côté de cela, s'oppose à la mocheté de cette mort qui ne prévient pas, la poésie lyrique de la beauté naturelle de cette ville au charme apaisant, mais tout aussi inquiétant paradoxalement. Une atmosphère mélancolique atténuée par ce choix judicieux de la bande son, de la musique classique, dans son plus brut épanchement d'opéra qui vient jeter un cachet planant sur cette histoire qui se veut prendre de la distance, mais avec juste assez de recul pour ne pas tomber dans la niaiserie et l'alarmisme. «J'ai senti le besoin de raconter cette histoire comme l'ont ressenti ces deux jeunes gens, sans vouloir expliquer comment est née la violence terroriste, juger ou analyser. Mon propos était comment regarder cette violence, comment nous l'avions subi, vécu et voir peut-être les leçons qu'on va tirer de tout ça. Chacun se fait une idée de cette période. Il ne s'agissait pas de capter une réalité, mais d'en extraire des sentiments», a aussi rajouté le réalisateur dont le film tire véritablement son essence de ce contraste délibéré issu d'un choix esthétique qui peut dérouter. Un décalage qui s'annonce d'emblée dans le choix de la musique appuyant le film et les paysages qui tendent sur l'universel. Du coup, on se dit que cette histoire aurait pu se passer ailleurs et pas qu'en Algérie. la peur les souffrances, les échecs, n'ont pas de nationalité ni d'identité. Et c'est là où réside la force de frappe de cette oeuvre cinématographique à regarder avec plaisir et émotion.