Le souverain marocain a reçu vendredi dernier au Palais royal de Marrakech, Bilal AG Chérif, SG du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (Mnla). Y a-t-il un lien entre les campagnes marocaines de diabolisation de l'Algérie et cette sortie du roi du Maroc? Ceci pouvant expliquer cela, il faut certainement en établir un entre les récentes attaques visant à discréditer l'Algérie à travers de prétendues expulsions de réfugiés syriens de son territoire vers celui du Maroc et ce subit intérêt du trône alaouite aux pourparlers de paix entre le pouvoir malien et la rébellion touarègue. La stabilité au Mali est avant tout une préoccupation commune autant pour Bamako que pour Alger. Elle s'explique par la frontière que partagent ces deux pays, mais aussi par la lutte contre les trafics en tout genre (kidnappings, drogue, armes, cigarettes, produits alimentaires...) qui alimentent les caisses des groupes terroristes. Et lorsque l'on sait le rôle joué par le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) dans la tentative de déstabilisation du Mali, des doutes apparaissent pour voir dans cette action de la mauvaise foi. Ce mouvement terroriste sorti tout droit des laboratoires des services marocains avait, en effet, pour mission de plonger toute la sous-région dans l'instabilité et l'insécurité afin de provoquer une intervention étrangère au Sahel. Il serait d'ailleurs derrière l'enlèvement, à Tindouf, en novembre 2011, de trois humanitaires (deux Espagnols et une Italienne). Il est aussi l'auteur du kidnapping du consul d'Algérie à Gao (Nord-Mali) et de six de ses collaborateurs ainsi que de l'attentat suicide contre une brigade de gendarmerie à Tamanrasset qui avait fait, début mars 2012, 23 blessés. On est en droit de se demander dans ce cas ce que représente la compassion tardive portée par Mohammed VI à l'ensemble de la composante du peuple malien. A la paix dans ce pays qui était sur le point de sombrer. «Cette audience s'inscrit dans le cadre des efforts soutenus et permanents de Sa Majesté le Roi, en vue d'instaurer durablement la paix et la stabilité dans ce pays frère et de contribuer à un règlement de la crise malienne et ce, depuis son déclenchement, en janvier 2012», indique un communiqué du cabinet royal qui a fait savoir que: «le souverain a réitéré le souci constant du Royaume du Maroc de préserver l'unité territoriale et la stabilité de la République du Mali, ainsi que la nécessité de contribuer à une solution et à un compromis qui permettraient de lutter contre les mouvements intégristes et terroristes qui menacent, aussi bien les pays du Maghreb, que la région du Sahel et du Sahara, et de favoriser le développement et la dignité du peuple malien frère dans la concorde entre l'ensemble de ses composantes.» Qu'à cela ne tienne. Mais il faut cependant faire remarquer que cette initiative intervient quelques jours seulement après la visite officielle du nouveau président malien, Ibrahim Boubacar Keita, effectuée à Alger les 18 et 19 janvier. Une visite où ont été notamment évoquées les négociations entre Bamako et les groupes armés du Nord. La plupart d'entre eux ont souhaité que l'Algérie prenne en charge cette médiation. «Si l'Algérie a offert l'hospitalité à ses frères maliens pour réfléchir ensemble, rapprocher leurs points de vues et se préparer au mieux pour aller vers un dialogue inter-malien inclusif, c'est parce que cela nous a été demandé. Nous n'avons pas essayé de nous imposer sur une scène politique où nous n'aurons jamais été absents de toute façon», a déclaré le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra, dans une interview à RFI publiée le 29 janvier 2014. Ce qui dérange apparemment notre voisin de l'Ouest.