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Pour quelques millions de... dollars
TRAFIC DE LIEGE
Publié dans L'Expression le 23 - 05 - 2004

La mafia du liège, comme celle du sable n'hésite pas quand elle sent ses intérêts menacés, de recourir aux moyens extrêmes.
En 2002 et en début de l'année 2003, des gardes forestiers de Collo ont échappé à un attentat et ont eu la vie miraculeusement sauve grâce à un heureux concours de circonstances. A Souk-Ahras, en 1996, une embuscade meurtrière a coûté la vie à trois fonctionnaires du secteur. Des sources sécuritaires nous ont révélé qu'entre 1996 et 2002, 191 crimes et tentatives de meurtre ont été enregistrés.
Elles nous ont précisé, par ailleurs, que ces méfaits étaient liés d'une manière ou d'une autre à l'exploitation du liège dans la zone s'étalant de la Haute Kabylie à l'Est du pays. Les mêmes sources nous ont indiqué que la mafia du liège et en plus de l'exploitation illicite de cette précieuse matière, est impliquée directement et systématiquement dans le trafic de devises fortes et la fuite des capitaux vers l'étranger.
Dans ce domaine, les trafiquants possèdent plus d'une ruse dans leur sac. Même ceux qui sont spécialisés dans l'exportation du liège vers des pays voisins, sous des apparences légales, n'échappent pas au trafic et portent un grand préjudice à l'économie nationale.
L'astuce est simple. Ils traversent les frontières à la tête de convois chargés de liège de première qualité. Une fois la transaction finalisée, ils mettent leurs devises à «l'abri» et rentrent en Algérie avec leurs camions chargés, cette fois-ci de «déchets de liège» en faisant constater par les douaniers, les GGF et la PAF que la marchandise qu'ils avaient exportée, a été refusée par les potentiels acheteurs.
Il est tout à fait évident que ces individus agissent de la sorte et en toute impunité parce qu'ils bénéficient de larges complicités et de soutiens influents à tous les niveaux.
Malgré les «coups de force» de l'Etat, le réseau de trafic n'a pas été sérieusement inquiété. En tout, les actions judiciaires, ainsi que les centaines d'arrestations menées à Jijel, Collo, Souk-Ahras et Béjaïa, n'ont touché que les «petits» lampistes. Les «gros poissons» qui sont au nombre de quatre seulement, demeurent toujours insaisissables.
Il faut bien se rendre à l'évidence et reconnaître que les pontes qui profitent de cette richesse naturelle bénéficient d'alliances très poussées. Des fonctionnaires de l'administration des forêts, chargés de veiller à la préservation du patrimoine naturel des forêts, nous ont avoué qu'ils n'ont jamais eu en leur possession, les moyens adéquats pour mener à bien leur mission. Une mission que la dégradation de la situation sécuritaire a rendu impossible durant de longues années.
Les barons imposent leur diktat
Avant l'apparition du terrorisme, l'exploitation du liège considérée par les spécialistes comme l'un des meilleurs au monde, assurait à l'Algérie un apport en devises estimé à 700 millions de dollars.
Selon des sources proches du secteur des forêts, les services de conservation des forêts se sont retrouvés, durant des années, impuissants face à la jonction née entre le terrorisme et les trafiquants du liège, particulièrement à Skikda, Annaba, Souk-Ahras et Jijel. Devant cette source de financement, les groupes terroristes établis en pleine zone de trafic en tirent des dividendes conséquentes.
L'insécurité qui régnait dans les douars et les régions forestières avait paralysé tous les moyens de lutte légaux que l'Etat a pu mobiliser dans des circonstances normales. En même temps, elle a permis aux trafiquants de s'enrichir à une vitesse vertigineuse.
Comme toutes les activités légales, l'exploitation de liège est soumise à une autorisation administrative préalable qui a tout simplement disparu lorsque les groupes armés s'installèrent dans les montagnes.
Moyennant un pourcentage au profit des terroristes, les «exploitants» pouvaient récolter le liège sans nul besoin du quitus étatique. Des sources très au fait de ce trafic, nous ont tracé le circuit de cette opération de destruction massive d'une richesse nationale transformée en un «trafic en or».
Le transport de cette matière, du lieu de sa récolte aux voies carrossables, s'effectue à dos d'âne. Elle est ensuite chargée sur des camions et acheminée en direction des dépôts et autres propriétés des barons qui profitent largement de ce trafic sans se «mouiller».
La loi de l'omerta
Ces barons qui se trouvent à la tête de vastes réseaux n'achetaient pas «le poisson en mer», comme on dit en Algérie, ils ne payaient la marchandise qu'après sa réception. Ainsi, ils maintenaient la pression sur les sous-traitants qui, eux, l'exerçaient sur les transporteurs. La chaîne du chantage forçait tout le monde à être sur ses gardes.
Les régions de Zitouna, Ouled Attia, Boulbelout, Jijel et Skikda ont constitué une véritable mine d'or pour tous les prédateurs qui, sans aucun état d'âme, ont amassé des fortunes sur le dos d'une population malheureuse, impuissante et démunie.
Aujourd'hui, et après que les groupes terroristes ont perdu le contrôle de nombreuses régions forestières, on peut dire que l'administration est en mesure de jouer pleinement son rôle en tant que garante du patrimoine national.
Il est, cependant, un obstacle qui l'empêche d'exercer normalement ses fonctions régulatrices: le vide juridique. Selon un magistrat questionné sur ce sujet, le texte de loi en vigueur qui réglemente l'exploitation, la préservation des richesses nationales, ne prévoit qu'une amende pour non-présentation du permis de transport.
Les services ont bel et bien tenté de «contourner» cet écueil en appliquant les articles 350, 351 et 345 du code pénal. C'est-à-dire la mise en route des procédures liées à la peine de vol ou vol qualifié, au cas où il s'avère impossible d'identifier les propriétaires de la marchandise. Dans cette circonstance, les moyens de transport sont saisis et mis en fourrière.
Cependant, dans la plupart des cas, les juges appliquent le principe légal qui soumet les textes, généraux aux textes spécifiques. Cette manière de légiférer le texte doctrinal, devient celui qui réglemente les richesses naturelles.
Selon des sources judiciaires, ce texte de loi est devenu inadéquat pour quatre raisons au moins: la complicité avérée de certains exploitants avec le terrorisme, la destruction systématique de chênes-lièges sans l'aval technique des services concernés, le vol qualifié et le bradage d'une richesse nationale au profit d'une poignée de barons.
Pour toutes ces raisons induites par un contexte politique et social à la limite de l'explosion généralisée, l'Etat aurait pu se doter d'un arsenal juridique exceptionnel, vu l'ampleur des dégâts et du hold-up commis.
En dix ans et par rapport à ce secteur seulement, l'Etat algérien a laissé échapper quelque quatre milliards de dollars à cause de l'insécurité qui a constitué un terreau favorable à une immense connexion de trafics à grande échelle.
Le liège, le sable, les ressources aquatiques et même les dessins du Tassili et de Béni Abbès, rien n'échappe aux appétits inassouvis des réseaux de trafiquants dont les méfaits ont été couverts par le terrorisme le plus barbare.
En ce qui concerne le liège, le trafic découvert n'est en vérité, que la partie visible de l'iceberg.
Et il ne pouvait en être autrement. Car dans ce milieu, l'omerta règne et nul besoin de souligner que ceux qui s'aventurent à la transgresser, le payeront cher!
Il faut espérer que le retour progressif de la paix permettra à l'Etat de lutter efficacement contre ce fléau.


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