L'étape d'évaluation de notre école qui est en cours depuis hier, nous donnera ses «fruits» aujourd'hui. Une conférence nationale à laquelle participent ceux-là même qui sont, à la fois, le problème et la solution. Car de quoi s'agit-il? De quoi souffre notre école? Des écoles, il en pousse chaque année davantage. Des cantines aussi. Des bus. Le chauffage. Les climatiseurs. Ils ont tout, nos enfants, pour bien étudier. Alors pourquoi, plus de la moitié ne réussit pas au bac? Ne tournons pas autour du pot. La ministre de l'Education, Mme Benghebrit, en a fait part dans son discours, hier, à l'ouverture de cette Conférence nationale sur l'évaluation de la réforme. Elle a bien dit que «l'éthique doit être respectée dans l'activité quotidienne de l'enseignant». Les programmes scolaires, la pédagogie, tout le reste qui constitue l'ensemble des moyens de l'éducation en dépend. Mme Benghebrit est d'une cohérence incollable. Dès son entrée en fonction, en mai dernier, elle avait annoncé la couleur. «La priorité sera accordée à la refonte pédagogique», avait-elle lancé à tous les directeurs de l'éducation du pays qu'elle avait réunis pour l'occasion. Qu'entend-elle par «refonte pédagogique»? Elle y répond dès sa prise de fonction sur le site même de son ministère: «La refonte pédagogique s'attellera à mettre en cohérence tous les facteurs de l'acte pédagogique» précise-t-elle. Des facteurs où l'on retrouve le curriculum, les programmes, les méthodes d'évaluation, les résultats d'apprentissage, que Mme Benghebrit regroupe sous le vocable de «noyau curriculaire». Cela a l'air d'être très compliqué à comprendre pour le commun des mortels. Disons simplement et en schématisant que c'est l'enseignant qui porte l'école. Pas les programmes. Pas les moyens techniques et financiers. Dans un sens plus large, il faut entendre par enseignant, tout le personnel de l'éducation. Y compris les gestionnaires et cadres de l'administration. Du directeur ou de la directrice à la concierge et au gardien de l'école. Tous ont besoin d'être dotés d'un curriculum, «établi à l'aune des défis à relever», ajoute dans sa lettre Mme la Ministre. C'est-à-dire qu'on a beau s'éloigner, ignorer, tenter autre chose, on reviendra toujours sur «l'élément humain», sans lequel rien n'est possible. Pour appuyer la démarche curriculaire en cours, il est utile de procéder à un petit retour en arrière. De revenir sur la naissance du corps enseignant dans notre pays. Il a vu le jour dans l'urgence. Sa «gestation» fut très courte et bien sûr très imparfaite. Le petit «noyau» plein d'imperfections, (à son corps défendant) essaima en transmettant aux promotions suivantes toutes les malformations qu'il portait en lui dès la naissance. La transmission, au cours des décennies, fut évidemment exponentielle. C'est ce qu'on retrouve dans le triptyque ministériel. Après l'éthique que nous appellerons morale pour être mieux compris, on retrouve le deuxième axe de travail qui n'est autre que «l'approfondissement de la professionnalisation de l'ensemble des acteurs de l'éducation (enseignants, inspecteurs, gestionnaires, cadres administratifs)». Pour que l'école redevienne ce temple du savoir qui marque l'imaginaire de l'enfant pour toujours. Sans morale et sans professionnalisme, ce ne sera qu'illusions et perte de temps. Les plus beaux programmes scolaires ne pourront rien à eux seuls. Le projet porté par Mme Benghebrit est séduisant dans son exposé. Sa mise en oeuvre dépend de la participation de toute la famille de l'éducation. De la famille algérienne tout court, car il ne faut pas oublier l'important rôle des parents d'élèves dans cette quête d'éthique. Si la morale s'installe à l'école au quotidien, le défi aura été relevé. Notre système éducatif pourra produire la qualité en quantité!
