Fortement applaudi, ce chantre de la chanson kabyle a subjugué la foule. Il fallait être présent au concert du poète pour sentir la symbiose qu'a pu instaurer Aït Menguellet avec son public. Ce chantre de la chanson kabyle a subjugué une grande foule venue écouter, mais surtout apprécier la beauté de ses textes qui interpellent les tréfonds de l'âme humaine. Il a subjugué cette masse compacte qui a envahi la salle omnisports de la ville de Boumerdès. Dès l'annonce de son concert, des chaînes interminables, des bousculades, de la surenchère sur le prix du ticket d'entrée... ont précédé l'entrée en scène de ce «prince» de la chanson de l'amour, de la joie, de la vie et de l'espoir. Les organisateurs du concert ne s'attendaient pas à une aussi forte affluence, jamais constatée dans cette ville côtière. Des centaines de familles ont fait le déplacement pour écouter, voir, admirer celui qui a fait rêver plusieurs générations d'Algériens. Dans l'enceinte de la salle omnisports, on a vu des jeunes, des pères, des mères, voire des grands-pères et grands-mères fredonner des chansons qu'on ne peut oublier. Une véritable communion entre plusieurs générations en fait. Un hymne au passé, au présent et même au futur, à la vue de ces bambins que leurs parents ont tenu à faire participer à cette messe de l'amour et de la tolérance. Ces tubes d'antan ont fait revivre les coeurs. «Ammi, atess atess», «Khetchini rouh», «El Ouiza» sont autant de mélodies que le public de Boumerdès a pu redécouvrir avec un plaisir renouvelé. Plusieurs spectateurs de Boumerdès connaissaient cet illustre artiste par «ouï-dire», ont entendu parler de lui, l'ont écouté à la radio ou sur cassettes, mais jamais ils ne l'ont approché d'aussi près. L'écouter de vive voix a été une révélation pour tous ces jeunes. En cette soirée d'été, Boumerdès a dansé, chanté, médité à l'écoute de cette voix envoûtante, chaude et sincère. Il est là, devant ces familles. Trop simple pour certains, modeste pour d'autres, mais tous ont vécu un grand moment d'osmose avec l'artiste. Il faut dire que cette année, Aït Menguellet a été, au grand bonheur de ses fans, très présent sur la scène artistique. Il a, en effet, pris part à l'ouverture du festival de Timgad, organisé des récitals à Tizi Ouzou, Alger, Tipaza avant de rallier Oran et se produire pour la première fois à Boumerdès. A travers un parcours de quelque 35 années bien remplies et riches, il a transcrit en poèmes toutes les préoccupations, les aspirations et les problèmes de la société qui est la sienne. Après avoir chanté à ses débuts, en 1969, l'amour impossible, la femme désirée mais inaccessible, il choisira d'autres thèmes pour s'intéresser aux problèmes de l'heure. Avec l'âge, Aït Menguellet a gagné en maturité. Ses textes aussi profonds les uns que les autres, riches en symboles et en métaphores, dégagent une rare finesse, une subtilité profonde, une force poétique inégalable qui l'ont fait distinguer dans le monde de la musique. Ses thèmes sont devenus universels. Il a traité de l'injustice, de la vérité, de la guerre mais aussi de l'identité. Il a, en somme, chanté son amour pour l'Algérie, sa terre natale. Aït Menguellet, qui a toujours rejeté l'étiquette de «chanteur», revendique une âme de poète «la musique ne sert qu'à habiller mes textes», dira-t-il à maintes reprises.