«Le romancier algérien Boualem Sansal mérite amplement le prix Nobel de littérature», c'est ce qu'a déclaré vendredi dernier Olivier Barrot, lors d'une conférence-débat animée au Salon international du livre d'Alger au niveau de l'espace France, invité d'honneur du Sila. Journaliste-animateur célèbre de l'émission, Un Livre, un jour, que diffusent quotidiennement France 3 et TV5-Monde, Olivier Barrot est aussi écrivain, conseiller et critique littéraire. Olivier Barrot a affirmé que Boualem Sansal, qui vient d'obtenir le Grand Prix de l'Académie française après avoir été sélectionné pour le Goncourt, est un auteur majeur de la littérature francophone. Olivier Barrot n'a pas tari d'éloges en parlant de Boualem Sansal, allant jusqu'à dire que le style d'écriture de ce dernier dépasse la perfection: «Le style de Boualem Sansal dépasse la perfection, c'est un style implacable.» L'orateur a ajouté qu'on retrouve aussi dans l'écriture de Sansal une mélodie des phrases impressionnante. Mais c'est aussi la maîtrise phénoménale de la langue française de Boualem Sansal qui semble impressionner le plus Olivier Barrot. «Boualem Sansal jouit en France d'une grande considération et nous suivons de très près son travail de création littéraire. Ce que nous voyons en France c'est cette vivacité littéraire de Boualem Sansal», a indiqué le conférencier et d'ajouter: «Mais Boualem Sansal est et reste un écrivain algérien qui vit toujours ici et qui refuse d'aller enseigner aux Etats-Unis ou en Australie ou ailleurs où il a reçu des propositions pour ce faire.» Olivier Barrot a déclaré en outre que la littérature algérienne d'expression française jouit et a toujours joui d'une attention particulière en France: «La littérature algérienne est assez familière aux Français.» L'intervention d'Olivier Barrot de plus d'une heure a été un véritable régal. En plus du fait qu'il ait fait preuve d'une érudition remarquable en matière de littérature universelle, sa façon de parler a été également captivante et n'est pas du tout étrangère à sa longue expérience d'un quart de siècle en tant que journaliste, spécialisé en littérature, à la télévision française. Olivier Barrot a fait agréablement voyager l'assistance dans pas moins de 10 univers littéraires divers aussi bien sur le plan géographique que du point de vue chronologique. Sa conférence est d'ailleurs intitulée: «Ma bibliothèque idéale», faisant référence au titre de l'une de ses émissions littéraires. Il a commencé par évoquer avec moult détails des oeuvres monumentales comme L'Iliade et L'Odyssée qui datent du septième siècle avant J.-C. Il rappelle que l'Odyssée constitue historiquement le premier récit de voyage dans la littérature. Olivier Barrot avertit toutefois que ces deux livres sont très difficiles à lire: «Ils ne se lisent pas comme on lirait des romans du XXe siècle.» L'orateur cite ensuite un autre livre, qui l'a beaucoup marqué et qu'il considère comme l'un des meilleurs de tous les temps. Il s'agit de Heureux qui comme Ulysse. Après quoi, Olivier Barot emmène l'assistance en Russie pour parler de Dostoïevski et Tolstoï. Il profite de cette halte pour dire que tous les Russes ont quelque chose de profondément poétique. Et c'est Nicolaï Gogol qui a écrit de grands textes littéraires, selon Olivier Barrot. Puis direction vers l'Angleterre où le célèbre journaliste et critique littéraire évoque un géant de la plume, Charles Dickens et ses Grandes espérances. Olivier Barrot va jusqu'à dire, et il faut avoir le courage de le faire quand on est français, que Charles Dickens est bien plus grand et est au-dessus de Flaubert, Stendhal et Balzac. Direction les Etats-Unis pour retrouver Edgar Poe et la littérature américaine qui, bien que très jeune et n'ayant fait ses premiers pas qu'à la fin du dix-huitième siècle, est monumentale, dira Barrot. Retour en Europe, plus exactement en Italie, pour renouer avec le Désert des Tartares de Dino Buzzati. Un chef-d'oeuvre porté à l'écran par Valerio Zurlini. Loin géographiquement, le Japon est juste à côté quand il s'agit de littérature. Et c'est Les belles endormies de San Kawabata qui séduisent le plus Olivier Barrot. Ce dernier parle aussi et inévitablement des écrivains de l'Amérique du Sud puis d'Alaa El Aswany, le dentiste égyptien qui écrit des chefs-d'oeuvre sur Le Caire et ses gens que le monde entier lit. Il termine diplomatiquement avec Patrick Modiano, l'écrivain français qui a obtenu le Nobel de littérature il y a un peu plus d'une année. Et Dora Bruder, un magnifique roman, qu'Olivier Barrot conseille à une assistance à laquelle l'orateur a donné si vite la soif de lire avec son art et sa manière de rendre un livre aussi désirable qu'un verre d'eau quand on a soif en plein désert. Pas des Tartares, celui-là, mais celui de l'esprit et des belles-lettres. Et qui mieux qu'Olivier Barrot pourrait nous aider à choisir ses livres. En plus cette fois-ci, non pas derrière l'écran de télévision mais là devant nous. Une vraie chance. Grâce au Salon international du livre d'Alger.
