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Une dame de haut parage littéraire
CONCRETISATION DU PRIX ASSIA DJEBAR AU 20E SILA 2015
Publié dans L'Expression le 11 - 11 - 2015

Kaddour M'Hamsadji et Mmes Meriem Hamdane et Hamida Hamdane, les deux cousines germaines d'Assia Djebar
La vérité humaine peut subjuguer le paradoxe de l'inadvertance laquelle, si longtemps entretenue, se découvre soudain une passion heureuse et même compatissante, se pardonne son erreur, revivifie une cause juste oubliée: l'Algérie est merveilleusement maternelle et le citoyen naturellement libre flatteur de ses lointains souvenirs.
Indifférence? - non. Inconsidération? - bien sûr que non. Ignorance? - disons, peut-être. Méconnaissance? - voire... Cela peut arriver, cela est arrivé à plus d'une Algérienne, à plus d'un Algérien dans bien des domaines. Qui n'a observé, parfois à ses dépens, que nul n'est prophète en son pays? Cela arrive dans tous les pays. Ainsi va la vie. Les Anciens étaient tel le grec Anaxagore (v. 500-428 av. J.-C, dit de Clazomènes en Ionie, près d'Izmir en Turquie), un philosophe présocratique qui s'était assimilé cette réalité: «Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau.» Quant à nous, Dieu L'Absoluteur, le Miséricordieux, nous prévenant de la vanité de nos oeuvres, nous enseigne les vertus sociales et nous inspire, et il nous prévient: «Il est Celui qui crée et qui ressuscite (Coran: Les Constellations, El-Bouroûdj, LXXXV, 11).» Toutes nos intentions sont bonnes, il faut l'admettre comme un postulat. Aussi, quoi qu'il en soit, saluons la magnifique initiative culturelle dénommée «Prix Assia Djebar du roman».
Le sens d'une initiative culturelle
Mercredi 4 novembre 2015, à 18 h, le Prix Assia Djebar - financé par deux éditeurs publics de renom, l'Agence nationale d'édition et de publicité (ANEP) et l'Entreprise nationale des arts graphiques (ENAG) - est né à Alger dans le spacieux et luxueux pavillon de l'hôtel Hilton, situé dans le voisinage du 20ème Salon international d'Alger (Sila). Dans le préambule de ce Prix, le justificatif est clair: «Afin de promouvoir la production littéraire algérienne et les auteurs et de valoriser l'effort conjugué des auteurs et de l'ensemble des professionnels du livre dans ce sens, l'Entreprise Nationale des Arts Graphiques (ENAG) et l'Agence Nationale de l'Edition et de la Publicité (ANEP) coorganisateurs créent un prix littéraire dénommé Prix Assia Djebar du roman. Cette initiative s'appuie sur la conviction qu'il existe dans notre pays des potentialités créatives importantes dans le domaine de la littérature, lesquelles ont été jusque-là plus distinguées à l'étranger que dans leur propre pays.»
Voilà donc un éclairage qui encourage et répare quelque peu les esprits créateurs altérés par l'appel de l'étranger et celui-ci, si sympathique soit-il, ne saurait complètement, aujourd'hui, être l'éditeur naturel du Livre Algérien... Enfin, l'objet et l'argumentaire de cette institution culturelle sont à la fois simples, pertinents et puissants: «Le Prix Assia Djebar est créé pour promouvoir la littérature algérienne, il vise à donner à celle-ci une audience internationale. Il récompense une oeuvre de fiction en prose (roman, nouvelles, récit), qui se distingue par son originalité ou par son style. L'esprit Assia Djebar, c'est la quête de l'identité, l'authenticité du terroir, la pluralité linguistique du Maghreb et ses richesses, les voix féminines, le travail sur la mémoire et le patrimoine, les méfaits de la colonisation, le respect des valeurs humaines et l'ouverture sur l'universalité, la beauté de l'écriture. L'oeuvre d'Assia Djebar est imprégnée des héritages et tréfonds berbères, de culture arabo-musulmane, de legs andalou et de français; elle reflète cette algérianité qui s'exprime sans rejet, sans chauvinisme et sans complexe.»
Ainsi en a décidé, à raison, le promoteur de ce Prix, le ministre de la Culture, encouragé et aidé par le Gouvernement. Le choix de l'intitulé n'étonne pas, il satisfait tous les beaux esprits algériens de la Culture. Il était temps de construire une approche logique permettant de ramener au pays ses valeurs intellectuelles et morales. Il était temps de comprendre que nos grands auteurs dans de nombreux domaines de la culture, créent ici en Algérie, leur patrie, et partent, car ils n'en pouvaient mais, produire ailleurs, que ce soit dans les pays européens ou dans les pays arabes. Notre regrettée Assia Djebar disait en bien des circonstances: «Je produis, je ne me produis pas.» Elle l'a dit ici et elle l'a dit ailleurs. Ici ou là-bas, encore hier chacun s'en expliquait le sens et aujourd'hui aussi, chacun s'en explique le sens. Le Livre Algérien restait Algérien, mais pouvait-il sauvegarder longtemps son âme, sa raison et son coeur après soixante-deux ans d'indépendance entre ici et ailleurs? Le Livre Algérien qui doit s'ouvrir aussi vers le monde, doit rester lui-même. C'est du particulier que l'on s'élève vers le général et, à l'évidence, vers l'Universel. Et c'est là que je situe la réflexion d'Assia Djebar, élevant le débat: «L'écriture m'est devenue souvent nocturne, en tout cas permanente, une quête presque à perdre souffle... J'écris par passion d' ́ ́Ijtihâd ́ ́, c'est-à-dire de recherche tendue vers quoi, vers soi d'abord. Je m'interroge, comme qui, peut-être, après tout, comme le héros métamorphosé d'Apulée qui voyage en ́ ́Thessalie: sauf que je ne veux retenir, de ce prétentieux rapprochement que la mobilité des vagabondages de ce Lucius, double de l'auteur, mon compatriote de dix-neuf siècles auparavant... ́ ́»
La naissance du Prix Assia Djebar
Alors simplement évoquons Assia Djebar (de son vrai nom Fatma Zohra Imalayène), la femme algérienne auteur, ayant pratiqué tous les genres de littérature, née à Cherchell, le 30 juin 1936. Elevée dans une famille dont les ancêtres ont vécu dans l'Histoire, elle a été éduquée par un père sage, Sî Tahar, moderne et doué, formé à l'Ecole normale d'instituteurs. Elle a fait des études supérieures à Paris et a été révélée au monde littéraire à l'âge de 21 ans par un éditeur français qui lui a publié son premier roman La Soif (1957), écrit pendant la grève des étudiants organisée par l'UGEMA dans laquelle elle a milité. Par la suite, Assia Djebar (désormais, c'est son nom de plume) a publié de nombreux ouvrages aux titres spécifiques à ses sentiments et à son tempérament de femme algérienne intelligente et active, jusqu'en 1962, et davantage après. Dans l'Algérie indépendante, ses productions littéraires se sont multipliées de sa joie de vivre dans une Algérie libre et heureuse. En 1962, avec son nouveau roman, elle salue «Les Enfants du Nouveau Monde». Elle adhère à l'historique première Union des Ecrivains Algériens dont Mouloud Mammeri a été élu président par ses pairs et par de jeunes auteurs, Jean Sénac en a été le secrétaire général et Kaddour M'Hamsadji le secrétaire général adjoint; Mourad Bourboune et Ahmed Sefta en ont été les assesseurs. Elle a rendu quelques visites à l'UEA dans les premiers mois de sa fondation, le 28 octobre 1962. Personnellement, elle m'est apparue douce, engageante, engagée, pleine d'allégresse d'être en Algérie et surtout de produire un jour sa pièce de théâtre «Rouge l'Aube» (1969), fétiche de ses oeuvres «pour la lutte de Libération nationale». Assia Djebar et Walid Garn y ont dévoilé la violence coloniale et les atrocités de l'armée française. Ce drame historique se termine par cette réplique poignante: «Comme toi, je ne peux rien voir, ni le bourreau, ni le martyr. Seulement le ciel et la pourpre de l'aube. Une aube rouge au-dessus du sang de mon frère.»
La cérémonie de la remise du Prix Assia Djebar du roman a réuni évidemment beaucoup de monde: ceux qui se sont sentis concernés par l'évènement, des éditeurs, des auteurs, des artistes, des responsables de la Culture, des amis du livre, une dizaine de membres du Gouvernement Sellal, l'Ambas-sadeur de France (puisque la France culturelle est l'invitée d'honneur du 20ème Sila) et l'on note davantage la présence de deux cousines germaines de la défunte femme écrivain Assia Djebar.
L'ambiance de la salle du pavillon, déterminée par l'installation très honorable des moyens techniques (projection de documents, présence de la presse,...), a été marquée par un engouement général, partagé entre ceux qui n'ont peut-être pas même entendu le nom d'Assia Djebar, ceux qui n'ont lu aucun de ses livres, ceux qui ont lu au moins un livre de l'Académicienne. A priori, un dépliant avec une brève biographie d'Assia Djebar accompagné d'un exemplaire offert (pourquoi pas?) de l'une de ses oeuvres aurait fait merveille... Cependant, au cours du déroulement des différentes étapes au programme, les échanges des avis de l'intelligente assistance ont couru de table en table: bien des murmures d'éloges, des humeurs et rumeurs d'impatiences et des déceptions polies, des regrets, des contrariétés... Pourtant, M.Hamidou Messaoudi, P.-DG de l'Enag, alerte et vigilant, a certainement fait vibrer à souhait la fibre nationaliste pour le Livre Algérien et souligné les services multiples et prometteurs de son entreprise ouverte à la diffusion de notre littérature et l'on imagine surtout son rôle personnel de guide éclairé au sein de son équipe, dans la découverte de jeunes talents et la diffusion de la littérature algérienne hors d'Algérie. Le DG de l'Anep, M. Djamel Kaouane a, «par contre», ainsi qu'il l'a dit, rappelé des points importants de la biographie d'Assia Djebar. Il y a mis suffisamment de son savoir-faire d'ancien journaliste chevronné d'El Moudjahid. Sans doute des auteurs se tourneront vers lui pour les éditer et l'Anep contribuera à l'exportation de la culture algérienne. Puis, c'est le tour de l'écrivain Merzak Bagtache, président du jury du Prix Assia Djebar du roman, d'expliquer comment ont travaillé les 11 membres du jury (dont seulement une femme écrivain et chercheur) qui ont eu à distinguer trois oeuvres parmi les 76 oeuvres reçues de 30 maisons d'éditions algériennes. Dans le même élan d'enthousiasme, ne s'étant pas douté qu'il devrait prendre la parole comme ses devanciers à la tribune, l'écrivain à la vaste culture arabe développe très longuement un thème général sur l'art et la culture. Enfin, on annonce à l'auditoire les noms des lauréats du Prix Assia Djebar du roman. Et les voici: en langue arabe: Abdelwahab Aissaoui pour «Sierra de muerte» (La Montagne des morts, éd. Maison de la Culture de la wilaya d'El Oued; en langue Tamazight: Rachid Boukherroub pour «Tisslit N'ou Ghanim» (La poupée de roseau, éd. El Amel); en langue française: Amine Ait Hadi pour «L'aube au-delà», éd. Aden.
De tout mon coeur de 82 ans, je félicite les lauréats dont je n'ai pas encore lu les livres et je leur souhaite de beaux succès dans l'avenir pour être, un jour, à la hauteur du talent d'Assia Djebar, car l'oeuvre d'Assia Djebar est un symbole majeur éternel dans la série du Livre Algérien, tout comme Mouloud Mammeri, cheikh Mohamed Laid Khelifa, Moufdi Zakaria, Mohammed Dib, Kateb Yacine, Malek Haddad et tant d'autres en remontant le temps.
On aura remarqué qu'aucun éditeur à enseigne généralement reconnue n'a eu un ouvrage primé. Les 30 maisons d'éditions algériennes, ayant proposé des ouvrages au jury, n'ont pas été citées, aucun encouragement à ceux qui produisent et s'échinent pour mettre en lumière le Livre Algérien, notamment le magazine littéraire LivrEscQ. Un certain niveau de tumulte a fait des vagues de mécontentement dans des groupes, ça et là. Cela est normal aujourd'hui disent les uns; c'est une expérience qui donnera des fruits l'année prochaine. Les animateurs qui ont déjà trop fait les bateleurs, donnant de la voix avec pas mal de gourdes, s'égarant trop souvent sur des informations à donner à l'assistance, la médiocre mise en scène de la présentation des documents et de l'évolution des participants, l'exubérance des uns et la déception des autres, l'absence flagrante d'un Maître de cérémonie unique pour la belle manifestation espérée. Des omissions trop nombreuses, de toutes sortes, sont relevées et, quelquefois, mal corrigées. L'ONDA oublié?... Beaucoup parlent d'un manque de professionnalisme. Voire.
Et les invitées spéciales, les deux nobles dames, cousines germaines d'Assia Djebar, avec lesquelles je me suis entretenu agréablement durant la cérémonie, d'abord chaleureusement saluées par M.le ministre de la Culture, ont été laissées à l'écart, à leur table. Même au moment de «la photo de famille» en souvenir de l'événement, l'annonce à pleine voix au micro à plusieurs reprises appelant les personnalités, les organisateurs, les membres du jury, les lauréats à rejoindre l'estrade de la tribune, n'a pas cité les noms des deux dames cousines d'Assia Djebar. Sans le signe insistant adressé à un responsable, pour ne pas oublier les deux honorables et circonspectes dames, on aurait eu par la suite à se demander ce pourquoi ont-elles été invitées...
Mais, oui, bien sûr, on peut bravement dire comme toujours en ces instants de fatale distraction que la Perfection n'appartient qu'à Dieu! Il reste néanmoins à remercier vivement ceux qui ont travaillé dans l'ombre propice à la réflexion en vue d'instituer bellement le Prix Assia Djebar du roman. À l'année prochaine si Dieu veut.


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