La décision, attendue depuis des mois mais reportée à plusieurs reprises, a été approuvée lors d'une réunion du collège des commissaires européens à Bruxelles, selon une source de la Commission. L'UE a approuvé hier la mise en oeuvre de l'étiquetage des produits originaires des colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés, une mesure aussitôt dénoncée par Israël qui a averti qu'elle pourrait endommager ses relations avec l'Union. La Commission a «adopté ce matin la notice interprétative sur l'indication d'origine des marchandises en provenance des Territoires occupés par Israël depuis juin 1967», a précisé la source. Israël a aussitôt condamné l'annonce de la Commission européenne et convoqué le représentant de l'UE en Israël. Le ministère israélien des Affaires étrangères a fustigé une «mesure discriminatoire» prise pour des «raisons politiques», qui à ses yeux compliquera encore davantage le processus de paix avec les Palestiniens, au point mort depuis le printemps 2014. L'UE cherche à relancer le processus de paix israélo-palestinien par l'intermédiaire du Quartette pour le Proche-Orient (qui regroupe l'Union, les Etats-Unis, l'ONU et la Russie). Face à la colère du gouvernement israélien, l'UE s'est efforcée de minimiser la portée de son geste. «C'est une question technique, pas une prise de position politique», a insisté hier le vice-président de l'exécutif européen Valdis Dombrovskis lors d'un point presse, rappelant que l'UE ne soutenait «aucune forme de boycott ou de sanctions contre Israël». Débattue depuis 2012, cette décision qui s'impose aux 28 Etats membres vise à informer les consommateurs européens de l'origine des produits qu'ils consomment, conformément à la législation commerciale de l'UE, selon la Commission. Elle porte désormais l'obligation à l'industrie alimentaire et à la distribution de mentionner spécifiquement sur les étiquettes que les marchandises viennent des colonies, qui pour l'UE comme pour la communauté internationale, ne font pas partie du territoire d'Israël. Or aujourd'hui les produits des implantations israéliennes en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et sur le plateau du Golan sont étiquetés comme fabriqués en Israël. Mais plus que son impact sur la balance commerciale, le gouvernement de droite de Benjamin Netanyahu craint que la mesure européenne ne «soutienne et encourage» le mouvement international BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) contre l'Etat hébreu, qui monte en puissance. Dans un communiqué, le Comité national palestinien pour le BDS s'est réjoui de la décision «qui montre que les gouvernements européens réagissent à l'opinion publique, aux campagnes de la société civile comme à l'intransigeance israélienne, et deviennent plus enclins à engager certaines actions élémentaires contre les violations par Israël du droit international». «Cela dit, mettre en place quelques étiquettes sur un petit nombre de produits israéliens n'est pas une réponse à la mesure des crimes de guerre israéliens continus», a souligné Mahmoud Nawajaa, le coordinateur général du BDS palestinien. De son côté, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a qualifié hier l'étiquetage par l'Union européenne des produits des colonies israéliennes dans les territoires occupés de mesure positive, mais «insuffisante». «L'étiquetage par l'UE des produits des colonies est un pas dans la bonne direction, mais il est insuffisant: les produits issus d'un crime de guerre doivent être interdits, pas seulement étiquetés», a dit l'OLP sur Twitter en faisant référence à la colonisation comme à un «crime de guerre»