Le moudjahid Brahim Chergui, ancien chef de la Zone autonome d'Alger durant la révolution, est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi à l'hôpital militaire d'Aïn Naâdja, à l'âge de 94 ans, a annoncé le ministère des Moudjahidine dans un communiqué. Né en 1922 à Aïn El Khadra dans la wilaya de M'sila, le défunt a adhéré, dès son jeune âge, au Mouvement national, notamment dans l'Organisation spéciale (OS) dont il était responsable dans le Nord-Constantinois et l'Oranie. Connu sous le pseudonyme de «H'mida», le défunt a été désigné par le Congrès de la Soummam responsable politique de la Zone autonome d'Alger. Il était également agent de liaison au Comité de coordination et d'exécution (CEE) et a assumé des responsabilités militaires au sein de l'Armée de libération nationale (ALN). Arrêté en 1957 par les forces coloniales françaises, il fut torturé puis incarcéré dans la prison de Serkadji, à Alger, avant d'être libéré à l'Indépendance nationale en 1962. Cette période a été très difficile pour le moudjahid. Il a vécu dans sa chair les horreurs de l'armée coloniale. L'homme qui est tombé dans les filets de l'armée française a toujours eu la conviction d'avoir été dénoncé. Torturé durant plusieurs jours, H'mida dit avoir tenu bon et nié catégoriquement avoir trahi qui que ce soit. Il a d'ailleurs plus souffert des accusation, dont il fut l'objet en rapport avec l'arrestation de Larbi Ben M'hidi que de la torture des militaires français. En fait, l'épisode de la bataille d'Alger et du démantèlement de la Zone autonome d'Alger, autant elle a créé des mythes révolutionnaires, autant elle a jeté le doute sur quelques survivants, dont Brahim Chergui. Il reste que ce révolutionnaire racé n'a pas que la bataille d'Alger à son actif. Il n'est pas né avec la révolution, il en a été l'un des concepteurs. Ayant pris, durant des années une part active au sein de l'Organisation secrète et le Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (Crua), Brahim Chergui était de ceux qui avaient contribué à l'avènement du 1er Novembre 1954. Opérationnel, avant et pendant la guerre de libération, le défunt n'a pas moins saisi l'importance du combat politique. dans nombre de ses apparitions médiatiques, il mettait en exergue le génie révolutionnaire de certains de ses compagnons d'armes, à l'image de Ben M'hidi ou de Abane. Mais au-delà des aspects politiques, Chergui était de ceux qui avaient vécu la révolution de l'intérieur et il mettait un point d'honneur à souligner fortement le rôle du peuple qui, à ses yeux, était le premier héros de l'Algérie combattante. On retient enfin, qu'en cette douloureuse circonstance, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a exprimé à la famille du défunt, ainsi qu'à ses compagnons d'armes, ses sincères condoléances, tout en les assurant de sa profonde sympathie.