L'Algérie prend une sérieuse option pour devenir la plaque tournante industrielle de la région Tous les investisseurs dans la filière automobile ne le font pas par bonté de coeur. Ils suivent leur instinct d'investisseurs, mais aussi la robustesse de l'économie nationale. L'obligation faite aux concessionnaires automobiles d'investir dans l'industrie mécanique a certainement été le premier et incontournable jalon d'une stratégie qui, une année après avoir été mise en oeuvre, bourgeonne déjà d'une véritable usine d'assemblage de marque Renault et d'une multitude de projets ficelés et qui entreront en activité entre 2017 et 2018. Ainsi, après la Symbol qui a fêté, le mois de novembre dernier, son premier anniversaire, Peugeot se met sur les starting-blocks et annonce trois ou quatre modèles à l'entame de l'année 2018. Avant que le second constructeur français ne fasse tourner sa première usine algérienne, les italiens Fiat et Iveco ont déjà pris une option sérieuse pour se lancer dans la fabrication de véhicules utilitaires, de bus et de camions. Le camion est aussi une visée chinoise en Algérie. Un projet très ambitieux dont le produit destiné à l'exportation dans plusieurs pays dans le monde est une quasi-réalité. Le premier engin de ce type roulera en Algérie en 2017, avant d'aller sillonner le monde vers 2020. Et comme pour souligner l'importance stratégique de l'Algérie et en matière de stratégie de grands groupes internationaux, c'est l'allemand Volkswagen qui met notre pays sur ses tablettes pour le déploiement du groupe en Afrique. Une décision qui donne du pays, non seulement, l'image d'un Etat attractif pour les investissements à long terme, mais aussi une réelle opportunité pour s'imposer comme un véritable hub de l'industrie automobile dans le continent noir, une région signalée porteuse de croissance dans les prochaines décennies. C'est dire que l'Algérie concentre sur elle l'attention des grands constructeurs mondiaux et prend une sérieuse option pour devenir la plaque tournante industrielle de la région. Ce n'est certainement pas un hasard qu'un géant comme Mercedes Benz ait accepté de fabriquer des moteurs en Algérie. A ce niveau de l'expertise économique et industrielle, on ne fait rien pour rien. La marque allemande doit certainement savoir qu'il y a un filon de croissance pour le groupe et certainement une rampe idéale de lancement pour une progression en Afrique. Il faut dire que depuis que l'on parle de ce continent meurtri, il semble que le temps soit venu pour qu'il accède au rang d'usine du monde. Et dans ce dessein, l'Algérie en sera la tête de pont. Nous sommes donc dans un processus de maturité et l'Algérie est en train de tirer le ticket gagnant, en tout cas pour l'industrie automobile. Cela, le ministre de l'Industrie et des Mines l'a bien compris et son dynamisme est certainement pour beaucoup dans l'essor que prend l'industrie automobile en Algérie. Le projet Peugeot et l'accompagnement du chinois JAC, sans oublier l'intérêt que porte Volkswagen et bientôt des constructeurs US ne relèvent pas d'un jeu de rôles. Tous ces patrons ont sans doute constaté le positionnement idéal de l'Algérie et l'opportunité de s'intéresser à l'Afrique, mais il y avait aussi de la concurrence. Le Maroc, la Tunisie et l'Egypte disposent des mêmes avantages. A la différence que l'ambition industrielle et les arguments développés par Bouchouareb ont fait tilt. Cela est un fait. Il n'y a, à ce propos, qu'à voir le pays concurrent de l'Algérie dans cette filière qu'est le Maroc. Les deux «grosses usines» françaises dans ce pays auront été un leurre, puisque ce pays semble peiner à s'imposer face à une dynamique Algérie qui multiplie les investissements. Cela en plus du fait que tout ce qui se réalise en Algérie est propriété nationale à hauteur de 51%, alors que le Maroc ne détient pas un centime des investissements de Peugeot et de Renault. On affirme même dans certains milieux que les constructeurs français considèrent leurs investissements marocains comme une erreur stratégique, devant la déferlante Volkswagen qui prendra, dit-on, une sérieuse avance sur les Français en Afrique, grâce aux avantages comparatifs qu'offre l'Algérie. Tous ces investisseurs dans la filière automobile qui acceptent le principe du 49/51% ne le font pas par bonté de coeur. Ils suivent leur instinct d'investisseurs, mais aussi et surtout la robustesse de l'économie nationale, la seule, parmi celles des pays pétroliers, à maintenir des niveaux de croissance respectable malgré la crise financière qu'elle traverse. En effet, si la Banque mondiale prévoit une croissance économique de 3,9% en 2016 et 4% en 2017, c'est que le concept de diversification de la production nationale n'est pas un vain mot, d'autant que la croissance sera tirée vers le haut par l'économie hors hydrocarbures.