L'attaquant de Valence affiche son attachement à l'Algérie Le capitaine des Verts s'est appuyé davantage sur des arguments sociétaux que sportifs pour pousser les jeunes à rejoindre l'Algérie, ce qui lui a valu des critiques sévères de la part des médias français. Au moment où personne ne s'attendait à une telle sortie médiatique d'un joueur connu pour sa réserve et sa timidité, la déclaration fracassante de l'international algérien Sofiane Feghouli au site sportif La Gazette du Fennec il y a quelques jours a fini par surprendre plus d'un sur la scène médiatique sportive, mais surtout, par provoquer une vive polémique en ce qui concerne le choix des binationaux pour le maillot qu'ils devraient porter en sélection. En effet, l'attaquant du FC Valence a conseillé aux jeunes qui ont le choix entre la France et l'Algérie, comme Yassine Benzia (Lille) ou Adam Ounas (Bordeaux), de suivre le même chemin que lui en déclarant: «Si j'ai un conseil à donner à ces nouveaux jeunes, c'est de ne pas hésiter d'opter pour le pays de leurs parents, c'est un principe à ne pas discuter. Il ne faut pas oublier l'histoire entre la France et l'Algérie où il y a eu des choses très graves qui se sont produites par le passé. Juste pour ça, je leur demande de jouer pour l'Algérie», a-t-il martelé. Le capitaine des Verts s'est appuyé davantage sur des arguments sociétaux que sportifs pour pousser les jeunes à rejoindre l'Algérie en ajoutant: «N'hésitez pas, allez pour le pays de vos parents, parce que dans cette société française on n'est pas acceptés», précise-t-il. Il y a plusieurs semaines, Yassine Benzia s'était confié à L'Equipe sur le sujet: «Je me donne le temps de la réflexion. Je me consacre d'abord à mon club. Je peux encore jouer avec l'équipe de France Espoirs», avait-il indiqué au quotidien sportif. Au lendemain de cette sortie surprenante et directe, la presse française a chargé le joueur algérien en estimant que son discours est révolu. «Sofiane Feghouli reflète ce début de XXIe siècle, les interrogations d'un jeune homme né à Levallois-Perret en 1989, de père et mère algériens et qui vit mal sa double nationalité dans la France de 2016», a écrit une source médiatique française connue et d'ajouter: «Son exposé historique soit sommaire ou non, qu'il prenne des lunettes d'aujourd'hui pour juger le monde d'hier... Cette conviction pose problème. Feghouli porte le drapeau de cette troisième génération qui, paradoxalement, est plus identitaire que les précédentes. Jamais Zinedine Zidane n'a imaginé jouer sous les couleurs de l'Algérie.» Selon Pascal Praud, Feghouli a mal choisi son argumentaire pour inciter ses compatriotes à jouer pour l'Algérie. Il estimera qu'il n'y a pas «d'explication sportive dans ses paroles pour justifier son engagement sous le maillot vert de l'Algérie. Ses arguments sont politiques, historiques, sociétaux et tant pis pour l'équipe de France, même si Raymond Domenech pensa à lui en 2010.» Ce dernier a conclu son intervention en affirmant que le sociétaire du FC Valence traduit le traumatisme de la décolonisation (et donc de la colonisation), les difficultés d'une intégration en panne. «Il n'est pas certain que les mots de Feghouli apaisent le climat, mais il serait dangereux de ne pas les entendre», dira-t-il. Ainsi, la position de Feghouli semble avoir été interprétée comme un appel pour se rebeller contre la société française qui a marginalisé les Algériens nés sur le sol français. Au final, les propos de Feghouli ont fait couler de l'encre et peut être même ouvert un débat bien plus que sportif qui sera à n'en pas douter repris par les politiques français d'extrême droite. Cependant, l'argumentation du n°10 des Verts aura peut être des conséquences sur le choix des potentiels futurs internationaux algériens. Pour RMC Sport, cette chaîne radio a qualifié cette déclaration de «conseil subliminal» aux deux joueurs de Ligue 1 actuellement courtisés par la FAF, en l'occurrence Ounas et Benzia. La partie la plus choquante selon les médias français est la remise en question de l'intégration des Franco-Algériens en France ainsi que l'allusion au passé des deux pays. Le capitaine des Verts «prendrait son rôle un peu trop à coeur» selon sports.orange.fr puisque ses propos sont considérés comme «trop durs envers la France». Ainsi, tout en se remémorant le feuilleton récent de Nabil Fékir (Olympique Lyonnais), courtisé par les deux sélections, et qui avait, pour rappel, fait le choix de jouer pour l'Equipe de France, les Benzia (Lille), Ounas (Bordeaux), Bahloul (AS Monaco) et tant d'autres seront certainement influencés par cette vive polémique qui pourrait les entraîner à contre-coeur, sauf s'ils décident rapidement et subtilement d'anticiper les conséquences.
