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Ce qui protège du destin contraire...
L'AMULETTE DE SELMA DE MOHAMED BOUDIBA
Publié dans L'Expression le 09 - 03 - 2016

Les paroles écrites sur du papier par le marabout forcent l'événement désiré à se produire. À çà, les idées superstitieuses attribuent des vertus, entre autres, celle de trouver un époux à la femme immariable.
Dès l'abord, en lisant le tire de l'ouvrage L'amulette de Selma (*) de Mohamed Boudiba, et d'autant que l'on annonce, bien en évidence en sous-titre, «Roman sociologique» et, tel un symbole, une image double inversée en miroir, une réflexion quelque peu humoristique me traverse l'esprit: «Selma serait-elle la louve, dhiba, mot auquel est joint le vocable «Bou, Boû, père» pour former une métonymie, un surnom «Boû-Dhiba, signifiant l'homme à la louve»? Je concède que ma «finesse» de potache - et qui me surprend - est fortement tirée par les cheveux! - ce qui me permet, au reste, d'écrire combien l'auteur donne le plaisir à le lire...
Une illustration parfaite d'un vécu
Mohamed Boudiba est, de droit, entré en littérature. Avocat de formation et artiste -peintre, il lie avec cohérence ces deux arts utiles à la société qui pense et qui agit. Encouragé pour sa précédente publication Les Cèdres de l'Ouarsenis (éd. OPU, Alger, 2004, 285 p.), une histoire de la guerre d'Algérie (1954-1962) dans cette région, il propose maintenant à ses lecteurs L'amulette de Selma, peignant à la fois une société et un paysage où la femme occupe le centre de l'oeuvre mi-sociologique, mi-littéraire, mi-artistique, c'est-à-dire un total roman où réalisme et fiction s'enchevêtrent heureusement.
Là, l'auteur écrit pour la société; je le vois éducateur et aussi ins-ti-tu-teur; c'est ainsi qu'il tient un rôle important dans la construction et l'évolution de la personnalité de son peuple. Il est éveilleur de conscience et même formateur de mentalité à la limite d'une juste passion nationale. L'écrivain algérien n'est pas un amuseur; il a charge d'âmes au pluriel. Ici, Mohamed Boudiba expose un aspect bruyant de la condition de la femme algérienne dans la société moderne afin de faire bouger le curseur actuellement figé sur le chemin du progrès promis par notre glorieuse Révolution du 1er Novembre 1954. Dans L'amulette de Selma, il y a une illustration parfaitement vraisemblable d'un vécu, celui de Selma (la femme), d'un groupe (la famille de ce personnage) et d'un lieu réel, figuré par la ville d'Akbou. On comprendra que l'histoire aurait pu, sans aucun doute, se dérouler dans d'autres lieux que ceux cités, car l'usage de l'amulette n'est pas une exclusivité de telle ou telle région de notre pays, ni de celles d'autres pays.
Toutefois, prévenons que le titre «L'amulette de Selma» pourrait rappeler aux amateurs du genre littéraire dit «fantasy» pour la jeunesse un roman «L'Amulette de Samarkand» premier volet d'une trilogie écrite par Jonathan Stroud et publié en 2003. Chez nous, il faut citer le jeune écrivain Anys Mezzaour qui, tout juste âgé de 16 ans, a introduit magnifiquement le genre «fantasy» dans la littérature algérienne avec son roman La Proie des Mondes, tome 1 de sa trilogie intitulée «Le Lien des Temps» (éd. ENAG, Alger, 2013); le tome 2, «La Terreur des Mondes» est paru en 2015, le tome 3 «L'Espérance des Mondes» est en voie d'édition. Je n'omets pas «Le Talisman», la bouleversante nouvelle de Mohammed Dib et qui donne son titre au recueil paru aux éditions du Seuil, en 1966. «Le Talisman», c'est «le regard du dedans» qui délivre un supplicié en pleine guerre d'Algérie: «Ramdane, un gars de quatorze ans [...] L'officier fut sur lui [...] Les quatre (bourreaux) ensemble se penchèrent sur lui et ensemble plantèrent leurs couteaux dans son corps. L'enfant hurla. Puis - [...] Les bourreaux se redressèrent. Ahuris, les bras pendants, ils surveillaient le corps juvénile. Une lumière tombant de la voûte atteignit le visage de Ramdane qu'elle baigna. Il souriait d'une joie qui n'a pas de nom sur terre! [...] Mais quelque chose de plus m'entoure [dit le narrateur] et je cherche quoi dans le brouillard lumineux de ce matin...» La puissance de l'imagination que développe la «fantasy» donne de la magnificence au récit.
L'amulette de l'auteur
L'amulette de Selma traite, à l'évidence, de l'usage de la magie, et singulièrement d'une espérance différente que celle citée plus haut. Dans ce roman, le recours à «l'amulette», en temps de paix, dans une société active, soumise aux intérêts de la vie quotidienne, est une pleine et très regrettable puérilité. La référence à «l'amulette» dans un contexte socioculturel historiquement imbu de la «chose religieuse» incline à penser effectivement à une littérature du merveilleux et à un style spécifique souvent «familier et moderne»: c'est ce que l'on observe quelque peu dans l'oeuvre en question de Mohamed Boudiba peignant une société moderne pratiquant des «croyances» d'un autre temps; elles sont irrationnelles dans un monde de progrès. Aussi, «la fantasy» trouve-t-elle sa voie naturelle dans «L'amulette de Selma», et ce n'est pas pour autant que l'on n'y croit pas. L'amulette tire alors, dit-on, sa force du rayonnement de l'onde des intentions écrites par le marabout. Les fréquences négatives lancées consciemment ou inconsciemment par les envieux contre la personne qui porte à son nom «l'amulette» sont repoussées. Dans le cas présent, Selma, à vingt-six ans, est dite bâyra, n'ayant pas trouvé à se marier. C'est un dommage si ce n'est plutôt la honte extrême pour une fille de bonne famille, qui plus est parfaite au foyer et instruite, car elle est bachelière. Selma porte une amulette pour «trouver un mari».
Dès les premières lignes du roman, le ton humain et le milieu physique sont annoncés: Selma, son père Amar forgeron et sa mère au foyer constituent une famille baignant dans une sorte d'îlot paisible dans une société dont on découvrira les exigences des traditions ancestrales figées dans des tabous immuables depuis les temps les plus reculés. Selma - ce prénom vient de «salâm» qui veut dire «paix»; elle est bachelière et à présent elle est âgée de vingt-six ans, Amar se confie à son ami Tayeb tailleur auquel, sur les insistances de Selma, il a fini par lui apporter son pardessus «à réparer» avant l'arrivée de l'hiver. Les deux amis, anciens camarades de classe ont obtenu autrefois le diplôme du Certificat de fin d'études, mais, «à cause du blocage engendré par le système colonial», ils n'ont pu pousser plus loin leur scolarité. Ils ont donc «affronté la vie active en exerçant le métier de leur père. Lorsque la guerre de décolonisation arriva, l'un quitta sa forge pour se retrouver sur les pistes du maquis; l'autre resta attaché à son échoppe, les pieds sur la pédale de la machine à coudre, pour cause de soutien de famille.»
Selma, élevée dans le respect des coutumes et des traditions, sans oser juger des méfaits des tabous qu'elle constate pourtant, se soumet à l'autorité de son père qui lui-même n'a jamais tenté de se défaire des sombres opinions sources de mauvaises croyances. Comment donc, Selma pourrait-elle ébranler son monde? Peut-être, justement en usant de la raison même qui a édifié les croyances qui l'obligent à porter une amulette et à espérer beaucoup de cette forme de croyance. Elle n'a rien à perdre dans ce jeu qui la délivre, et ce n'est pas trop payer ce qu'elle espère. La force d'âme peut triompher de la désespérance, peut-être est-ce là aussi que naît la vraie vie. Faut-il y voir le message de l'auteur?... Mais dans le village kabyle, les sages veillent et ne pardonnent pas les incartades des enfants, des filles sur lesquelles spécialement, tout compte fait, repose l'honorabilité de la famille. Alors, Amar, le forgeron, consulte son ami Tayeb, le tailleur, qui, étant issu d'une génération de marabouts, «a reçu le don d'écrire» pour activer le mariage de celle qui n'a pas trouvé à se marier».L'amulette est alors utilisée comme arme fatale contre les abus des traditions malsaines et les esprits rétrogrades. Selma aura à se débarrasser d'un premier mari «noceur» et finira bientôt par être demandée en mariage par l'homme qu'elle méritait vraiment. Restons-en pour laisser au lecteur le plaisir de découvrir cette histoire invraisemblablement «montée» comme une romance, si j'ose dire, mélodramatique et néanmoins éducative. Le roman L'amulette de Selma est un exemplaire de gabegie sociale qui donne le tournis et où défilent merveilleusement des paysages éclatants de beauté, des personnages bruyants de vérité et l'on finit par soupçonner l'auteur Mohamed Boudiba de porter, lui aussi, une amulette.
(*) L'amulette de Selma de Mohamed Boudiba, Editions Dalimen, Alger, 2014, 324 pages.


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