Complément. Belle oeuvre «civilisatrice». 54 années après son départ d'Algérie, l'armée coloniale française continue de tuer des innocents dans notre pays. Elle a laissé derrière elle quelque 11 millions de mines antipersonnel disséminées sur une superficie de près d'un million d'ha notamment aux frontières est et ouest du pays. On compte pas moins de 7000 victimes (agriculteurs, femmes, enfants,...), de l'indépendance à nos jours, parmi nos compatriotes vivant dans ces régions. «Pas plus tard qu'au mois de mars dernier, une femme et deux enfants en ont été les victimes dans la wilaya de Laghouat. Tous les trois ont perdu la vie» a indiqué, samedi dernier au forum d'El Moudjahid, le président de l'Association nationale des victimes des mines antipersonnel, Mohamed Djouadi. Des crimes abominables commis sans discernement par l'armée française à l'aide d'explosifs à retardement placés au ras du sol. Des pièges qui ont tué, estropié et traumatisé des milliers d'Algériens. Oui, voilà une page d'histoire de la colonisation française que les historiens et les médias français se gardent d'aborder. Cette «plantation» d'engins de la mort décidée par le gouvernement français a été approuvée par le Parlement français en 1957. L'opération, tristement connue sous le nom de «lignes Challe et Morice», s'étale sur 700 km de notre frontière avec le Maroc et 460 km avec celle de la Tunisie. Il a fallu plus d'un demi-siècle aux démineurs de l'armée algérienne pour «nettoyer» ces véritables «ordures» criminelles disséminées à dessein par l'armée d'un pays qui se vante d'être la «patrie» des droits de l'homme. C'est pour démystifier, pour lutter contre l'oubli, qu'une conférence a eu lieu. C'était l'occasion pour notre armée, représentée par le lieutenant-colonel Ahmed Adami, chef du bureau du commandement des forces terrestres, d'annoncer que «L'opération de destruction des mines antipersonnel s'achèvera tout prochainement.» On ne mesurera jamais assez le mérite de nos militaires qui, sans relâche, ont pris tous les risques pour déminer 10 millions de ces engins. Le reste servira aux entraînements de nos soldats. Au-delà de cet aspect, la célèbre avocate algérienne, Me Fatima-Zohra Benbraham, présente à la rencontre, a annoncé qu'elle travaillait avec des associations et des ministères pour «soumettre ce dossier à la communauté internationale (et) faire endosser (à la France) la responsabilité matérielle et historique devant l'Etat algérien». Un chapitre à inclure impérativement dans notre histoire. Et bien en vue pour toutes les générations futures!