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De quoi sera fait demain?
LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LE TEMPS EN ALGERIE
Publié dans L'Expression le 25 - 01 - 2005

Les Etats-Unis, qui n'ont pas ratifié le protocole de Kyoto, sont responsables d'un quart des émissions globales de gaz à effet de serre.
Novembre 2001, des inondations catastrophiques font plus de 1000 morts à Bab El Oued. Mai 2003, le tremblement de terre de Boumerdès fait plus de 2.000 morts, des milliers de sans-abri. On se souvient de l'été meurtrier 2003 en France, en Italie et en Espagne ; il y eut près de 20.000 morts. Fait exceptionnel en Méditerranée, peu sujette aux marées, la mer s'est retirée subitement d'une vingtaine de mètres sur la plage de la Pointe-Rouge, à Marseille le 17 août 2004. Claude Millot, spécialiste de la Méditerranée au CNRS, évoque l'hypothèse d'un tsunami, une excitation d'onde pouvant être provoquée par un glissement de terrain sous-marin au large de Marseille.
L'Angleterre a connu le mois d'août 2004 le plus pluvieux de son histoire depuis que les archives météorologiques du pays existent. Selon le Met Office, l'Office national britannique de la météo, qui publiera son rapport mensuel à la fin du mois, la ville de Bedford (nord de l'Angleterre) a reçu trois fois le niveau de précipitations habituel avec 178 mm enregistrés. Enfin le tsunami asiatique qui a ravagé cinq pays a fait plus de 220.000 morts plus de 5 millions sans-abri et des dizaines de milliers d'orphelins.
Janvier 2005, New York est pris dans la tourmente de la neige. De mémoire de new-yorkais ; on, n'avait jamais vu cela le nord est paralysé 4 000 vols annulés, Boston, Washington, Philadelphie et Chicago au total 15 Etats bloqués ; 60 cm de neige à Boston. L'Europe est bloquée par la neige et l'Algérie subit une sécheresse inhabituelle ; en effet, il n'a pas plu depuis plus d'un mois ! Un seul responsable : le déréglement du climat.
C'est dire si la planète va mal et si les perturbations climatiques deviennent erratiques. Tout ce que notre intelligence pensait contrôler, maîtriser, est régulièrement démenti par les vents ; les raz-de-marées, les rayons solaires, les inondations catastrophiques, avec une force incontrôlable encore inédite sous nos cieux : infrastructures, forêts, cultures, rivières ; des vies humaines ont succombé et pour beaucoup d'entre elles ont été enterrées sans sépulture. Personne ne sortira indemne de cette fournaise, de ces inondations qui marqueront pour longtemps les chairs et les consciences. Noir bilan : une litanie incroyable de deuils, de douleurs et d'échecs. Car ce sont des échecs cuisants que les perturbations climatiques majeures et le désastre sanitaire qu'ils provoquent ont infligés à la planète brutalement sortie de sa quiétude.
Etat des lieux d'une planète bien malade
On se souvient qu'à Johannesburg, les spécialistes ont montré que les humains du XXIe siècle auront de plus en plus de difficultés à léguer à leurs enfants une planète viable. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, cette transmission de témoin ne va pas de soi. «La satisfaction des besoins de la génération présente risque de se faire au prix de la survie des générations à venir».1
Le bilan est alarmant: un quart des habitants de la planète n'ont toujours pas accès à l'électricité. Tel est le chiffre estimé par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans son rapport qui fait le lien entre la pauvreté et l'utilisation de l'énergie. Si aucune politique n'est adoptée pour enrayer le phénomène, dans 30 ans, ils seront encore 1,4 milliard à en être privés.
Les quatre cinquièmes des populations qui n'ont pas d'électricité vivent dans les zones rurales des pays en développement, notamment en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud et du Sud-Est. Or, dans les années à venir, la croissance démographique se situera à 95% dans les grandes métropoles urbaines. L'AIE prédit que la situation n'ira pas en s'améliorant et que dans 30 ans, la biomasse restera la source d'énergie principale pour le chauffage et la cuisine dans la moitié des habitations des pays en développement.
La consommation effrénée continue à compromettre les cycles naturels de la vie sur terre. Les pays développés, en particulier, ne sont pas allés assez loin dans le respect des promesses qu'ils avaient faites à Rio, tant en ce qui concerne la protection de leur propre environnement que l'aide à apporter aux pays en développement pour vaincre la misère. Le modèle de développement imposé par le libéralisme sauvage a eu des effets dévastateurs sur la planète et ses ressources. Il ne sera peut-être pas durable, même pour ceux qui en ont déjà profité, et encore moins pour la plus grande majorité des habitants de cette terre.
En mars 2003, lors de la tenue du IIIe Forum mondial sur l'eau à Kyoto, du 16 au 23, il a été montré qu'actuellement, 1,2 milliard de personnes n'a pas accès à l'eau potable, 2,4 milliards de personnes à des services d'assainissement et, d'ici à 2025, les deux tiers de la population mondiale, soit environ 5,5 milliards de personnes, vivront dans des régions connaissant de sérieuses pénuries d'eau. Enfin, dans un rapport de l'UNEPFI, il a été annoncé que la mauvaise prise en compte du dérèglement climatique coûtera 150 milliards $ par an pendant au moins dix ans si les institutions financières continuent de sous-évaluer les pertes dues aux catastrophes naturelles. Il souligne que les «conséquences économiques des catastrophes naturelles induites par les changements climatiques pourraient ruiner les marchés boursiers et les places financières du monde».2
Quatre domaines particuliers, pense Kofi Annan, où des résultats concrets sont aussi essentiels que réalisables. Premièrement, l'eau et l'assainissement l'énergie, la productivité agricole. L'énergie est une condition du développement de la biodiversité et la gestion des écosystèmes. Comment et où agir, a été le leitmotiv des discussions âpres entre les pays du Sud et ceux du Nord. Cinq domaines dont les initiales en anglais forment un acronyme simple: «Wehab». Pour s'en souvenir propose Kofi Annan, il suffit de penser aux phrases suivantes : We inhabit the earth (nous habitons la Terre). And we must rehabilitate our one and only planet (Et nous devons remettre en état notre seule planète).3
Les Etats-Unis, qui n'ont pas ratifié le protocole de Kyoto, sont responsables d'un quart des émissions globales de gaz à effet de serre. Est-il moral en fait que l'Américain consomme en termes d'énergie, en moyenne en dix jours, ce que l'Africain consomme en une année? Dans le même ordre d'idées, l'Américain utilise 600 litres d'eau par jour, l'Africain moins de 50 litres, soit douze fois plus. Est-ce là le développement durable? A-t-on tort de penser qu'en fait nous allons assurément vers la destruction durable de toute la planète?4
Dans une étude tenue secrète réalisée par deux chercheurs Peter Schwartz et Doug Randall, d'un think tank californien : Global Business Network et à la demande d'un stratège influent de l'état-major de l'armée des Etats-Unis, Andrew Marshall, les révélations font froid dans le dos. On prévoit «une Europe au climat sibérien, une Amérique transformée en désert, le Bangladesh inondé, des migrants par millions, des guerres, l'effondrement de l'économie mondiale... Telles pourraient être les conséquences du changement climatique, selon un rapport commandé par le Pentagone en 2003»
Ce scénario impressionnant serait sans doute resté confidentiel si les journaux Fortune et The Observer n'en avaient parlé fin février 2004. C'est que, en prenant le changement climatique au sérieux, le texte écrit du cabinet, va totalement à l'encontre de la position officielle du gouvernement de M.Bush, qui avait minoré l'importance du problème. Ce document a été tenu sous le coude jusqu'à ce qu'une association de chercheurs critiques, l'Union of Concerned Scientists (UCS), a publié une enquête montrant que l'administration de M.Bush manipule l'information scientifique émanant de ses services quand elle ne correspond pas à ses buts politiques.
Publié sur Internet, le scénario, écrit pour le Pentagone, est impressionnant. Les futurologues sont partis de l'hypothèse fréquemment évoquée par les scientifiques que le changement climatique pourrait perturber la circulation du grand courant océanique qui fait le tour de la planète. Extrapolant cette possibilité, le texte table sur un choc climatique comparable à celui que la terre a connu il y a huit mille ans - choc qui pourrait advenir, imaginent-ils, dès 2010.5
La température chuterait alors en Asie, en Amérique du Nord et en Europe, tandis qu'elle augmenterait dans l'hémisphère sud notamment en Afrique. La sécheresse s'installerait dans plusieurs grandes régions agricoles, tandis que les tornades se multiplieraient. Les conséquences géopolitiques seraient majeures - c'est précisément cet aspect qui a motivé la commande du Pentagone.
Soumise à un climat sibérien, l'Europe plongerait dans la crise. Les Etats-Unis se replieraient sur eux-mêmes, devenant incapables de dégager un surplus agricole. La Chine redécouvrirait les famines et le chaos - et tournerait un oeil avide vers la Russie. Les guerres se multiplieraient, afin de conquérir les ressources devenues vitales. «Les Etats-Unis ne sont pas suffisamment préparés» à de tels événements, notent les auteurs.6
Des cycles plus fréquents
C'est dans ce contexte qu'il faut peut-être expliquer ce qui se passe en Algérie : à savoir une sécheresse catastrophique qui peut être suivie de pluies diluviennes. Les courants océaniques entre l'Amérique du Nord et l'Afrique font qu'un anticyclone s'installe durablement et bloque la venue de pluies et de froid venant du pôle nord. Ce phénomène n'est pas nouveau. Déjà dans les années 70 et 80, il s'était produit. Ce qui est nouveau, c'est que les cycles sont plus fréquents, d'où cette perturbation frénétique et imprévisible du climat.
Le moment est venu, à l'instar des pays développés, de mettre en oeuvre des modèles de prévision des perturbations du climat avec les réponses appropriées à donner et ne pas s'en remettre uniquement à la fatalité. «Khoudhou Hadrakoum» est-il écrit dans le Coran. Les invocations pour conjurer la sécheresse, de type «boughandja» et autres, n'auront de poids que si tout ce qui devait être humainement fait l'a été effectivement, laissant en dernier ressort, à la volonté divine le soin de disposer
Les découvertes archéologiques des dernières décennies montrent que même les grandes civilisations, comme les Sumériens et les Mayas, ont été anéanties en partie parce qu'elles n'avaient pas réussi à vivre en harmonie avec l'environnement naturel. Nous aussi, nous avons joué avec le feu pendant la plus grande partie des 200 dernières années, poussés par les progrès de la science et de la technologie, et convaincus que nous avions surmonté les derniers obstacles au bien-être des hommes.
Les changements climatiques en sont un très bon exemple. À ce jour, nos connaissances scientifiques sont encore en avance sur notre conscience sociale et politique. Malgré quelques exceptions louables, nos efforts pour changer le cours des choses sont trop peu nombreux et trop limités.
Le développement, écrit Edgar Morin, ignore ce qui n'est ni calculable ni mesurable, c'est-à-dire la vie, la souffrance, la joie, l'amour, et sa seule mesure de satisfaction est dans la croissance (de la production, de la productivité, du revenu monétaire). Conçu uniquement en termes quantitatifs, il ignore les qualités : les qualités de l'existence, les qualités de solidarité, les qualités du milieu, la qualité de la vie, les richesses humaines non calculables et non monnayables ; il ignore le don, la magnanimité, l'honneur, la conscience. Sa démarche balaie les trésors culturels et les connaissances des civilisations archaïques et traditionnelles ; le concept aveugle et grossier de sous-développement désintègre les arts de vie et sagesses de cultures millénaires.7
Ne faut-il pas nous défaire du terme de développement, même amendé ou amadoué en développement durable, soutenable ou humain? L'idée de développement a toujours comporté une base technique-économique, mesurable par les indicateurs de croissance et ceux du revenu générés par les sociétés occidentales. Cette vision suppose que l'état actuel des sociétés occidentales constitue le but et la finalité de l'histoire humaine. Nous appelons à repenser les modes de production et de consommation (20 % des humains s'approprient 90 % de la consommation mondiale).
Ce n'est pas sans appréhension que le monde retient son souffle devant tant de misère et d'injustice. Ne faut-il pas tenter, à titre d'exemple, au lieu de traiter le mal, de comprendre pourquoi il y a eu le 11 septembre 2001. C'est toute la sagesse des «grands de ce monde» de faire leur «mea culpa» pour que plus jamais des 11 septembre ne puissent avoir lieu, à longueur d'années, chez les damnés de la terre.
1 C. Losson, V. de Filippis. Le temps des biens publics mondiaux. Libération 26 août 2002
2 UNEP Finances initiatives Climate Change and the Financial Services Industry - Changement climatique et services financiers-, 2002
3 K. Annan. Discours Forum sur le développement durable mai 2002.
4 C.E. Chitour : Le sommet de Johannesbourg, Allons-nous vers la destruction durable ? L'Expression septembre 2002
5 http://www.ems.org/climate/ pentagon-climatechange.pdf)
6 Hervé Kempf Le scénario climatique d'apocalypse...Le Monde 5 mars 2004
7 Edgard Morin : Pour une politique de l'humanité. Libération : 26 août 2002.


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