Au moment où on assiste à une crise aiguë de la production cinématographique, manifestée par le gel du Fdatic et la réduction des budgets pour le cinéma algérien, la télévision publique l'Entv a également stoppé l'aide et le soutien au cinéma algérien. Il y a quelques jours, le ministère de la Culture a signé un accord de partenariat à travers le Centre algérien de développement du cinéma (Cadc) et l'opérateur de téléphonie Mobilis pour financer la production du film «Larbi Ben M'hidi», réalisé et produit par Bachir Derrais. L'opérateur de téléphonie mobile va financer une partie de la dernière tranche de la production du film, en échange, il obtiendra le droit d'utiliser les images du film comme contenu pour ses abonnés. Le budget du film «Larbi Ben M'hidi» qui avait atteint les 800 millions de DA dont 70% étaient constitués essentiellement de financements publics (ministère des Moudjahidine, Fdatic et l'Aarc), et une partie de sponsoring privé, est resté bloqué plus de 10 mois avant de trouver un opérateur commercial pour payer la facture. Une opération qui était dans le passé prise en charge par la Télévision nationale, qui avait coproduit la majorité des films algériens. On citera notamment quelques films de Merzak Allouache, «L'autre monde», «Bab El Oued City» ou encore «Bab El Web», et les films de Belkacem Hadjadj, «El Manara» où la télévision avait accordé plus de 2 milliards ou encore «Essaha», que la télévision publique a financé avec la somme astronomique de 11 milliards à l'époque. Même Bachir Derrais, qui a produit plus de neuf films, a été coproduit par la télévision pour ses films «Voyage à Alger» de Bahloul, «Gourbi Palace» ou encore «10 millions de centimes». Aujourd'hui, les relations entre l'Entv et les producteurs algériens ne sont plus les mêmes. Depuis le départ de HHC, l'arrivée de Lalmi, puis de Khelladi, les producteurs ont perdu tout espoir d'obtenir de l'argent de la télévision publique. En réalité, c'est une bonne décision, pourquoi financer un film qu'au final on ne diffusera pas. La hausse des salaires des travailleurs et l'absence de production durant toute l'année ont poussé la télévision publique à abandonner le soutien pour le cinéma. Durant plus de cinq ans elle a laissé le ministère de la Culture et ses antennes, le Fdatic et l'Aarc, à soutenir le cinéma au compte-gouttes. La part de l'Algérie dans les grosses productions était toujours minime, ce qui conforte l'idée de s'investir seulement dans les documentaires. L'arrivée des nouvelles chaînes privées n'a pas arrangé les choses, puisque aucune chaîne n'a créé une cellule de lecture des scénarios ou de production, elles ont toutes investi leur énergie dans le divertissement et l'information. Aujourd'hui, aucune télévision n'apporte son soutien au cinéma. Du coup, c'est peut-être la fin des vaches maigres et de la création dans le 7e art. [email protected]