L'avion détourné vers l'aéroport de La Valette A quinze heures précises, le site d'information El Bilad, citant des sources libyennes, a contredit la nouvelle de la libération de l'équipage tout en apportant les premiers éclairages sur les motivations des pirates de l'air. «Des pirates» ont détourné hier un avion de ligne de la compagnie libyenne Afriqiyah Airways qui s'est posé à Malte, selon des informations délivrées par une source du gouvernement d'union nationale (GNA), à Tripoli. L'avion qui effectuait un vol intérieur avait décollé de l'aéroport de Sebha, dans le sud de la Libye, à destination de Tripoli quand il a été victime d'un détournement vers Malte où il a atterri en fin de matinée. L'appareil transportait 118 personnes (82 hommes, 28 femmes et un bébé), en sus des sept membres de l'équipage. L'alerte avait été initialement donnée par le Premier ministre maltais, Joseph Muscat, sur son compte Twitter. Rapportées par Sky News Arabiya, des négociations ont été aussitôt engagées avec les deux auteurs du détournement «pour garantir la sécurité de tous les passagers», a précisé une source de la compagnie libyenne Al Afriquiyah qui n'a pas précisé les parties concernées mais a indiqué, cependant, que les deux pirates de l'air avaient menacé les pilotes avec un engin explosif, vraisemblablement une grenade, pour les contraindre à la destination voulue au lieu de celle de l'aéroport de Mitiga, à Tripoli, sous contrôle des milices de Misrata. Placée sous un boycott aérien de fait, pour des «raisons de sécurité», la Libye utilise depuis plusieurs années son espace aérien uniquement pour les vols domestiques et quelques dessertes internationales comme Tunis, Alger, Le Caire, Amman, Istanbul et Khartoum. L'Airbus A320 de la compagnie Afriqiyah Airways a été, aussitôt après son atterrissage à l'aéroport de La Valette, encadré par un important dispositif des forces de sécurité et fermé totalement au trafic. Selon les premières révélations des médias locaux, un homme armé a indiqué vouloir libérer les passagers dès que ses exigences auront été satisfaites. Mais celles-ci n'ont pas été immédiatement communiquées tandis que les premières tractations ont été engagées par le ministre libyen des Transports. En début d'après-midi, un nouveau tweet de Joseph Muscat révélait qu' «un premier groupe de 25 passagers, composé de femmes et d' enfants, avait été libéré». Très vite, un second groupe de 25 autres passagers sera également accueilli au bas de la passerelle, signe que les négociations s'avéraient moins cruciales qu'on le craignait de prime abord. En témoigne la reprise du trafic sur l'aéroport de La Valette, en début d'après-midi, où tous les vols attendus avaient été déviés vers d'autres sites d'atterrissage ou carrément annulés, dans la matinée. Au total, ce sont 109 passagers ainsi que les sept membres d'équipage qui ont été, en fait, très vite libérés, apaisant les craintes d'un drame de grande ampleur. A quinze heures précises, le site d'information El Bilad, citant des sources libyennes, a contredit la nouvelle de la libération de l'équipage tout en apportant les premiers éclairages sur les motivations des pirates de l'air. Ces derniers auraient réclamé la libération de Seif el Islam, un des fils de Maâmar El Gueddafi. Armés de grenades à main, ils ont menacé de faire exploser l'avion si leurs exigences ne sont pas accomplies. Concrètement, ils veulent surtout que «les détenus des prisons libyennes soient relâchés» et qu'«un couloir sécurisé pour la sortie des rebelles de la ville de Benghazi» soit assuré, alors que les troupes du maréchal Haftar imposent depuis des mois un encerclement total et que des combats acharnés les opposent aux éléments de Daesh Ces pirates de l'air, au nombre de deux à en croire les sources libyennes et Al Badil alors que les autorités maltaises parlent d'un seul, ont également indiqué appartenir au groupe Al Fatih al Djadid, totalement inconnu jusqu'alors. Selon les médias libyens, ils seraient des partisans du dirigeant disparu, Maâmar El Gueddafi. Cet événement est à rapporter aux faits qui caractérisent la crise libyenne, depuis quelques jours, en particulier la venue à Alger du maréchal Haftar, précédé par le président de la Chambre des représentants Salah Aguila, alors que le Premier ministre Fayez al Sarraj est attendu incessamment pour donner une accélération au processus du dialogue devant consacrer la solution politique farouchement défendue par l'Algérie et, avec elle, le Haut comité de l'Union africaine pour la Libye ainsi que le Groupe des pays voisins. Il semble que la perspective d'un réel progrès en faveur de la paix en Libye, basée clairement sur le respect de l'unité et de l'intégrité du peuple libyen, inquiète quelque peu certaines tribus, dont celle des Guedadfa, qui ne veulent pas être des laissés -pour- compte. Or, une paix véritable, fondée sur la dynamique de la réconciliation telle qu'elle est préconisée par l'Algérie, n'a aucune raison de laisser quiconque au bord du chemin.