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Eclairages d'expert
4E JOUR DU PROCÈS DE BACHIR FRIK
Publié dans L'Expression le 25 - 04 - 2005

Le procès s'est poursuivi par l'audition de l'expert qui a évolué au milieu des tirs nourris de la défense.
Nous avions suspendu le compte-rendu d'audience vers les quinze heures vingt minutes. Frik était en train de répondre avec panache aux questions du représentant du ministère public. Les témoins défilent à la barre.
Il faut dire que les témoignages n'étaient pas, aux yeux des avocats de Bachir Frik, si nécessaires aux débats. Et comme elle n'avait pas de demande unanime de tout le collectif (douze sur quinze avocats), la présidente qui est assez souvent pointilleuse, a préféré ne pas se passer de la petite poignée de témoins.
Là aussi, prise de bec entre la juge et le PG à propos d'un petit échange présidente-témoin.
Aller à l'essentiel
Il est 16h 50. Il reste encore deux témoins à écouter. L'avant-dernier est prié d'aller à l'essentiel, car reste le témoignage que l'expert, cet intellectuel que beaucoup d'avocats et Kahoul, le représentant du ministère public, attendent en piaffant.
Donc, le témoin répond avec précision, même s'il lui arrive de réfléchir quelques secondes avant d'ouvrir la bouche.
Me Benabdsadok pose une question après avoir fait observer l'obstruction du PG ; l'ex-bâtonnier d'Oran s'adresse au témoin qui n'est autre que l'ex-directeur de l'agence foncière, pas Laoufi, celui qui l'a précédé. Aux questions techniques, réponses techniques. Et il n'apprendra pas grand-chose aux membres du tribunal criminel qui tiennent bon sur le plan physique, car nous étions à la cinquantième heure des débats, depuis mercredi 11h.
«Est-ce que le départ (démission) de Laoufi a été une ère nouvelle où l'agence foncière a coulé?» Le témoin se tait.
Me Gouadni ne supporte pas la manière de gérer les débats du PG et lance sans sourire: «L'erreur du menuisier se confirme. C'est pourquoi, vous avez décidé de descendre à notre niveau. Vous êtes le bienvenu dans notre univers, mais vous resterez le représentant du ministère public.» Bachir Frik, depuis le box, est absent par l'esprit. Il réfléchit à toute sa vie. Neuf ans wali, DG, X... années, fils de chahid, abandonné par ceux à qui il a fait confiance à un moment de sa carrière, aux peaux de bananes qu'il a pu éviter, aux attentats manqués à Jijel et où il a vécu l'enfer et l'expression est de lui au moment où il a évoqué son passage chez les braves Jijeliens, ces mêmes Jijeliens qui lui avaient déconseillé de prendre un des leurs à la tête de l'Opgi. «C'est grâce à un ami qui m'a parlé de Makhloufi, cet enfant de Mila, cette belle localité du Nord-Ouest constantinois, en me disant : c'est un kamikaze», avait raconté en sanglotant Frik, qui a assuré qu'il revenait de loin.
La présidente remercie le dernier témoin, lève les yeux au ciel gris. Elle devine l'approche à grands pas du crépuscule. Elle décide la suspension des débats pour dimanche. Depuis quatre jours, elle a pris acte d'une avancée appréciable du procès. Elle a pris acte de mille incidents déjà - liberté des uns et des autres dans les interventions - et elle sait qu'elle n'y est pas étrangère, même lorsque l'intenable Me Brahimi s'était fâché contre l'intervention de Me Belhachemi, avocat de la wilaya, en ces termes: «C'est triste. Il ne m'est jamais arrivé de confondre ma robe avec celle du parquetier, lorsque je représentais une partie civile.»
Me Belhachemi hausse les épaules. Il ôte sa paire de lunettes au moment où Kahoul réplique à Me Brahimi qu'«en attendant, toutes les robes sont de couleur noire».
Benyoussef avait aussi répété en direction de Frik que sa signature avait mené droit à la dilapidation des fonds publics. Et l'accusé de répondre qu'il n'est pas responsable pénalement : «Ma responsabilité s'arrête à l'attribution», articule-t-il.
Dimanche, dix heures dix. Benyoussef entre solennellement avec toute la composante du tribunal criminel d'Alger.
Elle apelle d'emblée à la barre Hacène Hamidat, l'expert dont le passage va éclairer un tant soit peu. L'expert, avec ses 110 kg, va peser sur le procès, car toutes les questions qui ont été posées, ont amené des éclairages.
Auparavant, Me Gouadni introduit une réserve sur la notification aux avocats de l'expertise. Le PG veut fermer le jeu: «Il fallait soulever les points de droit avant l'ouverture des débats.»
Me Brahimi se dit en total accord avec Kahoul. Les hostilités sont ouvertes avec la lecture fastidieuse du rapport d'expertise, quoiqu'une précaution avait été prise par l'immense expert. Il lit au cas par cas...
Il débute par la page 31 : «Haï El Moudjahidine». La juge demande le nombre d'affaires examinées. «Dix-huit», répond le partenaire de la justice qui avait donné l'évaluation globale du préjudice : plus de 23 milliards de centimes.
Me Benabdsadok désire que le rapporteur précise la commune de l'agence foncière locale incriminée. On apprend ainsi que la parcelle d'une superficie de 1086 m² pour le montant de soixante millions de centimes avant sa revente pour deux cent dix millions de centimes, trois fois et demie!
Entre-temps, l'expert fait part à l'assistance dont les membres du tribunal criminel, que ce travail d'expertise a été réalisé sur des documents techniques de différents services. Puis il a attiré l'intérêt en présentant les critères qui ont conduit à la rédaction du rapport. Sur quelles bases ont été arrêtées les estimations finales (service des Domaines) ? Comment fixe-t-on le préjudice constaté ? Le souci premier de l'expert aura été la régularité de l'opération «investigation». C'est aussi grâce à l'exploitation des lois en vigueur et les comparaisons avec les fourchettes contestées que ce rapport a été finalisé. Puis, après s'être concertée avec Chemloul et Laydouni ses deux conseillers et les deux jurés, Ania Benyoussef dont la résistance est à louer, passe au crible le rapport.
Les avocats sont prêts aux joutes des Q.R. Me Fahim Hadj Habib est le premier à vouloir entrer dans le «mur du son» des débats. Contre toute attente, la présidente décide de suspendre l'audience pour dix minutes à l'arrière-salle.
La composition revient. La juge informe les avocats et les P.G. que le tribunal criminel n'abordera que les points retenus par la chambre d'accusation. Ce qui va alléger l'audience et les interventions.
L'expert est donc poussé a n'aborder que les chapitres où le «pénal»y a été mêlé. Retour sur le détournement de projet du terrain où avait été prévu l'aménagement d'une clinique par le duo d'acquéreurs. «Serradj et Boudi» procèdent au morcellement du fameux terrain. Exit la clinique ! Il s'agit de lots à bâtir. 12 ares 8 ca ont été attribués à la société Méditerranée où le père de Laoufi était actionnaire. Puis le partage à l'amiable a eu lieu entre les deux premiers acquéreurs du restant du terrain : 441 m² et 403 m² alors que la différence avait été cédée (1200 m²) à autrui.
Où est passée la clinique?
La président coupe l'expert pour jeter un pavé : «Où est donc passée la clinique?»
Le préjudice a été estimé à 513 millions de centimes. Benyoussef est curieuse de connaître l'emplacement du fameux terrain. L'expert originaire d'Alger dit ignorer. Me Douagni participe à enrichir la culture de la géographie de Benyoussef. «L'administration des P et T a été dédommagée par l'octroi d'un terrain de même superficie car les nombreuses constructions aménagées entre-temps empêchent toute compensation rubis sur l'ongle».
4.449.000.000 cts soit quarante-quatre millions quatre cent quatre-vingt-dix mille dinars est le préjudice subi lors de la transaction du terrain cédé à Boudina.
Pour Haï El Athmania, l'expertise a donné un préjudice aux dépens du Trésor public de deux cent cinquante millions de centimes.
L'engagement a été d'aménager un centre commercial sur cette excellente parcelle. Le centre devra attendre un miracle.
A Haï Essalem (quartier de la paix), ladite parcelle de terrain est restée en l'état, car se trouvant face au groupement de la G.N. et il est difficile aux engins de s'en approcher! Cent cinquante millions de centimes, telle est la somme de la parcelle cédée (762 m²) le prix de revente : six cents millions de centimes. Si l'on considère que le prix du m² a été estimé à 8000 DA, la dame aurait dû payer le m² à ce prix. Benyoussef s'étonne que l'on n'ait pas ôté les cent cinquante millions casqués par la dame Chilihi. C'est le montant que l'on arrête et on n'a pas jugé utile de faire l'opération de soustraction, répond l'expert.
Me Gouadni s'écrie: «Ce n'est pas à vous de juger». La présidente fait taire l'ancien bâtonnier d'Oran qui sourit en guise d'excuse d'avoir perturbé l'audience. Alors que l'expert est en train d'expliquer les méandres des techniques de l'expertise, les accusés s'ennuyaient dans leur box. Ils s'ennuyaient car depuis trente-neuf mois, on leur à tellement ressassé ces chiffres et ces lettres qu'ils n'ont plus qu'une seule envie : voir l'expert quitter la barre pour «les Sources» et suivre les plaidoiries et accessoirement le réquisitoire de Kahoul qui refuse de plier l'échine et ce ne sont pas les douze avocats en colère qui pourront y arriver.
La lecture du rapport s'étale en longueur. Il y a beaucoup de faits constatés qui n'intéressent pas le tribunal criminel car la chambre d'accusation en a décidé ainsi et la loi doit être respectée.
Le terrain agricole acheté par l'agence foncière est resté sans soin : abandonné, alors qu'un bénéficiaire dans les règles de l'art aurait pu y donner vie. Dommage. Ici, c'est de la mauvaise gestion qui n'est pas prévue ou plutôt - plus prévue - pour le code pénal. Défunt article ex-421. Quant à l'attribution illégale des logements sociaux, seuls neuf cas qui n'avaient pas à obtenir un autre logement.
Des noms sont avancés : par déontologie, nous n'en donnerons aucun car des familles sont concernées et pas question d'écorcher ces mêmes familles qui n'ont rien à voir avec une personne qui s'est montrée indélicate envers l'Etat via le wali qui a dû affecter ces logements de bonne foi, surtout que l'expert a été catégorique. Il n'y a aucun préjudice à signaler.
Pour une fois, les avocats de la défense montrent la couleur de leurs dents, Me Fadel en tête.
A un moment donné Benyoussef interrompt l'expert: «les chiffres avancés contiennent-ils le prix payé par les acquéreurs?» dit les yeux mi-clos la juge.
L'expert dit après une courte réflexion que cette opération n'a pas été réalisée.
Alors, nous suspendons l'audience et nous donnons trente minutes pour rectifier le tir, ordonne la présidente. La salle est en effervescence. Le tribunal criminel se retire. A la reprise, l'expert revient avec un préjudice moindre et Frik est loin de toute implication dans un gros préjudice. Puis l'expert est pris dans l'engrenage des Q.R. des avocats qui ont mordu avec force en vue de démontrer au tribunal criminel que les accusations et le préjudice ne sont même pas... voisins. A demain, car il est quinze heures vingt...


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