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Face à face
AMNISTIE GENERALE
Publié dans L'Expression le 15 - 05 - 2005

La question de l'amnistie générale est manifestement le sujet politique phare du deuxième quinquennat du président de la République. Et pour cause, l'initiative présidentielle interpelle, non seulement les politiques, mais également les défenseurs des droits de l'homme et le mouvement associatif. Après un face-à-face entre Ali Yahia Abdenour et Farouk Ksentini L'Expression vous livre aujourd'hui les avis contradictoires de deux figures féminines, connues pour leurs luttes, chacune dans son association.
Il va de soi qu'au vu du parcours de Fatima Yous et de Saïda Benhabilès, les visions de l'une et de l'autre quant à la question de l'amnistie générale, sont forcément différentes.
Dans ce deuxième Face-à-face, l'on aura deux points de vue divergents.
Mais c'est autant un enrichissement au débat de l'heure. Ecoutons-les.
Mme Saïda Benhabilès membre de la fédération internationale des victimes du terrorisme
«Il faut instaurer la culture de la paix»
L´Expression: Comment vous positionnez-vous par rapport au discours du président sur l´amnistie et selon lequel cette démarche est indispensable pour instaurer la paix et mettre fin à la violence?
Mme Saïda Benhabilès : Le projet de l´amnistie initié par le président de la République est une démarche sage. Je crois que nous ne sommes ni le premier ni le dernier pays à avoir opté pour cette initiative de paix. Laquelle démarche concerne, bien évidemment, chaque Algérien qui veut un avenir meilleur pour l´Algérie, qui veut mettre fin à la crise mais aussi le projet de chaque Algérien nationaliste qui se déclare contre la trahison de l´engagement de nos martyrs allant dans le sens de sauvegarder l´Algérie.
Et, à votre avis, quelles sont les conditions et/ou les mécanismes nécessaires devant garantir la mise en oeuvre effective du projet de l´amnistie?
Il faut qu´on sache tout d´abord que la crise algérienne ne s´est jamais montrée en termes politiques. En d´autres termes, je crois que l´amnistie ne peut se faire sans s´attaquer aux sources véritables de la crise, à savoir l´injustice sociale, la corruption et l´inégalité des chances. Aussi, l´amnistie, à mon avis, ne peut se faire dans les salles, mais elle doit être accompagnée par un travail de terrain et de proximité. Je veux dire par-là que des franges de société, gravement touchées par la crise et le terrorisme, réclament une oreille attentive et on doit les écouter. Je juge nécessaire aussi de vulgariser le concept et la culture de la paix et de la solidarité qui sont les bases sur lesquelles se construit la cohésion sociale. Donc, à travers la mise en marche de ce travail de proximité, les sources de la crise devront être clairement définies et la deuxième phase de l´opération consiste en l´éradication de ces causes pour garantir une réconciliation et une paix durable.
Des ONG sont venues et d´autres s´apprêtent à le faire, que pensez-vous de la réapparition de ces organisations au moment où le projet de l´amnistie est soumis à débat?
Moi, personnellement, j´ai été victime de ces ONG. Le 26 décembre 1990, nous étions 384 femmes et 14 enfants à bord d´un bateau de solidarité à destination de l´Irak. Nous sommes attaqués par les "marines" américains. Le résultat, 96 femmes ont été blessées. Nous avons interpellé ces ONG vainement. Aucune réaction n´a été faite de part et d´autre et on les a attaqués alors pour non-assistance à personne en danger. Nous étions aussi à Londres à maintes reprises pour les interpeller sur la violation des femmes en Algérie et les dépassements commis, mais aucune de ces ONG n´a levé le doigt pour dire basta. Aujourd´hui l´Algérie est en train de se construire et je crois que son avenir est entre les mains de son peuple. Je me demande pourquoi ces mêmes ONG ne décident pas de rentrer au Sahara occidental, en Palestine ou en Irak, là où les droits sont bafoués. Leur retour démontre bel et bien leur politique du deux poids, deux mesures allant dans le but de diviser le peuple. Sinon comment expliquer le fait de choisir leurs interlocuteurs. Je crois sincèrement que ces organisations sont là pour détruire la démarche de l´amnistie et de réconciliation.
Des partis politiques se sont impliqués dans le débat sur l´amnistie. Pour ce qui vous concerne, en tant qu´association, que pouvez-vous apporter à ce débat?
Nous espérons apporter une contribution réelle à travers le travail de proximité que nous faisons. Nous espérons de même être une force de proposition. Il faut que tout le monde sache que nous ne faisons pas de politique. Notre politique est de chercher comment instaurer la paix et comment reconstruire l´Algérie sur des bases solides. En tant qu´association, mais aussi et surtout en tant que femmes, nous oeuvrons pour un développement durable à travers l´amélioration des conditions de vie et la diffusion de la culture de la paix et de la solidarité.
Mme Fatma Yous, présidente de l´association SOS disparus
«Nous exigeons la vérité»
L´Expression : Le président de la République a fait une proposition pour la sortie de crise. Celle-ci s´articule autour de la mise en application du projet de l´amnistie générale. Etes-vous pour ce principe?
Mme Fatma Yous : On voudrait bien mettre fin à la violence et reprendre la vie normale, mais pas au détriment de toutes les mamans qui réclament depuis longtemps la vérité sur leurs enfants et/ou maris disparus pendant la décennie écoulée. Je crois que le président Bouteflika est appelé à expliquer clairement ses intentions, définir les contours de l´amnistie et la réconciliation, comment l´entamer et jusqu´où peut-il aller. En ce qui nous concerne, l´amnistie, en dépit de son contenu qui demeure flou, ne peut être appliquée sans que justice soit faite. En un mot, le projet de l´amnistie est donc conditionné par une solution indispensable et inévitable au dossier des disparus.
Cette solution est-elle, à votre avis, l´unique et l´indispensable prélude à la mise en application du projet de l´amnistie?
Si des personnes soutiennent et veulent une mise en oeuvre sans conditions. En ce qui nous concerne, nous disons non. Il faut plutôt appeler un chat par son nom. Si le président de la République et d´autres personnes pensent que l´amnistie pourrait être la seule et unique issue, nous disons de notre côté que cette solution ne peut se faire sans un règlement définitif et légal de la question des disparus. Que le président nous dise ce qu´il y a dans le rapport de la commission ad hoc.
Quel est votre avis par rapport au retour des Organisations non-gouvernementales en Algérie qui coïncide avec le projet de l´amnistie?
Nous avons applaudi ce retour, car nous avons besoin d'Amnesty International et des autres ONG. Il faut dire que ces mêmes organisations n´ont cessé, des années durant, de réclamer une autorisation pour rentrer en Algérie. Les portes ne leur ont pas été ouvertes et aujourd´hui, ces ONG sont là pour nous aider en l´absence d´une réelle volonté de prendre en charge le dossier des disparus. Nous avons rencontré Amnesty International et nous leur avons fait part de nos préoccupations et de nos doléances. Nous avons débattu amplement de la situation des droits de l'homme et surtout de la question qui nous concerne en premier lieu, les disparitions forcées. Nous sommes certains qu´il existe toujours des vivants parmi les disparus. Les ONG s´apprêtent à saisir les instances concernées pour chercher cette vérité à l´intérieur des prisons.
Comment évaluez-vous la tournure qu´a pris le débat sur l´amnistie générale et que pouvez-vous apporter à ce débat?
Tout d'abord, il faut que vous sachiez que nous sommes pour une paix durable, car le sang doit cesser de couler. Mais, cette paix que nous revendiquons ne doit pas se faire au détriment d´une frange qui n´arrête pas de réclamer vérité et justice.
Dans un autre langage, pour que cette paix soit durable, le dossier des disparus doit connaître son épilogue à travers une prise en charge effective. La question des disparus ne doit pas être noyée dans ce projet d´amnistie pour que les auteurs des enlèvements s'en sortent à bon compte. C'est à nous les familles que revient le droit de pardonner ou pas, mais d'abord nous voulons que justice soit faite. Que le président daigne d´abord dire la vérité aux familles des disparus. De toutes les façons, si l'amnistie veut qu'on oublie définitivement nos enfants enlevés, torturés avant d'être lâchement assassinés, nous sommes contre cette démarche. Je pense que cette même initiative ne peut venir à bout des plaies d'une décennie de massacres, d'assassinats, de disparitions et de terreur.


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